Que la périphérie de Florence devienne une "banlieue parisienne", voilà ce que redoute son maire, Dario Nardella. Dans un long entretien radiophonique où il était interrogé directement par les auditeurs, inquiets de l'augmentation de l'immigration et furieux de la préférence accordée aux immigrés en matière de logements sociaux, l'élu de gauche s'est ainsi exprimé :

Nous avons enregistré des problèmes rue Toscanini, il y a trop d'immigrés, la loi régionale ne nous met pas en condition de rééquilibrer les proportions entre Italiens et étrangers. Cinq ans de résidence sont trop peu, il faut l'augmenter, autrement nous transformons nos complexes de logements sociaux en ghettos, et la ghettoïsation avec des immeubles de familles d'immigrés n'est pas la solution. Avec la législation actuelle, on finit par avoir un tiers d'Italiens et deux tiers d'immigrés, cela ne marche pas, je le dis en tant qu'homme politique de gauche.

Et de continuer :

Tu veux un logement social ? Il faut que tu sois résident en Italie depuis au moins 10 ans, mais il faut aussi augmenter les contrôles : famille rom, si je te donne un logement pour que tu l'habites avec tes enfants, tu dois les éduquer, les envoyer à l'école ; si tu ne le fais pas, tu ne respectes pas la loi et tu ne fais rien d'utile à la société et, donc, je te punis et t'enlève le logement social. Il n'est pas question de racisme, que je combats, mais de civilisation.

Dans une France rendue aphasique par le politiquement correct, entendre de tels propos décomplexés et gorgés de bon sens, de la part d'un membre des institutions, on en rêverait !

Mais l'impact que peut avoir ce plaidoyer ne doit pas cacher le fait que, s'il est probablement sincère - les élus locaux étant directement confrontés aux problèmes quotidiens de leurs électeurs, auxquels ils doivent leur poste -, il est pour le moins incohérent.

Tout d'abord, c'est de civisme et non de civilisation que ce proche de Matteo Renzi devrait plutôt parler. Car il faudra bien plus que de minces ajustements administratifs, ou même une éventuelle préférence nationale sur le plan social, pour sauver la civilisation, quelle qu’elle soit, s'il n'est pas mis un terme aux milliers de débarquements qui affluent toujours plus nombreux et encouragés... par sa propre famille politique. Toute la contradiction est là : il est vain de se plaindre de la dégradation et de l'ethnicisation des banlieues de sa commune si rien n'est fait pour endiguer ce qu'il est désormais licite d'appeler une invasion.

Ce discours, aussi légitime soit-il, se réduit à un froid légalisme, le même qui se contrefiche de toutes autres considérations, qu'elles soient anthropologiques, culturelles, sociales, etc. C'est le même qui souhaite la bienvenue à tous les immigrés qui respecteraient lois, us et coutumes : quand bien même deux, puis dix, puis trente, puis cent millions d'Africains ou d'Asiatiques s’intégreraient, qu'en serait-il de la civilisation européenne ?

Il est certain que, face à l'exaspération des classes moyennes et les défaites du "système" (Trump, groupe de Visegrád, Brexit, montée du Front national), la machine cosmopolite multipliera de telles déclarations pour dévier les foules des partis populistes anti-immigrationnistes.

Innocente, myopie ou calcul électoraliste, le résultat sera le même.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:33.

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8 mars 2017

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