Le dispositif fait partie de la Loi Immigration présentée par les ministres Gérald Darmanin et Olivier Dussopt : créer une carte de séjour pour faire venir des travailleurs du domaine de la santé. Secteur en tension s’il en est. Fausse bonne idée ?

Selon l’article 7 du texte, cette carte est destinée aux professionnels de santé et à leurs familles « dès lors qu’ils sont recrutés par un établissement de santé public ou privé à but non lucratif ». Elle « permettra d’améliorer la lisibilité et l’attractivité du droit au séjour pour ces publics qualifiés, tout en tenant compte des enjeux de vérification de l’aptitude de professionnels étrangers à exercer dans le domaine hospitalier », justifie l’exécutif. Le texte prévoit ainsi de conditionner la délivrance du titre à une autorisation de l’agence régionale de santé. Sa durée de validité, d’un à quatre ans, dépendra de la validation par le praticien des « EVC », les épreuves de vérification des connaissances. « Dans les faits, on va continuer de priver des pays de leurs talents », soupire un médecin du nord de la France joint par téléphone, qui maintient : « Dans les faits, 70 % des urgentistes sont étrangers. Dans les faits, on forme 6.000 médecins par an et nous n’avons pas le vivier nécessaire pour faire davantage. »

La France, ce désert médical

1,7 million de nos compatriotes vivent dans un désert médical. Concernant les médecins spécialistes type pédiatres ou ORL, c’est encore pire. « Au total, ce sont 41 millions de personnes […] qui sont touchées par ce phénomène, soit près des deux tiers de la population française », expliquait le journaliste du service économie de France Télévisions Jean-Paul Chapel, sur France 2, le 8 novembre dernier. « C’est l’enfer », soupire Anne-Laure. Cette mère de famille de deux enfants vivant en Île-de-France ne s’en sort pas : « Trois mois pour trouver un rendez-vous avec un ORL, 12 heures d’attente aux urgences et impossibilité de trouver un généraliste en moins de trois jours pour un rendez-vous urgent. » En Île-de-France... Pourtant, lorsqu’on se renseigne sur sa ville de résidence, on constate que des dizaines de médecins y travaillent, la ville a même un petit hôpital. Pourquoi ce désert ? Ce cadre de santé nous chuchote : « En fait, on a la problématique de vieux médecins partant à la retraite, des médecins de l’ancienne génération qui recevaient entre 8 h et 20 h 6 jours sur 7. Ces médecins sont remplacés par des jeunes femmes, souvent mères, qui ne sont plus dans une logique quasi "sacerdotale" mais qui désirent aménager du temps pour une vie de famille. » Souhait louable et parfaitement compréhensif. Mais un souhait qui met à mal l’équilibre médical dans un pays qui voit sa population augmenter drastiquement. Les chiffres du Conseil national des médecins sont clairs : parmi les jeunes médecins généralistes, les moins de 40 ans, les femmes représentent 65 % (en 2020). Ce chiffre « pourrait monter à 80 % », d’après un cadre de santé officiant dans le Pas-de-Calais qui, quant à lui, plaide « pour un système de parité ». En clair, imposer davantage d’hommes peu susceptibles de partir en congé maternité ou parental.

L’immigration va-t-elle sauver la situation ?

En réalité, l’immigration a déjà un poids colossal dans les effectifs de santé en France. 19,6 % des médecins inscrits à l'Ordre sont nés dans un pays européen ou extra-européen, soit 54.168 médecins sur 215.531 recensés au tableau de l'Ordre en 2014. Environ 80 % exercent une activité régulière. 44,2 % de ces 54.168 médecins sont de nationalité française. Les deux pays les plus fournisseurs en médecins sont l’Algérie et le Maroc. Dans les faits, ce dispositif mis en place par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt ne va faire qu’encourager un dispositif qui existe déjà.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/12/2022 à 8:18.

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21 décembre 2022 à 17:45

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51 commentaires

  1. « on forme 6.000 médecins par an et nous n’avons pas le vivier nécessaire pour faire davantage » prétend ce médecin nordiste. Mais combien d’étudiants ayant de bonne notes sont recalés en fin de première année à cause du numerus clausus prétendument supprimé mais remplacé par des « objectifs nationaux pluriannuels » qui limitent le nombre de places en seconde année ?

    1. Le niveau des reçus en deuxième année est déjà médiocre compte tenu des besoins de la profession. Si on le rabaisse en réduisant la sélection, on poursuit dans la dévalorisation de la profession médicale ( comme pour les enseignants….). Et comme les autres professions dévalorisées, il faut faire appel à une main d œuvre étrangère. Si cette main d œuvre est mal choisie, elle contribue à dévaloriser la profession.
      Je crains que ce ne soit pas les meilleurs médecins étrangers qui arrivent en France, mais plutôt ceux qui sont financièrement les moins intéressés.
      Les français veulent une médecine low coast. Ils l auront.

  2. Mon médecin ne travaille que 4 jours par semaine.
    Et reçois 4 à 5 patients à l’heure.
    Et travaille dans un cabinet médical avec 4 collègues médecins
    Son agenda est toujours plein, les urgences sont souvent en fin de journée
    Et se plaint d’une  » paperasserie  » même sous forme numérique.
    Et il est à moins de 10 ans de la retraite.
    Et je me pose la question s’il suit une formation continue ? Justifiant son jour d’absence !

  3. Le pourcentage de médecins étrangers travaillant en France est en réalité de 25,13% : vous pouvez vérifier…

  4. Ce gouvernement ne sait plus quoi inventer pour nous faire crever plus rapidement ..non à l’arrivée de ces médecins …l’élite gardera les meilleurs bien sûr ..je crois qu’ils deviennent fous …et un peu plus encore .

  5. Il suffit de regarder les noms sur les listes de médecins dans les établissements de soins publics et privés.

  6. Il ni qu’a rentrer dans les halls des hôpitaux ou des cliniques pour se rendre compte du nombre d’étrangers qui s’allongent sur la liste .A croire que les Français n’ont plus le niveau, le savoir et l’intelligence pour devenir praticiens dans les disciplines médicales.
    C’est aussi le même problème dans tous ce qui est justice .

    1. Il y a tant de facteurs qui se recoupent : médecine assurée de plus en plus par des femmes, numerus clausus trop restrictif depuis des lustres, et une éducation nationale qui pratique le nivellement intellectuel par le bas : moins de médecins, des enseignants qui ont de moins en moins le niveau pour dispenser un enseignement digne de ce nom, le niveau des élèves de plus en plus faible. Bref, une population qui a de moins en moins de bagage intellectuel, ce qui, bien sûr, a des répercussions sur la société en général. Et, bien sûr, le désir de vivre sa propre vie, et de ne pas faire un sacerdoce de sa vie professionnelle, ce qui se justifie. Il n’y a pas que ça dans la vie. Ce qui nous gouvernent n’ont jamais pris la mesure de toutes les évolutions societales. Manque de prévisions. Manque de planification. Immigration anarchique. Population de souche non prise en compte.

  7. On paye aujourd’hui la politique menée depuis des décennies . Le numérus clausus , nous a plongé dans cette situation, la faute à qui ? Maintenant , ce gouvernement veut instaurer des visas longue durée à des médecins venus d’Afrique ou des ex pays de l’Est . Une idée qui peut paraitre séduisante , mais qui prive ces pays de praticiens dont ils bien besoin. De Jeunes Français vont dans des pays de l’est pour faire leurs études. Les diplômes sont reconnus par l’UE, les études sont bien moins couteuses. La solution est de former plus de médecins et de revoir le coût des études, celà prendra quelques années. Encore une fois , une situation due au manque d’anticipation de nos pseudos  » zélites » .
    Véran est médecin , il pourrait remettre la blouse , mais qui voudrait d’un tel médecin ??

    1. Il serait sûrement plus utile s’il exerçait dans le domaine pour lequel il a été formé. Personne ne saurait quel piètre ministre il aurait pu être. Encore du gaspillage !

  8. … du système de Santé français … « Ca » fait très longtemps qu’il y a des étrangers médecins dans les hôpitaux ! … Ca ne va pas régler le problème de l’immigration et encore moins le problème du manque de médecins ni de spécialistes …
    La macronie est en train de détruire tout qui constitue la société française … Pourquoi l’Australie et bien d’autres « grands pays » ne font pas comme la France ? Même les USA ! … Ce sont ces « déconstruits » qui veulent faaire de l’ingérence à travers la planète alors qu’ils ont des « réserves » pour les autochtones historiques ( les amérindiens ) …
    Alors Stop ou encore ? ! …

  9. Donc si je comprends bien il sera plus difficile à un médecin marocain de rester en France qu’a un clandestin délinquant. Cette bande de fous nous conduit au désastre

  10. On se demande comment ces médecins étrangers vont pouvoir soigner les malades de leur pays .Ce ne serait pas chez nous par hasard ?

  11. Priver l’Afrique de ses forces vives et des quelques élites qu’elle produit (médecins, scientifiques, juristes, ingénieurs etc), c’est carrément dégueulasse …

    1. L’Afrique manque peut être moins de forces vives que la France.
      Si les médecins africains réussissent en France, c est une incitation pour les jeunes africains a faire leurs études…

  12. Quand on veut etre medecin, c est pour soigner.
    Soigner, c est une responsabilité et un engagement. Pour les femmes medecins qui veulent privilegier la vie de famille il y a des emplois par ex medecine du travail, securite sociale, assurances, conseils etc ou elles peuvent travailler de 8 a 5 heures. Qu elles laissent le travail de medecins generalistes a des personnes qui veulent veritablement s engager. Les personnes qui veulent s engager ne manquent pas.

    1. Au contraire, les personnes qui veulent s’engager manquent ! La solide offerte est ridicule par rapport à bien d autres professions C’est bien pour cela qu’il faut recruter des mercenaires étrangers. Les français ne veulent pas payer les soins à leur juste valeur. Ils ont tiré sur la corde, et elle casse.

    2. Oh si. Et, c’est bien naturel. Il y a juste à adapter les professions de santé à ce que l’on souhaite aussi mener une vie familiale, une vie sociale en dehors de sa profession, mais, là, c’est en amont qu’il aurait fallu y penser, en donnant des bases solides à la jeunesse afin qu’ elle s’élève, et non pas qu’ elle devienne un ramassis de dealers et voyous. L’éducation nationale est la première responsable de l’état actuel de notre société et, on accentue le problème avec l’immigration incontrolee.

    3. « Quand on veut etre medecin, c est pour soigner ». C’est le but, mais la réalité est différente : vous vous retrouvez pris au piège du carcan de la Sécu, auquel vous ne pouvez échapper si vous voulez survivre. Cette privation de liberté s’accompagne d’uns foule d’obligations avec au premier rang la perte de la moitié de son temps professionnel à remplir les papiers, numériques ou non. Le temps des soins est donc réduit à la portion congrue.

  13. Quand on sait comment les diplomes s´achétent en Afrique … je ne confierais jamais ma santé a un « médecin » sénégalais, ivoirien.ou autre.

  14. C’est privé ces pays de médecins et encourager le tourisme social , et ces médecins comme beaucoup qui font leurs études chez nous ne repartirons pas .Maintenant une question si une femme ne veut pas étre soigné par un de ces médecin homme ça se passera comment . Eh oui nous pouvons aussi avoir nos exigences et entendons qu’elles soient respectées .

    1. “Si une femme ne veut pas être soignée par un de ces médecin homme ça se passera comment ?”
      Eh bien c’est simple, elle attendra 3 mois au lieu de 3 semaines…

    2. Si on ne veut pas étre soigner par un homme, il faut peut-être penser à se faire soigner.
      Ça tombe bien la profession se féminise. Le problème ça sera plutôt si on ne veut pas se faire soigner par une femme.

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