Deux excellentes contributions « voltairiennes » récentes, très documentées sur l'immigration invasive que connaîtrait Londres, m'avaient quelque peu échaudé, en arrivant il y a trois semaines dans la capitale de la perfide Albion. Le jubilé de la reine — 60 ans de règne — m'y avait attiré pour un vague documentaire pour une télé enracinée dont vous entendrez bientôt parler... Je redoutais le pire : ma « famille d'accueil » aurait-elle filé à l'anglaise, comme tous ces malheureux « Blancs qui fuient Londres », si l'on en croit le très haut fonctionnaire Étienne Lahyre ?

Certes, les « Indiens britanniques », les « Blacks » des îles Caraïbes et des anciennes colonies africaines semblent, visuellement du moins, largement majoritaires dans la plupart des quartiers londoniens, y compris au centre-ville. Mais leur nombre total se situe en réalité bien en deçà du million de Polonais, Français, Hongrois, Italiens, Espagnols, Tchèques ou Slovaques qui représente « l'immigration blanche » la plus massive que l'on ait jamais connue sur les rives de la Tamise.

Cette invasion européenne, après celle des Normands en 1066, est en pleine expansion, contribuant manifestement au rééquilibrage ethnique de la capitale londonienne. Il est vrai que le Royaume-Uni, c'est un peu le miroir aux alouettes pour nos compatriotes qui veulent « entreprendre et gagner de l'argent » vite et sans contrainte, comme le relevait fort justement Jérôme di Costanzo sur Boulevard Voltaire.

Une chambre de commerce française privée y favorise l'essor des intérêts du secteur du même nom en Grande-Bretagne, assurant à nos compatriotes une assistance efficace, loin des arcanes étriqués de nos organismes consulaires et de leur lourdeur administrative. Le tout agrémenté d'une qualité de vie — certes chère — mais mille fois plus agréable que sous nos latitudes hexagonales.

À Londres, dans les pubs, on vous sert volontiers la Guinness crémeuse avant qu'on n'en redemande et la vendeuse ou le vendeur n'hésitera pas à vous diriger chez le commerçant voisin si vous ne trouvez pas votre bonheur dans son échoppe. Dans la rue, Londoniens de souche ou « accourus d'ailleurs » — c'est le joli nom qu'on donne aux immigrés en Alsace — se mettront en quatre pour vous guider dans le dédale de vos pérégrinations londoniennes. Ils n'hésiteront pas à arrêter un taxi pour mieux vous renseigner auprès d'un chauffeur pas bougon pour un penny qui ne vous promènera pas dans la City avant de vous mener à la station de bus ou de métro qui vous mènera à bon port.

Au fil de votre séjour, vos préjugés s'effilocheront et vous rêverez d'émigrer à votre tour dans cette ville magique où, après le British Museum et ses richesses archéologiques visités sans bourse délier, tout comme la National Gallery et ses Michel-Ange, vous pourrez vous recueillir devant la fresque peinte par Jean Cocteau à l'église Notre Dame de France, en plein cœur de China Town. Le poète y avait retrouvé la foi dans le dialogue entre l'artiste et son œuvre dédiée à Marie : « Ô toi la plus belle des femmes, créature la plus belle de Dieu, tu as été la plus aimée. Je veux que tu sois aussi la plus réussie… Je te fais en traits légers… Tu es l’œuvre encore inachevée de la Grâce. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 30/06/2023 à 18:32.

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12 juin 2013

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