Cette fois, ça chauffe. L’Allemagne entend couper les fonds de l’Union européenne aux pays opposés aux quotas. L’Allemagne est comme ça : Mamie Nova, hier, avec les migrants, Tatie Danielle, aujourd’hui, avec les Européens récalcitrants.
Voulez-vous bien tendre vos doigts, Polonais, Slovaques, Tchèques, Hongrois et Roumains, que Frau Angela donne un coup de règle. Et la France est là, derrière, bras croisés, fronçant les sourcils et opinant du chef quand le mauvais élève fait la grimace sous les coups.
D’aucuns diront qu’à chaque fois qu’on laisse l’Allemagne reconstituer les pièces de son puzzle national, elle n’a de cesse de vouloir entraîner, avec son autorité impérieuse, toute l’Europe dans ses mauvais coups.
La vérité, surtout, est qu’à l’instar de ce qui se passe à l’échelon français, on assiste à une confrontation entre « l’Europe périphérique » et l’élite, entre les petits-bourgeois laborieux de l’Europe profonde, encore animés par ce que l’on pourrait appeler, en caricaturant, un bon sens paysan, et les grands bourgeois de « l’Europe qui compte », cosmopolites et condescendants, qui, de vous à moi, trouvent ces Slovaques, Hongrois et consorts bien ploucs et bien butés.
Pour les réformes sociétales, déjà, il fallait toujours les remorquer. IVG, mariage gay… pffft, pas moyen de rien en tirer. Chantal Delsol a décrit le phénomène dans son livre Populisme : les demeurés de l’Histoire. Ces pays-là sont les provinciaux de l’Europe, les rustres en sabot, avec un béret virtuel vissé sur la tête. Quand Juncker, Européen des Lumières, parlant des migrants, demande « audace et humanité », les bouseux répondent prudence et réalité.
Des sociologues éclairés analysent, dans 20 Minutes, ces « réticences », pour reprendre leur terme pudique, comme ils décriraient pour la revue GEO les peurs ancestrales d’une tribu pygmée qui n’aurait jamais croisé un étranger : « Ces populations sont restées dans un enfermement d’ordre idéologique et psychologique hérité de la période communiste », y lit-on. « Si, à l’Ouest, on peut voir l’immigration comme un atout ou une opportunité, les pays de l’Europe centrale craignent une menace - infondée (sic) - pour leur culture et la cohésion sociale du pays. »
Un « expert » évoque encore une « crispation identitaire, confessionnelle et économique ». Ce n’est pas beau, une crispation, on imagine une main tordue par l’arthrose. Mais il concède que « la volonté d’instaurer des quotas a été vécue comme une atteinte à leur souveraineté nationale ».
Un autre ajoute : « La Slovaquie, qui compte environ 4.000 musulmans, a également expliqué vouloir accueillir simplement des réfugiés chrétiens. L’idée qu’il y ait une population musulmane plus significative a quelque chose d’effrayant pour eux. » Cette fois, ce ne sont plus des crispations de vieillard mais des frayeurs enfantines.
L’Europe « avancée » reproche à cette Europe « arriérée » de ne pas être assez moderne et, partant - cf. Chesterton -, de ne pas avoir laissé, elle aussi, ses vertus chrétiennes devenir folles.
Quel mépris. Quelle morgue.
« Lorsque l’Allemagne ou la France disent quelque chose, nous ne devons pas nous prosterner et répéter la même chose », s’est indigné le Premier ministre slovaque, Robert Fico. Mais si, pourtant, il faudra bien faire des courbettes, et répéter en chœur en ouvrant vos portes : « Viva Frau Angela, viva notre bienfaitrice », car sinon on vous coupera les vivres. C’est la folie des grandeurs, et elle ne peut générer qu’une horrible aigreur.
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