Macron réélu grâce à la guerre ? Son entourage craint un problème de légitimité et même « un bain de sang »

MACRON

Enfin. Enfin, il est officiellement candidat. Enfin, sa cote s'est déscotchée de son inaltérable 24-25 %. Pour faire un bond de 4 points à 28-29 %. Et, pour le coup, cela correspond à une réalité : le chef de l'État bénéficie de l'effet Ukraine, l'opinion éprouvant une forme de sidération, avec le retour de la guerre en Europe, et même du risque nucléaire. Une sidération du même type que celle qui avait valu à François Hollande, après les attentats de 2015, de connaître une envolée spectaculaire malgré son impopularité.

On imagine que cette situation représente pour la Macronie, même si elle ne l'avouera pas, « une divine surprise ». Au contraire, les éléments de langage distillés abondent dans l'humilité, la nécessité de faire campagne, d'avoir un vrai débat démocratique. Voir l'épisode 1 de la vidéo « Le Candidat » : deux fois le mot « humilité », une fois le mot « humble » en 4 mn 35... Et, comme dans la com' macronienne, on en fait toujours un peu trop, un article du Point s'est fait l'écho des inquiétudes du camp Macron en cas de « réélection fragile sur fond de crises » : « Macron et le spectre de la reconduction ». Un langage d'opposant complotiste.

Certes, le procès préventif en illégitimité a été lancé par Gérard Larcher, mercredi. Le président LR du sénat craint « un risque de légitimité au cours du mandat » s'il y a escamotage du débat démocratique. Mais les macronistes seraient nombreux à faire leur cette analyse. Et leurs mots sont clairs. L'un confie au Point : « Le 55-45 face à Le Pen me glace. Ce résultat obère toute capacité d'action. Il peut ressortir de cette élection un champ de ruines. » Surtout si l'on se souvient de la promesse du Louvre. Un autre : « Le Président va être réélu, mais le plus dur est devant nous. L'état de grâce sera de courte durée. Reconduit par défaut, il ne pourra rien faire, le contexte politique sera très dur. » Un pas de plus ? Pour un autre macroniste, « le chef de l'État peut se retrouver avec les gilets jaunes puissance dix ». Ou encore : « Une fois réélu, Macron ne sera plus rien. » Et puis cette phrase de Jacques Mézard, ancien ministre d'Édouard Philippe nommé par Emmanuel Macron au Conseil constitutionnel : « La Ve République peut finir dans un bain de sang. » Intéressante, surtout de la part d'un membre dudit Conseil. Un conseiller du Président va même plus loin dans l'imagerie révolutionnaire : « S'il ne veut pas finir avec la tête au bout d'une pique, il devra rassembler. »

Comme toujours avec la Macronie, leur communication un peu exacerbée est à prendre avec circonspection, et en même temps très au sérieux. Ils pensent qu'il leur suffit de prononcer les mots terribles de « bain de sang » et de « tête au bout d'une pique » pour en conjurer les réalités : fonction cathartique. Ils pensent aussi montrer leur lucidité et leur connaissance du pays profond. Et ajouter de la dramatisation au drame leur semble mobilisateur. Malheureusement, ils se trompent et nous trompent, et ils n'ont rien appris, comme Emmanuel Macron lui-même nous l'a systématiquement prouvé en cinq ans de mépris. Une fois de plus, Emmanuel Macron et son monde, en s'enivrant de ce verbiage révolutionnaire, jouent avec le feu et ne font qu'exacerber des passions dont ils pensent être les bénéficiaires. Mais cela n'a qu'un temps et constitue une grosse prise de risque. Et pas que pour eux, mais pour la nation.

Donc, pour résumer : oui, les choses peuvent très mal finir si nous reconduisons Emmanuel Macron ; et non, il ne sera pas plus soucieux d'unité nationale dans cinquante jours qu'il ne l'a été en cinq ans. Son « j'ai bien envie d'em...» qui, faut-il le rappeler, date d'il y a deux mois à peine, refera vite surface.

Mais surtout : s'ils redoutent tant son illégitimité, c'est qu'il y a peut-être de bonnes raisons qu'il ne soit pas réélu.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/03/2022 à 14:14.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

143 commentaires

  1. Les élections sont et seront truquées : le processus de comptage n’est pas transparent de bout en bout notamment au niveau de la consolidation des comptages entre les échelons communaux et nationaux.
    Les faux sondages servent à préparer les consciences pour mieux les faire accepter les futurs résultats truqués.
    On assiste ensuite à des actes de censures sur les sondages citoyens, pour cacher que leurs sondages sont non-représentatifs et pour influencer (par biais de conformisme)

  2. Ce n’est pas le tout de passer la ligne d’arrivée , il va falloir après assumer tous ce qui va se passer et si « le ruissellement  » cesse , j’air peur que la masse d’assistés que nous avons crée se reveille !! Et là notre « chef de guerre » va avoir des soucis !!

  3. Il est encore une fois assisté lourdement par les médias. Durant ces cinq ans, il n’a pas cessé de mentir de manipuler ; de faire reculer de tout et de partout notre pays. C’est bien une créature des commanditaires du mondialisme. Rassurez-vous, ce n’tait qu’une mise en bouche. Comment pouvons nous croire à son intervention pour l’Ukraine, Mr Poutine sait parfaitement qui il représente!

  4. Pourquoi se représenter si cela doit être si compliqué ?
    Les feux de la rampe sans doute. Il n’a jamais tenté le comique comme Zelenski mais en tragédien façon Sarah Bernhardt il est très mauvais.

  5. Nous avons déjà eu des signes de ce mécontentement (exaspération) qui monte lors de ce premier mandat de Macron. Ce mécontentement est grandissant, et c’est plus qu’une révolte ou une révolution, c’est une guerre civile qui se prépare ; et celle ci embrasera l’ensemble du monde occidentale.

  6. je pense malheureusement qu’il sera réélu, et pire, qu’il va dissoudre la chambre aussitôt pour bénéficier de la surprise et de l’effet d’entrainement
    il faut que les oppositions s’entendent sur au moins 80% des circonscriptions pour qu’il n’ait pas la chambre, sinon modif constit pour un troisième mandat, comme poutine, xi jinping, erdogan et consort…

  7. Effectivement, si par malheur macron venait à remporter cette élection il se retrouverait rapidement sans légitimité.
    Il ne faut pas sous-estimer la mémoire populaire.

  8. Dans mon propre entourage, je connais 5 personnes qui ont voté pour Macron en 2017, à ce jour, 3 expriment clairement qu’ils ne voteront pas Macron, 1 qui revotera Macron et le dernier est plus qu’hésitant. Ce qui nous fait, à ma petite échelle du réel, une perte de 3/4 de l’électorat de Macron.
    Rappelons-nous qu’Hollande n’avait jamais était en-dessous de 23% jusqu’à la veille de son refus de se représenter : il savait qu’il était plus proche des 10% qu’autre chose, Macron idem…

  9. il faut ne pas se fier aux sondages ils fait pour favoriser macron qui n’est qu’un vaux rien depuis 5 ans il enfonce la France avec toute sa bande d’incapable s’il est réélu je lui promets un quinquennat désastreux il a intérêts s’acheter d beaucoup de doliprane

  10. Empêchons ce « bain de sang » potentiel. Juste en faisant en sorte que E.M. ne soit pas réélu. Et remplaçons le plutôt par un « bing de sans » (Macron) inoffensif pour ses partisans et surtout salutaire pour la France !

  11. Suis-je la seule à avoir vu le témoignage de Erwan Castel, Français combattant au Donbass depuis 2015 ? Comment peut-on encore supporter le Poutine/Bashing de Macron ? Voir la vidéo de Michel COLLON – Investig Action.

  12. Encore cette histoire de « légitimité ». La vérité la voilà : Macron réélu à 51% fera absolument tout ce qu’il voudra, avec le Parlement, les media, les institutions et les syndicats à sa botte. Rien ne l’arrêtera.

    Les français avaient cinq ans pour descendre dans la rue, rendre le pays ingouvernable. A part 6 mois de GJ en 2018, rien. Ils ne feront rien de plus.

  13. De toute façon, il ne faut pas se leurrer : même si Macron est réélu, les élections législatives qui vont suivre ne lui donneront jamais la même majorité qui lui a permis de gouverner « royalement », mais il devra composer et laisser le parti majoritaire appliquer son propre programme (cohabitation ?).
    Malheureusement, si Madame Le Pen (ou M. Zemmour) est élue, elle risque de ne pas avoir la majorité nécessaire pour appliquer son programme. C’est pour cela que le référendum doit être instauré

  14. ne vous trompez pas ! s’il est reconduit ce sera pas par le peuple mais, comme déjà en 2017, par l’intervention de dominion !! RTL a fait un sondage qui donne 84 % des votes contre sa réélection ! soyez un peu intelligents, utiisez vos neurones et votre esprit critique…

    • Pas certain que vous soyez entendu et bien compris parce que les neurones, ça ne se remet pas en marche aussi facilement que ça, quand c’est oxydé, ça le reste….

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