
L'histoire du cinéma regorge d'anecdotes façonnées en légendes. Derrière le papier glacé, quelques liaisons immortelles ont enfanté de chefs d’œuvres, certaines infidélités à de discrets mariages, et les ruptures souvent engendré de joyeuses dépressions.
Futilité élégante, désinvolture polie, ironie massacreuse... Il fallait bien un Eric Neuhoff pour nous inviter à galoper en noir et blanc. Le néo hussard féru de 7e art nous propose un badinage mi-côtelé mi-taquin du côté des mythiques romances du cinéma. On serait tenté de l'attendre au tournant. Pourtant rien de pipé, on croit connaître, on redécouvre. Ces galeries de rencontres cinéastes-actrices suintent le souffre et pourtant on en redemande. Il faut dire que les temps ont changé. On parle d'un temps où cinéma rime avec esprit, innovation avec génie.
« Les films sont faits pour modeler les femmes fatales. » De Welles à Fellini, de Godard à Cassavetes, Rosselini ou Woody Allen... Les plus grands n'ont pas manqué de s'y engouffrer. Ils ne se seraient jamais contentés d'être des Pygmalion. Aucune prophétie auto-réalisatrice : pour inventer, il leur fallait se mettre en danger. Une solide différence d'âge, une inclinaison au tragique et la volonté de ne pas s'appesantir animent ces idylles. Et surtout, ce qu'il faut de paillettes, d'irrévérences, de galipettes et de paradis artificiels pour que toutes les conditions du scandale soient bien toutes réunies.
On aimerait remonter le temps, et en esprit bienveillant leur susurrer que c'est plié, que de pareilles épopées se devinent par avance condamnées. Qui irait leur jeter la pierre ? Difficile d'imaginer ne pas céder face aux déesses de volupté que furent Rita Hayworth, Anna Karina, Marlène Dietrich, Jean Seberg, Ingrid Bergman et autres BB... En amour, il n'y a pas que des gourmands et des désespérés, il arrive aussi que les deux caractères se réunissent. Cela forme généralement des destinées fracassantes. De celles que seule l’électricité des plateaux paraissent savoir construire.
Ces couples mythiques se rencontrent généralement alors qu'ils sont déjà mariés. Cela pose rarement problème. Un subtil cocktail d'antidépresseurs, de perfidie, et d'infidélités plus tard aboutissent normalement en amitié amoureuse ou en romance intermittente. La frontière est ténue. Ce prolongement d'élégances offrira de quoi étonner. Pourtant c'est assez légitime. Tout le monde sort vainqueur et grandi de pareilles rencontres. En premier lieu le spectateur qui, aspirant au naturel, sent transparaître le vécu. Les réalisateurs et leurs muses héritent quand à eux du plus beau des enfants de la création : l'immortalité. Chacun son époque. Pas certain que les Brandgelina et autres CotillardCanet puissent se targuer d'entrer dans le jeu des comparaisons.