Macron, sa vie son œuvre : cinq ans de Netflixion !

macron

Il est vraiment extra, notre Président : grand pro de la com', comédien hors pair, en un mot un « Netflixeur », champion de storytelling, comme on dit dans la start-up nation.

De loin en loin, durant son mandat, nous avons eu les petits moments d’autosatisfaction et les singeries sur TikTok. Entre concours de blagounettes et plongées dans l’intimité, Emmanuel Macron a tout essayé : YouTube, Snapchat, Konbini, Brut... Il s’adresse aux jeunes pour toucher leurs parents, dit son entourage. Quand on sait que ce sont les grand-parents qui votent Macron, c’est plutôt rigolo. D’aucuns diront que c’est justement parce qu’ils ne regardent ni YouTube ni Snapchat ni TikTok ; les jeunes, eux, ont d’une part fort peu regardé le cinéma présidentiel et encore moins voté pour lui !

Bref, après « Le Candidat », la série bien léchée diffusée tous les vendredis soir après le compte rendu sur la guerre en Ukraine, voici la nouvelle saison : « 5 ans à l’Élysée.»

Le Président disruptif inaugure ici un nouveau concept : le bilan de soi-même par soi-même après réélection. Jusqu’ici, l’exercice était plutôt fait par les adversaires, mais il était cette fois interdit pour cause de guerre et de pandémie larvée. En cela, rien n’a changé mais la critique est désormais possible : strictement objective et louangeuse, puisque c’est le Président qui brosse son propre bilan et se met en scène. On le comprend, ça évite la contradiction et les rappels désobligeants.

Episode 1 : 2017-2018. Ça commence fort : « 3, 2, 1… Top ! Bonjour, je suis dans mon bureau à l’Élysée et je voulais m’adresser à vous de manière directe… » Il est jeune, il est beau, « toujours dans cet esprit de libérer et de protéger, d’investir dans les femmes et les hommes de notre pays », dit-il. C’était en 2017. La musique enfle et nous emporte, façon symphonie Du Nouveau Monde.

On s’aperçoit que tout, durant ce premier mandat, a été filmé par ses équipes, enregistré, stocké dans les boîtes à images pour être scénarisé. L’objectif est de montrer un quinquennat de souffrances que le jeune père de la nation se sera efforcé d’apaiser. Pour commencer, l’ouragan Irma, sur l’île de Saint-Martin : « On est en train de souffrir et il y a que toi qui peux nous aider », dit l’autochtone. Le ton est donné.

Au fil des épreuves, le jeunot mûrit sous le regard attentif de Brigitte. L’épouse le couve d’un œil maternel, surveille encore l’élève dont on voit la copie : le texte des vœux écrit au stylo-plume, raturé, réécrit. Son Montblanc™ ne le quitte pas, ça fleure bon l’encre fraîche. Vive la République et vive la France ! Belles images de tradition et de culture.

On suit le Président qui court, saute les marches, se penche sur ses dossiers, prend le temps de recevoir le héros du jour, parcourt les champs de bataille dans une grande crise d’« itinérance mémorielle ». Et vante sans cesse sa politique.

Puis, à la 29e minute, surgissent les casseurs de l’Arc de Triomphe. S’ensuit une longue déambulation dans le monument saccagé. Le Président marche, les mains jointes dans le dos. On pense à Napoléon sur le champ de bataille.

« Je pense que les réseaux sociaux désinhibent les gens », dit un Macron qui va en user et abuser comme personne. La foule l’applaudit, réclame l’armée, crie « Ne lâchez rien ! » Un pompier parle d’« hystérisation irrationnelle, complètement déconnectée de toute revendication politique (sic) ». Un gradé de la police parle de « sauvagerie » : « Ils se sont blessés eux-mêmes. » On devine qu’on est passé bien près de la révolution. Pourquoi ? Comment ? Il faut croire que ça n’a aucune importance, parce qu’on n’en dit rien. Les mots « gilets jaunes » ne sont jamais prononcés, celui de « casseurs » non plus. À croire que c’est arrivé comme ça.

« Vous avez protégé nos institutions contre une violence qui n’a aucune raison, que rien ne justifie », a dit Macron aux forces de l’ordre. Le croyait-il vraiment ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

57 commentaires

  1. S’il continue à enfler de la sorte il a toutes les chances de subir le sort de cette petite grenouille dont ce cher Jean de La Fontaine nous a raconté l’aventure truculente. Ce géant de la littérature ne faisait que nous prédire l’avenir.

  2. Que ceux qui l’ont élu, assument le quinquennat catastrophique qui nous attend – les aveugles vont peut-être retrouver la vue.

  3. Viens voir les comédiens chantait Aznavour. C’est le fond sonore présidentiel, l’homme qui jouait au président série de Netflix dont le principal rôle est tenu par un ex adolescent sur le retour du temps où il faisait du théâtre de lycée. La salle de cinéma s’appelle France.

  4. Beau, intelligent , comédien hors pair ! Comprenez tout le contraire moche , bête et comédien médiocre , sa prof n’a pas réussi à élever son niveau
    Les hommes politiques n’ont aucune dignité , aucune grandeur d’âme ,continuellement des bassesses , de petits bonhommes !
    De Gaulle doit se retourner dans sa tombe

  5. Merci pour vôtre édifiant article et en tout cas de m’éviter d’apporter une vue supplémentaire à U Tube ! Je m’en serais voulu de visionner cet « impressionnant » foutage de gueule (d’après ce que votre article me fait accroire).

  6. Les 5 prochaines années le peuple français va souffrir mais ceux qui ont contribué à sa réélection aussi .Personne ne sera épargné et comme le dit « com » merci la presse d’avoir collaboré avec ce malade , vous portez une grande part de responsabilité , mais le fric , l’appât du gain a été le plus fort .Nous serons là pour le rappeler à vos enfants et petits enfants , pour leur dire comment vous avez collaboré à la destruction de ce pays .

    • c’est bien pour ça que je ne regarde plus les chaines d’infos , je suis dégoutée , mais comme je ne veux pas  » me mettre la rate au court bouillon  » lol !

  7. Mais comment les Français ont ils pu pu voter pour Macron ! A quand une serie du type  » plus belle la vie » où on y verait un macron qui préconise le multiculturalisme , l’accueil des chanes pour la france , le burkini pour tous . il est vrai que maintenant ce n’est plus LREM , mais Renaissance ,! Moi j’aurai plutôt vu Déliquessence !
    Pauvre France, mais les Français ont bien Veauté ! Comme dans un feilleton qui se respecte , A suivre ! Les Français vont ils se réveiller ?

    • Renaissance = Décadence. L’esclavage c’est la liberté…
      Macron vante les Lumières tandis que nous sombrons dans les ténèbres…

    • Les français ont-ils bien votés, pourquoi les résultats partent-ils aux US pour être totalisés ?

  8. ça ressemble de plus en plus à la Corée du Nord : le panégyrique perpétuel du leader bienveillant et omniscient

    • Préparons un petit sac (brosses à dents, pyjama…) pour les gardes à vue occasionnelles…

  9. « comédien hors pair »… bof… dans le style ampoulé, grandiloquent et pompeux, il est assez doué mais pour le reste, sa prof de théâtre a vraiment du boulot. On est loin de Louis Jouvet
    Reste à départager Kim Jong Un et Macron pour la plus ridicule hagiographie animée…

  10. Beaucoup ont fait l’erreur de le réélire. Depuis le deuxième tour on sait maintenant ,en voyant ce qui se passe dans les rues, que Zemmour avait raison sur toutes les lignes.
    On ne pourra jamais revenir en arrière même si pas mal de journalistes vont y laisser leur peau vu la responsabilité qu’ils ont pris en soutenant Macron et ils en va de même avec les politiques véreux et magouilleurs ( LR, LFI, EELV, LREM, PS, PC et MODEN)

    • Beaucoup et même une majorité. Ils sont très Peu à réaliser le tragique de la situation. Les Français n’imaginent pas ce qui les attend. Ils refusent de voir la réalité : la valise ou le cercueil. Zemmour parlant des électeurs de Macron a eu une phrase terrible rappelant l’apostrophe de la Comtesse du Barry. « Encore une minute Monsieur le bourreau ». Ils n’auront pas l’air c… les vendeurs de pouvoir d’achat !

      • Zemmour pourrait dire : « Nul n’est prophète en son pays ».
        Ce « eyes wide shut » des « élites » est terrifiant et mortifère !

  11. point de vue intéressant mais pour nous la réalité dépasse la fiction et de loin et la réalité virtuelle est devenue la réalité loin de sa virtualité à lui .

  12. Jamais un Président de la République française digne de ce nom n’aurait osé une œuvre de pareille propagande.

    • « Œuvre » semble un bien grand mot pour ce qui ressemble à un navet pétri d’un égo ubuesque…

    • Quand une personne se sent sans cesse dans l’obligation de se lancer des fleurs …? C’est plutôt pathétique de la part d’un adulte et prouve surtout que sa maturité affective n’est pas acquise .

  13. Le quinquennat démarre dans la continuité du précédent : par un foutage de gueule.

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