Nous avons tous entendu le nouveau clip des Enfoirés. Nous avons aussi entendu les différentes polémiques qui se sont greffées autour. J’ai bien peur que la période actuelle n’attache d’importance qu’au futile et que les polémiques stériles soient devenues le fondement de notre société.
En regardant et en écoutant, que constate-t-on ? Un groupe de vieux (ou moins vieux) chanteurs, face à un groupe de jeunes chanteurs. Une espèce de joute où les uns (jeunes) constatent « qu’avant c’était mieux », un vrai discours de vieux. Les autres (les vieux) répondant en forme d’excuse « ce que l’on a, nous l’avons gagné pas volé ». Cette joute se terminant par le conseil des vieux « sages » : vous avez toute la vie, si vous voulez quelques chose. Il faut vous bouger.
Rien dans tout cela de très polémique. Comme le chante Maxime le Forestier, nous sommes tous les jeunes cons ou des vieux cons ! On pourrait considérer que l’éducation a déjà donné aux jeunes ce conseil qui s’apparente à « aide-toi, le ciel t’aidera ». Du côté des plus anciens, le discours est aussi un peu vieillissant, du style « nous, avant, on était courageux ». Juste le même conflit de génération que nous avons tous connu dès que l’on dépasse 50 ans.
Pourquoi, alors, en faire une telle catastrophe médiatique, au point que ce clip a été retiré des chaînes de télévision ? Je ne parle pas ici de son niveau artistique : certains l’aiment, d’autres pas, chacun son goût. Je ne relève qu’une chose : les réseaux sociaux y sont pour beaucoup. Les jeunes ont été vexés, les vieux aussi, sans que l’on comprenne véritablement la profondeur du sujet. Jean-Jacques Goldman n’avait certainement pas mauvaise intention dans sa chanson. Il voulait seulement dire qu’aujourd’hui comme hier, il faut se bouger pour faire avancer les choses. Il avait, dit-il, été choqué de la difficulté à recruter des bénévoles pour les restaurants du cœur, l’âge étant de plus en plus avancé chez ces bénévoles. Juste une constatation, facile à faire dans tous les autres domaines. L’individualisme prend le pas sur le dévouement aux autres. Les jeunes ne sont pas responsables. Ils sont le fruit de ce que les générations précédentes ont fait.
Alors, faire tant de bruit autour de ce clip, je trouve cela indécent. Certains en sont même arrivés à y trouver des connotations politiques : les vieux seraient des socialos décadents, les jeunes des innocents incapables de raisonnement. Indécent, car la France va mal et que les sujets ne manquent pas pour « se bouger ». Jeunes comme vieux, c’est au système qu’il faut s’en prendre et pas à ceux qui essayent, avec leurs moyens, d’en dénoncer les dérives. Rappelez-vous le proverbe « Quand on lui montre la lune, il regarde le doigt ». Nous sommes exactement dans ce cas de figure.
Brassens l’avait bien compris, quand les jeunes blanc becs… Quand les vieux fourneaux… Quand on est con, on est con. Aujourd’hui, effectivement, c’est tous ensemble, jeunes comme vieux, que nous devons faire avancer la France. Pas de distinction d’âge ni d’appartenance, tous ensemble pour redresser le pays. Souvenez-vous : de Gaulle n’a pas demandé l’âge de ceux qui l’ont rejoint en Angleterre ; les marins de l’île de Sein, les premiers à avoir pris les bateaux pour Newlin, avaient entre 15 et 55 ans.
Juste une précision : ceux qui ont lancé cette polémique ne sont pas forcément ceux qui veulent sauver la France : cherchez, vous trouverez.
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