Une des grosses bêtises du président Chirac fut de suspendre le service national. Lui qui avait fait de la lutte contre la « fracture sociale » son cheval de bataille privait la France d’un outil d’intégration et de socialisation, comme disent les psy, unique par son efficacité. Il aurait pu être réaménagé, certes, mais ce n’était certainement pas opportun de le faire disparaître.

De ce fait, lorsque j’ai vu que le candidat Sarkozy était favorable au rétablissement du service national, j’ai trouvé que c'était une excellente idée. Puis, à y regarder de plus près, je me suis rendu compte que notre ex-Président était bien maladroit et que sa proposition, telle qu’il l’a formulée, était injuste et déshonorante. En effet, M. Sarkozy propose que : « À partir de l'âge de 18 ans, toute personne qui n'aura pas son bac, qui ne sera pas en apprentissage, ne sera pas en formation, ne sera pas en stage, ira faire un service militaire adapté où il pourra réapprendre les règles de vie en commun. » Autrement dit, le service national serait une sorte de punition pour ceux qui n’ont pas eu de chance ou qui s’écartent du système. À l’infortune viendrait s’ajouter la corvée. La double peine ! Même si le bac devient presque une formalité, un non-bachelier n’est pas pour autant un délinquant ! Ce service national, vu par M. Sarkozy, serait donc une obligation réservée aux laissés-pour-compte, une sorte d’asile pour paumés.

C’est exactement le contraire de ce qu’il serait nécessaire de proposer, c’est-à-dire un temps de la vie, dont la durée est à définir, que tout Français donnerait pour avoir l’honneur de servir sa nation, sous une forme militaire ou une autre. Ce service devrait être considéré comme une action prestigieuse et gratifiante pour le conscrit, et le placer dans un état d’esprit favorable. Un jeune qui a envie de servir la France, et ils sont légion - comme en témoignent les très nombreuses demandes faites pour incorporer la réserve, suite aux récents attentats -, devrait être traité avec considération. Or, la proposition du candidat Sarkozy est non seulement injuste mais aussi déshonorante pour la jeunesse et pour l’armée. Celle-ci n’est pas un refuge pour pendards !

M. Sarkozy n’a pas la réputation d’être un admirateur de nos armées, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là.

Le service national devrait être une fierté pour tout jeune Français, fils d’archevêque ou fils de prolo. C’est d’en être exempté qui devrait être suspect, comme jadis lorsqu’un jeune homme était refoulé après le conseil de révision. À l’heure du repli sur soi et du communautarisme grandissant, servir son pays devrait redevenir une chance de se sentir français.

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28 septembre 2016

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