"Si les Ricains n’étaient pas là…" chantait, un tantinet provocateur (pour l’époque), Michel Sardou, au plus fort de la vague anti-américaine lors de la guerre du Vietnam. "Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie…" Certes, sans l’engagement des troupes américaines, Leclerc n’aurait libéré ni Paris, ni Strasbourg ; l’Armée rouge aurait sans doute pris ses quartiers sur les bords du Rhin et l’Europe basculé dans le camp soviétique
Certes… Mais nos glorieux Ricains et leurs "chewin-gum, chocolats, cigarettes" n’ont pas laissé que de bons souvenirs. La fraternisation avec les libérateurs de l’Oncle Sam ne fut pas que patriotique, elle fut aussi "horizontale", non consentie. Si l’on en croit l'historien américain Robert J. Lilly, il y aurait eu 3.500 viols commis par des soldats américains en France entre juin 1944 et la fin de la guerre. Une "bagatelle", si l'on ose dire, au regard du "palmarès" éloquent des cohortes en rut de l’Armée rouge violant à tour de bras, sur la route de Berlin, près de 2 millions d’Allemandes, Hongroises, Polonaises. Et les Français, dans ce pitoyable inventaire à la Strauss-Kahn ? À Stuttgart, lors de la prise de la ville, et dans la zone d’occupation française, des milliers d’Allemandes seront à leur tour la proie des troupes françaises.
Au lendemain de la guerre, on jettera un voile pudique sur ces hauts faits d’armes qui faisaient un peu tache dans la célébration unanimiste de la Libération. Comme on passe encore aujourd’hui sous silence, dans les commémorations officielles, celui plus incompréhensible des pertes inutiles infligées aux populations civiles par les bombardiers alliés entre 1940 et 1945. Avec comme conséquences des villes détruites, sous un tapis de bombes, comme Le Havre, Caen, Brest ou Royan pour n’en citer que quelques unes, des dizaines de milliers de victimes dont 8.000 civils dans le Calvados, 4.000 dans la Manche et 2.000 dans l'Orne.
Plus à l’Est, Strasbourg n’échappa pas à l’imbécile pilonnage américain : les bombardements US de septembre 1944 firent plus d’un millier de victimes, détruisant 20 % de l’agglomération alsacienne, endommageant gravement le centre historique, les bombes tombant à quelques mètres de la flèche de la cathédrale. Alors que l'espoir d'une capitulation de l’Allemagne se renforçait, ces bombardements incessants suscitèrent un grand désarroi dans la population. Les Strasbourgeois ne comprenaient pas très bien que l’on confonde leur ville avec une ville allemande, en un mot qu’on les prenne pour des boches.
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