Alors celle-là, elle est bien bonne ! Elle tombe de l’auguste bouche moustachue de cet indécrottable interlocuteur des médias qu’est l’ex-journaliste, ex-EELV, Noël Mamère. Elle ? C’est l’explication officielle de l’un de ces anges de pureté que sont les écologistes, face à l’un des leurs, et pas n’importe lequel, le Baupin, qui, entre deux discours destinés à sauver le monde, tripote les seins de femmes et leur envoie des messages d’une cochonnerie torride.
Le prude, l’irréprochable Mamère s’offusque. Peut-il faire moins devant le tintouin soulevé par les mains baladeuses de son copain ? Invité à expliquer l’omerta qui a couvert le vieux sagouin depuis si longtemps – tout le monde savait, chez EELV, y compris Cosse, l’épouse, et Mamère, selon toute vraisemblance – le type dégaine, sur Europe 1, une explication à peloter debout : « Ce que je constate c’est que toutes ces femmes qui ont été agressées sexuellement n’ont rien dit pendant longtemps. Peut-être parce que nous étions dans un parti relativement petit avec une forme d’entre soi où il n’était pas question de le fragiliser. »
Alors celle-ci, elle est extraordinaire. 1 - Les femmes agressées sont coupables de n’avoir rien dit : c’est la double peine, la louche au baba par Baupin, la leçon de morale par Mamère. 2 – Dans un « petit » parti, il est permis de se livrer impunément à des gestes graveleux : ce n’est pas grave, c’est « l’entre-soi » du sieur Mamère. 3 – Dénoncer une saloperie qui risque de « fragiliser » le parti, ce n’est pas bien : mieux vaut laisser le cochon opérer et tant pis pour les dames et, accessoirement la morale de comportement.
Noël Mamère ! Un numéro, celui-là ! Vous vous souvenez de cette vidéo tournée par Daisy Derata, l’épouse de Karl Zéro. Mamère arrive pour une réunion dans Paris ; vêtu de l’uniforme écolo – blue-jean fripé et chemise col ouvert – il est filmé, descendant de l’arrière d’une grosse limousine et entrant dans l’immeuble, du pas traînard de celui qui fait attendre tout le monde. Dix minutes plus tard, interrogé par Daisy, il répond sans frémir : « Je suis venu de la République à bicyclette, et avec le vent, c’était pas simple... Je ne roule qu’à bicyclette. Je n’ai plus de voiture à Paris depuis vingt et un ans, et on me donnerait une voiture que je ne l’accepterais pas. » À la fin de l’interview, Mamère a précisé qu’il repartait en métro. Quand on ment, il faut de la mémoire : qu’a-t-il fait du vélo avec lequel il prétend être venu ?
On sait bien, depuis l’Antiquité et, plus près de nous, avec Machiavel, que le mensonge est l’instrument indispensable de l’art politique. Mais là, on est aux antipodes : on ne ment pas pour gouverner, on ment pour paraître, on ment pour peloter, on ment pour couvrir sa petite vie, ses petites ressources, ses petites bassesses, sa petite place au chaud sous les ors nationaux, on ment comme on respire parce que l’on ne sait rien faire d’autre. Les écolos étaient déjà bien ridicules avec leur petit costume rose-vert et leurs chamailleries incessantes de gosses mal élevés. Ils sont devenus odieux.