Dans la série magouilles d’arsouilles, et après l’épisode Brottes, nous vous proposons le chapitre Hurel.

Petit rappel du décor : selon la loi, un député n’est remplacé par son suppléant que dans trois cas : s’il meurt, s’il devient membre du Conseil constitutionnel ou Défenseur des droits, ou si le gouvernement lui confie une mission de plus de six mois. Dans tous les autres cas, en cas de départ du député, il y a élection partielle.

En Seine-Maritime, la politique est affaire de famille. Il y a Sandrine Hurel, une quadra tombée dans la marmite socialiste dès ses couches-culottes. Fille du maire de Touques, sénatrice en 2004, députée en 2012. Pour cette dernière élection, elle fait équipe avec Marie Le Vern. Celle-ci n’est autre que la fille de son mari tout neuf, Alain Le Vern, ex-président socialiste de la région Haute-Normandie, qui a pantouflé à la SNCF.

Au début de l’année, Sandrine Hurel se voit confier une « mission de six mois » par la ministre Touraine. Elle reste donc députée. Et puis, la mission s’éternise, comme par hasard : six mois pour pondre un rapport sur la politique vaccinale, c’est vraiment trop court. Alors ? Vous avez deviné ! La mission est prolongée, comme pour le citoyen Brottes, comme tenté pour le citoyen Moscovici, et comme, vraisemblablement, pour d’autres puisque désormais, le filon, la martingale, l’astuce pour conserver le même nombre de députés socialistes sans retourner devant le peuple, c’est la « mission de six mois prolongée ».

C’est donc la belle-fille suppléante qui, désormais, siège au palais Bourbon. Et voili, et voilou.

Interrogée par Paris Normandie sur cette transition familiale aussi miraculeuse que savonneuse, la nouvelle promue gazouille : « C’est du domaine de l’intime ! » Ben voyons ! On avait remarqué.

Tout est légal, dans cet arrangement. Circulez, y a rien à voir, à dire, à médire.

Oui, mais on peut quand même trouver choquants ces arrangement de basse cuisine, cette obstination à fuir le verdict des urnes, ces contorsions pour éviter l’isoloir.

Toujours la même histoire : l’esprit et la lettre.

En l’occurrence, la lettre est celle de l’article LO176 du Code électoral, qui instaure les règles rappelées ci-dessus.

L’esprit, c’est l’utilisation tordue, politicarde, électoraliste d’une disposition législative réelle, mais très largement contestable. Pourquoi un ministre envoie-t-il un parlementaire en mission ? Il n’a pas assez de fonctionnaires dans son ministère pour faire le boulot ? Et puis, que devient la séparation des pouvoirs dans ce mic-mac ? Devant qui ce parlementaire missionné est-il responsable ? À qui est-il redevable de son « poste d’après » ? N’est-ce pas, Monsieur Brottes ?

On a longuement glosé sur la moralisation de la vie publique au début de la présidence Hollande, au point de confier une mission - Eh oui, déjà ! - à Lionel Jospin. Il en est sorti de pauvres mesurettes, dont celle d’étaler son patrimoine sur la place publique, comme si la moralisation se résumait à du voyeurisme légal. Supprimons donc les suppléants, et les lois qui vont avec. On évitera ainsi les coups tordus et les manœuvres malsaines.

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31 août 2015

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