
Durant cet été, Boulevard Voltaire veut mettre à l’honneur des livres qui, nous semble-t-il, sont remarquables pour le constat qu’ils dressent ou les questions qu’ils posent. Des livres dont nous vous avons déjà parlé, pour la plupart.
Nous vous proposerons donc, chaque semaine, du lundi au vendredi, cinq extraits d’un de ces ouvrages. Et pour poursuivre ce voyage dans les meilleurs des essais de ces derniers mois, des morceaux choisis du livre de Bernard Lugan Les guerres d'Afrique : Des origines à nos jours (Éditions du Rocher)
Le Mali a connu cinq guerres touareg dont l’intensité fut variable. Seules les quatre premières sont étudiées ici. [dans ce livre]
La première guerre touareg (1963-1964) éclata le 14 mai 1963 dans l’Adrar des Iforas, au Mali quand, dans des circonstances obscures, des policiers locaux se firent voler leurs chameaux et leurs armes.
Le régime marxiste du président Modibo Keïta profita de l’occasion pour tenter d’éradiquer les velléités autonomistes latentes des Touaregs et il réagit à ce vol avec une extrême fermeté. La région comprise entre Kidal et la frontière algérienne fut déclarée zone interdite et, comme ils furent alors agressés, les Iforas se soulevèrent.
Composée de Noirs sudistes, l’armée malienne massacra les civils, détruisit les campements, viola les femmes et procéda à des exécutions sommaires. Un exode en direction des camps de réfugiés algériens se produisit. L’Algérie accueillit les fugitifs tout en leur refusant le statut de réfugiés qui aurait pu susciter l’intervention du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies. En même temps, le président Ben Bella autorisa les forces maliennes à intervenir en Algérie, ce qu’elles firent en menant une opération à 200 km de leur frontière, pour aller massacrer des réfugiés au puits d’In Ouzzal.
Dans le nord du Mali, Bamako appliqua la politique de la terre brûlée : arbres coupés, puits empoisonnés, cheptel abattu, campements incendiés et région vidée de ses habitants. L’économie de cette partie de l’Azawad anéantie et le mode vie nomade détruit, la révolte prit fin dès 1964, mais le souvenir de ces moments dramatiques nourrit le ressentiment des Touaregs.
Durant plusieurs années, littéralement sidérés par la répression des années 1963-1964, les Touaregs ne firent quasiment plus parler d’eux. Cependant, parmi la jeune génération, celle qui avait vu les pères abattus, les mères et les sœurs violées sous leurs yeux, nombreux furent ceux qui décidèrent de se venger et qui partirent donc se former militairement, qui au Liban, qui en Libye.
En 1987, plusieurs mouvements furent fondés dont le Mouvement de libération de l’Azawad (MLA), le Mouvement de libération du Mali (MLM) et le Front populaire de libération de l’Azawad (FPLA). Leur représentativité était problématique et tous paraissaient être influencés par Iyad Ag Ghali, un Ifora.
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