La vidéo date de fin janvier et, curieusement, jusqu’alors, était passée relativement inaperçue. Dommage, car très intéressante. Un reportage tourné par l’AFP dans un camp en Syrie où sont détenues des citoyennes françaises (on va dire comme ça, puisque c’est la loi qui le dit) ayant appartenu à l’État islamique.

Une vidéo qui revient en haut de la pile après le tweet de Valérie Maupas, ancien maire adjoint du 14e arrondissement de Paris et membre fondateur du Printemps républicain, et celui de Gilles-William Goldnadel. Comme, ce lundi 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes, on va dire que c’est le moment ou jamais pour regarder ce bout de film. Pas long, d’ailleurs : 2'44", soit seulement 9 secondes de plus que les 2'35" de bonheur chantées jadis par Sylvie Vartan et le regretté Carlos.

On y voit des femmes arborant le niqab intégral s’exprimant dans un français qui fleure bon la banlieue, non pas damascène mais de chez nous. Elles évoquent leur souhait de rentrer au pays (en France), souhait que l’on peut aisément comprendre. « On pensait vivre un islam normal », dit l’une d’elles. C’est quoi, un islam normal, pour cette dame ? « Porter notre niqab librement. » Et au final ? « Mais je me suis rendu compte que c’était plus difficile ici que quand j’étais en France. » Elle n’explique pas pourquoi c’est plus difficile là-bas qu’en France, mais on a bien une petite idée quand même. Certes, le niqab, en principe, est interdit, par chez nous, mais il y a tout de même quelques contreparties non négligeables : le confort moderne à tous les étages, la télé et tout ça. Enfin, on imagine que c’est ce que cette dame veut dire.

Mais là où on atteint des sommets, c’est lorsqu'une autre femme déclare : « Excusez-moi, il y a des gens qui ont voulu aller vivre une aventure, chais pas, en Inde, ils sont revenus, non ? Après leur aventure, elle était bien, elle était pas bien, ils sont revenus. » Vu comme ça, effectivement... L’Inde, mais il y le Népal, aussi, lorsque les hippies partaient pour Katmandou, dans les années 1960-1970. Finalement, c’est toujours la soif d’un absolu, la recherche d’un paradis, plus ou moins terrestre, plus ou moins artificiel. Ça se plaide. D’ailleurs, des avocats ont dû déjà y songer.

Et sinon, comment c’était, en Syrie ? « On a vu des trucs bien, des trucs pas bien. » Les trucs pas bien, là aussi, on a bien une petite idée. Pour les trucs bien, faudrait nous dire : ça se fait, dans le cadre des échanges des bonnes pratiques, comme on dit dans les séminaires d’entreprise. Mais maintenant, c’est pas le tout, on n'est pas d'ici et elles voudraient rentrer : « On a fait une aventure, c’était pas top, on veut revenir, c’est tout. » C’est vrai, ça arrive qu’on soit déçu par un voyage à l’étranger. Le buffet, l’eau de la piscine, le sourire des serveuses : la réalité ne correspond pas toujours au catalogue et le « pas satisfait, pas remboursé » ne marche pas à tous les coups.

Au fond, c’est tant mieux que cette vidéo n’ait pas tourné plus que ça. Car derrière ces Belphégor, il y a malheureusement et souvent des enfants dont la question du rapatriement est des plus délicates pour nos gouvernants. Ces gamins n’ont rien demandé et vivent des situations inhumaines. Or, ces femmes, par leurs propos presque désinvoltes, ne transpirent pas spécialement le remords, si ce n’est le regret, finalement, que c’était pas top. Il y avait sans doute mieux à faire si on voulait apitoyer les Français.

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07 mars 2021 à 22:45

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