Emmanuel Macron a eu le culot de défier le dogme socialiste, ce qui en fait irrémédiablement un hérésiarque. Comme l'abbé admoneste le jeune novice qui a enfreint la règle monastique, le résident de l'Élysée, en déplacement à Tulle, a recadré celui que d'aucuns voient comme un des seuls membres compétents de ce triste gouvernement.

Lors d'un think tank, devant une dizaine de journalistes et d'entrepreneurs, le ministre de l'Économie estime que le statut des fonctionnaires n'est "ni adéquat, ni justifiable". Ces propos, rapportés dans Challenges, déclenchent l'ire de l'aile gauche du parti, qui demande le départ du jeune ministre déjà critiqué après sa prise de position sur les 35 heures.

"Il y a des choses qui ne se disent pas", clamait sèchement Claude Bartolone sur RTL. Il faut dire qu'à trois mois des régionales, quand la gauche est au plus bas des sondages, de tels propos ne sont pas susceptibles de faire affluer les voix des fonctionnaires vers le PS. Cela dit, rappelons que les propos d'Emmanuel Macron ne reflétaient pas une volonté de réformer le statut des fonctionnaires, mais exprimaient seulement sa pensée. De quoi déchaîner les passions de ces nouveaux inquisiteurs pour qui toucher à la Doctrine est un crime de lèse-socialisme.

Rappelons, également, que des pays comme le Danemark et la Suède ont presque aboli les emplois à vie garantis aux fonctionnaires. Quant à la Suisse, elle a abrogé le statut même de fonctionnaire après un référendum en 2002. Chose impossible en France où ce statut, créé par Thorez en 1946, et amendé par le président Mitterrand en 1983, est devenu le mantra de la gauche avec les 35 heures. Paradoxal quand on connaît l'histoire de la gauche française dont les fondateurs antiétatiques conchiaient ces fonctionnaires "bourgeois" que l'actuel Parti "socialiste" encense de privilèges et de garanties qui feraient pâlir d'envie un agent de l'empire Ming, pourtant des plus bureaucratiques de l'histoire humaine.

La logique électorale clientéliste liant la gauche et les fonctionnaires prime aujourd'hui sur la volonté de redresser l'économie française, volonté incarnée par Emmanuel Macron, dont les paroles souvent sensées aiguisent les dents déjà acérées des mastodontes du parti.

63 vues

21 septembre 2015

Partager

Pas encore abonné à La Quotidienne de BV ?

Abonnez-vous gratuitement ! Vous recevrez chaque matin par email les articles d'actualité de Boulevard Voltaire.

Vous pourrez vous désabonner à tout moment. C'est parti !

Je m'inscris gratuitement

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.