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L’historien Claude Quétel, qui fut directeur de recherches au CNRS, a publié récemment chez Perrin un ouvrage très incorrect consacré à la Révolution française de 1789/1799 ; il est intitulé Crois ou meurs : tout un programme !

Dans cet ouvrage, Claude Quétel a voulu, entre autres choses, mettre en évidence le fait que la Terreur n’est pas apparue en 1793 à la faveur des graves difficultés intérieures et extérieures auxquelles était confronté le gouvernement révolutionnaire, mais dès le 14 juillet 1789, comme l’écrira le député Malouët : « Pour tout homme impartial, la terreur date du 14 juillet. ». Dès le 14 juillet, deux têtes sont coupées, celle du gouverneur de la Bastille et celle de Jacques de Flesselles ; le 22 juillet, l’intendant Bertier de Sauvigny et son beau-père Foulon de Doué sont pendus en place de Grève puis décapités, et leurs têtes sont ensuite mises sur des piques. À l’Assemblée, en réponse à Lally-Tollendal qui fustige ce massacre, le député Barnave s’écrie : « On veut nous attendrir, Messieurs, en faveur du sang qui a été versé hier à Paris. Ce sang était-il donc si pur ? » Cette obsession de l’impureté du sang des ennemis politiques est une constante du discours révolutionnaire qui est présente jusque dans notre hymne national ! Les horreurs de ce type se multiplièrent jusqu’aux crimes de masse commis en 1793/1794 avec la bénédiction et même à la demande expresse du Comité de salut public. Claude Quétel conclut : « Tenter d’exonérer la Révolution de la Terreur, c’est chercher à ôter le bât qui blesse. Bien rares sont les historiens qui s’inscrivent résolument en faux contre une telle entreprise, tel Patrice Gueniffey qui réplique qu’au contraire, la Terreur n’est pas un accident de la Révolution mais qu’elle lui est consubstantielle ; et ce, dès 1789. » Jacques Mallet du Pan écrivit, dans Le Mercure de France du 17 octobre 1789 : « C’est le fer ou la corde à la main, que l’opinion dicte aujourd’hui ses arrêts. Crois ou meurs !, voilà l’anathème que prononcent des esprits ardents ; ils le prononcent au nom de la liberté. »

Il ne fait aucun doute que certaines des idées propagées au cours du XVIIIe siècle, celles de Rousseau en particulier, sont à l’origine de l’extrémisme révolutionnaire. Taine a souligné ce que l’idée rousseauiste selon laquelle il faut forcer les gens à être libre (Du contrat social) avait de potentiellement tyrannique, mais au-delà de cela, l’idée de « volonté générale » est foncièrement totalitaire. Cette prétendue « volonté générale » qui n’est qu’une vue de l’esprit, une idée farfelue qui ne désigne pas la volonté de la majorité comme on l’entend souvent, mais ce qui reste quand tous les intérêts individuels ont été mis de côté ! Ce reste était supposé être commun à tous les citoyens « non dégénérés » mais, en fait, il était défini par les meneurs révolutionnaires, qui y mettaient ce qu’ils voulaient. Cette idée mène tout droit à l’exclusion de tous ceux qui s’opposent à la « régénération » et qui refusent de se soumettre à ladite « volonté générale » ; de tels individus ne pouvaient qu’être inhumains et les révolutionnaires en firent des « monstres » dont il fallait se débarrasser par les moyens les plus expéditifs - ce qu’ils firent.

L’idée de « volonté générale » est, avec l’individualisme d’origine libérale qui sous-tend l’idéologie révolutionnaire, une des principales caractéristiques du « républicanisme » français (les guillemets s’imposent parce que ce « républicanisme », auquel les gauches s’identifient comme le souligne l’auteur, est très différent du républicanisme canal historique), lequel balance, de ce fait, entre totalitarisme unanimiste et libéralisme libertaire.

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11 août 2019 à 9:31

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