Un entretien réalisé par Baudoin de Saxel

Alors, la perfide Albion, in ou out ? Ses velléités de sortie de l’UE ont fait grand tapage dans les chaumières. Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, en profite pour dresser un portrait au vitriol de la construction européenne.

David Cameron a menacé de claquer la porte de l’Union européenne. Coup de poker ou coup de com’ ?

Que la démarche soit électoraliste ou qu’il n’ait réellement jamais été touché par la grâce européenne, il a au moins le mérite de briser un tabou. Sa proposition relance la question de la capacité ou non de l’UE à se réformer. Telle qu’elle est construite depuis Maastricht, nous pouvons être certains qu’elle va droit dans le mur. L’urgence est donc d’en sortir pour repartir sur des bases saines. Aujourd’hui, le système n’est plus viable. Et que l’on ne nous fasse pas croire qu’il soit indispensable d’être fédérés pour sortir la tête de l’eau. L’Islande et la Norvège s’en sortent très bien sans l’Union européenne.

Il y a quelques jours, nous fêtions en grande pompe les cinquante ans du traité de l’Elysée. Qu’en reste-t-il ?

Ce délire commémoratif ne mène à rien. L’admiration béate des élites pour l’Union européenne est risible. L’UE d’aujourd’hui dénature la construction européenne entamée hier. Les intentions du Général de Gaulle et de Konrad Adenauer ont été perverties par les traités. Toutes les initiatives sont tombées dans le trou noir de la bureaucratie bruxelloise, la préférence communautaire a disparu et la monnaie unique a été érigée tel un totem, symbolique, qui s’est avéré dangereux et malsain. La sentence est sans appel : nous ne faisons pas le poids face à la mondialisation. Laissons les nations vivre avec leur modèle, leur identité, leur démocratie ! Cette supranationalité nous tue à petit feu.

Vous affirmez pourtant la nécessité d’une collaboration européenne. Quelle forme prendrait-elle ?

Chaque nation doit mener la politique qu’elle souhaite. À l’échelle européenne, il est nécessaire d’unir nos forces sur les projets qui nous permettraient de peser face à la mondialisation. On a bien réussi Airbus et Ariane, non ? Contrairement à ce qu’a martelé Laurent Fabius, nous avons besoin d’une Europe à la carte pour mener à bien des programmes scientifiques, industriels, culturels et environnementaux. Avec la Commission européenne qui sclérose les projets publics de demain, comment peut-on avancer ? Liez les mains d’un boxeur, envoyez-le sur le ring et regardez le résultat...

Comment expliquer l’euroscepticisme actuel ? On sait que la France contribue au budget de l’Union davantage qu’elle ne perçoit de fonds européens...

Les dégâts d’un euro trop cher sont bien supérieurs aux 6 milliards que l’on perd chaque année, et qui sont déjà de trop. Pour la France, l’Union européenne n’est rien d’autre qu’un carcan. Il est temps de respecter les nations et de s’appuyer sur les peuples pour réussir. Retrouvons notre liberté !

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27 janvier 2013

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