« Est-ce qu’il va falloir nous battre sans l’Église ? Sans l’Église et sans les catholiques ? Sans l’Église et peut-être contre elle ? » écrivait hier Renaud Camus.

« Est-ce que les catholiques vont devoir se battre sans Renaud Camus ? Sans Renaud Camus et sans Michel Onfray ? Sans eux et peut-être contre eux ? » ai-je envie de répondre.

L’Église est décevante ? On pourrait dire que, d’une manière ou d’une autre, elle l’a toujours été. Elle semble « pire », parce qu’elle devrait être meilleure.

On s’ébaudit de l’angélisme de tel clerc, on s’indigne de la naïveté de tel autre, on vitupère, on désespère : mais ne voient-il pas que c’est de leur foi qu'il s’agit ? De la pérennité de leur civilisation ? De leurs ouailles qu’ils exposent imprudemment au même destin que les chrétiens d’Orient ? Saperlipopette, faudra-t-il donc qu’on les défende malgré eux ?

L’Église n’est pas parfaite ? Mais comme la France, elle a montré qu’elle avait de la ressource. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Or, s’il est une dernière institution qui défend la vie, c’est bien l’Église.

Il y a quelques jours, Michel Onfray, lors d’une conférence à Nice, dissuadait son auditoire d’avoir des enfants. Il s’était déjà exprimé plus d’une fois sur le sujet : « Il y a mieux à faire que de faire des enfants ! Soit on les dresse à être des philosophes et ils sont malheureux, soit on les dresse comme Jacques Séguéla et on n’est pas un père heureux. » C’est très amusant, mais incohérent.

Il y a quelques jours, Renaud Camus revendiquait dans ces colonnes - en même temps que celui de ne pas pratiquer - le « droit de ne pas » procréer, agacé par ceux qui lui reprochent de ne pas avoir eu d’enfant. On le comprend. Ses choix de vie ne regardent que lui. Mais comme disait, à table, ma grand-mère, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas qu’il faut en dégoûter les autres. Et Angela Markel l’a montré par sa politique familiale : il n’est pas besoin d’avoir eu soi-même des enfants pour en reconnaître l’utilité.

Renaud Camus compare souvent la France à une vieille fille élevant les enfants des autres. C’est bien vu. Mais faut-il souhaiter a contrario à notre pays le destin du vieux garçon qui reçoit de moult générations un magnifique patrimoine et qui ferme les persiennes, boucle les portes pour s’y reclure en solitaire ? Il a bien le droit, puisque c’est à lui, de circuler dans les somptueux salons silencieux, de caresser les meubles, d’entrer parfois dans une chapelle et de la laisser vide la plupart du temps, tel Louis II de Bavière avec ses multiples châteaux. Le droit de jouir de son héritage, sans le devoir d’être le maillon de la chaîne qui transmet. Sauf que sitôt qu’il sera décédé, ses jolis biens qu’il aimait tant, que ses ancêtres ont eu tant de peine à acquérir, seront dispersés à tout vent, puisqu’il n’a pas de descendant.

Ils ne veulent pas de migrants, mais pas non plus d’enfants. Alors quoi ? Après moi, le déluge ? Ils trouvent la France si belle qu’ils veulent l’emporter dans leur cercueil ? Ou en faire un Disneyland qu’un gardien ouvre le matin pour les touristes et verrouille le soir ?

Chacun son sens de l’esthétique. Je préfère une maison France dont les enfants dévalent bruyamment les escaliers, des églises avec des premières communiantes rougissantes et même des chorales bêlantes, qu’un musée France avec un gros cordon rouge pour le sens de la visite et des pictogrammes verts pour les WC.

Les catholiques sont peut-être des boulets, encombrés par leur charité, aveuglés par leur espérance, anesthésiés par leur foi, mais des boulets féconds.

Pour éviter d’être remplacé, il ne faut pas s’en aller. Un petit bambin vaut mieux qu’un long discours.

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25 juin 2015

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