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Aux heures, plutôt sombres, qui sont actuellement les nôtres où – sans parler d’une épidémie irrationnellement gonflée à l’hélium de la peur – un racisme leucophobe se manifeste sans complexe, à visage découvert, alimenté, tant par le comburant des délirantes théories déconstructivistes importées des Etats-Unis, que par une inexplicable et irrésistible envie masochiste et suicidaire d’en finir avec la civilisation albo-européenne, le livre de Jean-Paul Gourévitch arrive à point nommé.

Chercheur rigoureux, spécialiste des migrations et de l’Afrique, continent qu’il a abondamment arpenté, pendant un quart de siècle, comme consultant international, Jean-Paul Gourévitch a commis, ces dernières années, des études et essais dont on peut dire qu’ils constituent aujourd’hui une solide introduction à la question. L’on citera, par exemple, outre ses contributions régulières à Contribuables associés, Les Migrations pour les Nuls (2014), ouvrage aussi didactique qu’encyclopédique ayant eu à subir les assauts en escadrilles d’une camarilla journalistique qui s’était simplement contentée de recopier une dépêche plus que tendancieuse de l’AFP, le taxant, à l’occasion, d’« auteur marqué très à droite (…) fréquemment cité et invité par l'extrême-droite ». Cela n’empêche pas notre homme de continuer à labourer son champ par d’autres travaux, notamment sur l’islam en France (L’islamo-business vivier du terrorisme en 2016 précédé, en 2011, de La croisade islamiste. Pour en finir avec les idées reçues), le phénomène migratoire (Les véritables enjeux des migrations en 2017) ou la réalité de la submersion migratoire en France et en Europe (Le Grand remplacement, réalité ou intox ? paru en 2019).

Avec son dernier opus, Gourévitch revient, en forme de testament, sur cette Afrique qui n’a cessé de le hanter, cherchant inlassablement à démêler l’inextricable écheveau des vérités, mensonges, préjugés, manipulations et autres procès en sorcellerie qui, de ce halo infernal, entourent malheureusement les études africanistes depuis les premiers temps de la décolonisation. A cet égard, il est important de souligner qu’avec Bernard Lugan, Gourévitch compte parmi les seuls représentants d’une école africaniste qui récuse catégoriquement – au prix, bien souvent, d’une notoriété noircie au feu de l’anathème et de l’opprobre – le postulat méthodologique consistant à réviser l’histoire du continent noir au prisme systématique et unilatéral de la culpabilisation européo-occidentale dont la principale finalité, tant idéologique que politique, est d’exonérer les Africains de toute responsabilité quant à leurs échecs structurels.

Sans verser, pour autant, dans l’excès inverse d’un plaidoyer hagiographique de l’œuvre européenne en Afrique, l’auteur s’efforce de tenir un subtil équilibre entre une afrolâtrie béate et une européophobie déshonorante, ayant bien compris que « l’image manichéenne qui est donnée de l’Afrique d’aujourd’hui rejaillit naturellement sur l’histoire de son passé. »

Ce livre, réédition substantiellement refondue de la première publiée au Pré aux Clercs, en 2004 puis à l’Acropole en 2008 (éditions auxquelles répondaient La France Africaine et Les Africains de France parues successivement chez les mêmes éditeurs en 2000 et 2009), doit être célébré comme une salutaire remise en ordre des opinions courantes sur la question qui ont fâcheusement tendance à tenir lieu de faits. Aussi, à propos du mythe de la résistance négro-africaine contre les Blancs colonisateurs, Gourévitch est-il inspiré de suggérer une « contre-histoire de la colonisation française en Afrique » qui aurait justement le mérite de restituer à chacune des parties en présence, sa part inaltérable de vérité.

On regrettera, cependant, le traitement elliptique – ou par éclipse, ce qui n’est guère mieux – de l’esclavage intra-africain, ébauché par pointillisme, lors même que cette question constitue pourtant l’impensé majeur de l’inepte propagande racialo-indigénistes, dont « la finalité est de paver la route de la repentance afin de faire des Européens des étrangers sur leur propre sol » (Bernard Lugan, Esclavage, l’histoire à l’endroit, 2020).

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20 décembre 2020 à 15:35

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