Macron en Clemenceau… : ils osent tout !

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On avait déjà comparé Macron à Bonaparte... Voici qu'on le compare à Clemenceau ! Libération titrait, récemment : « Macron a mis un “Tigre” dans son discours », soulignant cette formule inspirée du Père la Victoire : « [Les personnels qui se trouvent en première ligne] ont des droits sur nous. » Les proches de la présidence continuent de propager cette surprenante comparaison. Un journaliste de CNews a rapporté cette petite phrase, entendue dans l'entourage élyséen : Macron face au coronavirus, « c'est Clemenceau dans les tranchées ». Un professionnel de santé, présent sur le plateau, n'en a pas cru ses oreilles !

Valeurs actuelles rappelle que, la semaine dernière, un député LREM, cité par Challenges, estimait que Macron « s'est imposé comme le père de la nation ». Il va même jusqu'à affirmer avec aplomb : « En tout état de cause, le match de 2022 face à Marine Le Pen est plié, Emmanuel Macron a déjà gagné. » Il estime que la sortie de crise sera un tournant majeur du quinquennat : l'acte III, sans doute ! Si tous les élus de la majorité pensent comme lui, ils ne donnent guère d'eux-mêmes ni de nos gouvernants une image digne. Pire : si cette campagne à la gloire du Président est orchestrée par l'Élysée, elle dénote une indécence et un cynisme hors pair.

Macron se prend pour un chef de guerre alors qu'il joue au petit soldat. Il n'a qu'une stratégie de communication. Hier, le chef de l'État paradait en visite dans un centre d'hébergement de SDF afin d'y rencontrer des travailleurs sociaux. Aujourd'hui, il se rend à Mulhouse, où a été installé un hôpital de campagne de l'armée pour soulager les hôpitaux de la région. On ne lui reproche pas de remercier les civils ou les militaires qui se consacrent effectivement à la lutte contre l'épidémie, mais de se mettre constamment en scène et de participer à l'élaboration de son propre mythe.

Sur le plateau de CNews, un professionnel de santé, commentant l'attitude de Macron, a fait cette remarque : « Il ne faut pas se croire invincible face au coronavirus d’une part, parce qu’on ne l’est pas », ajoutant qu'« il y a un exemple à donner ». Il déclare avec bon sens : « Ce n’est pas les tranchées, ce n’est pas 1914 et puis ce n’est pas Clemenceau, c’est un autre combat. » On ne peut qu'approuver cette lucidité. La situation est trop grave pour laisser place à toute tentative de récupération. Le rôle d'un chef de l'État responsable consisterait à dénoncer ces manœuvres d'encensement et à s'atteler humblement à la tâche.

Au lieu de cela, notre Président fanfaron laisse ses partisans fabriquer un personnage. Il prend part lui-même à la construction de sa légende. Il dissimule avec soin les manquements de ses amis politiques, sous le mandat de François Hollande, qui expliquent en grande partie la pénurie de matériel de protection. Il laisse entendre que du chaos viendra le renouveau et qu'il est l'homme providentiel. Il s'enivre de sa propre prétention. Mais quand le coronavirus aura été vaincu, après les milliers de morts qu'une politique préventive aurait peut-être permis de réduire, il risque bien d'apparaître, aux yeux d'une majorité de Français, non pas comme un Clemenceau dans les tranchées, mais comme un Matamore ridicule et impuissant. Le réveil risque d'être brutal !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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