Macron chante « Le Refuge » : Canto, une manipulation ratée de l’extrême gauche

Emmanuel Macron béret

Une fois n’est pas coutume. Il sera donc écrit que BV a soutenu Emmanuel Macron. Il fallait, pour cela, que surgisse « l’affaire Canto », montée de toutes pièces par une extrême gauche qui tourne décidément à vide. Le chant entonné par le Président dans les rues de Paris, peu après son intervention télévisée - saluée sans ménagements excessifs par BV -, excite une extrême gauche bas du front.

Pour Macron, concédons que le timing n’était peut-être pas le meilleur, mais faut-il jeter la pierre à un homme séduit par le chant du Refuge : « Je sais dans la montagne/Un refuge perdu/Qui se mire dans l’eau claire/Des lacs verts d’Orgélu/Ouvert aux quatre vents/Aux montagnards perdus. » Scandale ? Nul propos politique des chanteurs, pas de reproches au Président, pas de compliments non plus, un simple moment de camaraderie et de chants entre Français. Macron lui-même s’en est expliqué, pas si mal du reste.

Personne ne le dit, mais c’est sans doute cela, au fond, qui dérange une certaine gauche : cette France éternelle, celle des racines et des traditions, qu’ils travaillent à faire disparaître et qui a séduit Macron, le temps d’une chanson.

Champion du monde de la grosse manip', l’antifa brutal Raphaël Arnault trouve immédiatement un moyen de donner des leçons de démocratie : le Président s’est permis de « chanter avec des militants d’extrême droite qui ont fondé l’application Canto, appli sur laquelle on retrouve des chants nazis et de la propagande suprémaciste ». Rien que cela ! Les chanteurs du Président sont surtout des anonymes d’un chœur, le chœur Saint-Longin, dont seul le militant antifa, dans sa science, connaît le bulletin de vote. Ils n’ont pas fondé Canto, on ne retrouve pas sur cette application de chants nazis (il y en avait deux qui ont été retirés), encore moins de propagande suprémaciste. Mais pour ce grand démocrate, le Président Macron frôle le Ku Klux Klan, ou pas loin…

Le site Alerte Infos sur Twitter sonne aussi le tocsin : Canto ? « Fondée par des militants d’extrême droite qui diffusent notamment des chants militaires du IIIe Reich », écrit-il en citant sa source, Libération. Une référence on ne peut plus neutre. Dans son article, Libé a le culot de s’indigner de la subvention publique de 40.000 euros reçue par l’association Canto… L’occasion de rappeler que, pour l’année 2019, le ministère de la Culture a déposé aux pieds du comptable de Libération un modeste chèque de 5.906.298 euros précisément, soit près de 150 fois cette somme, généreusement offerte par le contribuable.

En cherchant bien, Libé a tout de même trouvé quelques billes, montées en mayonnaise. Canto, site collaboratif sur lequel chaque internaute pouvait apporter ses chants, a effectivement laissé passer deux chants allemands période hitlérienne et un chant de la Phalange espagnole, soumis par les internautes et arrivés sans contrôle dans la base. Une erreur évidente. À l’époque, Canto répertorie plus de 1.700 chants. « Ces trois chants posaient problème, reconnaît volontiers Rémi Creissels, le responsable de l’animation de Canto joint par BV. Nous avons pris quelqu’un, du coup, pour vérifier la teneur des chants que nous répertorions et la validité des droits d’auteur. On a tout de suite réagi et systématisé les contrôles. » Par ailleurs, Libération ne dit pas que Canto propose aussi « L’Internationale » ou le « Chant des partisans » mais s’alarme de la présence de « la complainte catholique intégriste "Claquez bannières de chrétienté" ». Là, on s'étrangle !

Plus sérieusement, deux des trois fondateurs ont milité à droite dans une autre vie, relève encore Libé. Un crime sans rémission, bien sûr, jamais reproché aux militants de gauche qui trustent des centaines d’associations. « C’est très étrange de se faire qualifier de militants de droite : nous promouvons des chants populaires, tout sauf élitistes, s'étonne Rémi Creissels, un théâtreux jamais affilié à aucun parti, dit-il, mais encore estomaqué par la violence de l’attaque. On ne fait pas de politique, c’est délirant. » Canto organise des soirées de chant, a monté douze antennes locales à coup d’apéros Canto. Objectif : la survie des chants traditionnels en France. Dans les bars bondés et ouverts à tous, on compte parfois plus de cent participants dans une ambiance bruyante et bon enfant. « Ce qui pose problème, c’est une vision large de l’héritage culturel populaire », affirme Creissels.

Canto étudie les suites juridiques à donner aux attaques des éternels inquisiteurs. Pour accompagner sa lettre d’assignation, le site devrait adresser un carnet de chant et des fleurs à Libération et à ses amis antifas, responsables de cette belle campagne de notoriété nationale. Selon Canto, le trafic du site a explosé de 1.000 % dans la journée du 18 avril et les téléchargements de chants ont explosé. Alors, qu'est-ce qu'on dit à Libé ?

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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