Sibeth Ndiaye, c’est une « warrior », a dit le ministre de l’Intérieur, qui ne tarit pas d’éloges à son sujet. Une femme qui compte et ne s’en laisse pas conter. Indémontable. Inébranlable. Une femme qui porte haut le verbe du gouvernement, sans peur, sans filet aussi.

Christophe Castaner l’a dit au magazine Elle : « Sibeth est une warrior. Vous lui mettez une claque, elle redresse la tête. »

Je sais ce qui vous étonne, parce que, moi aussi : en ces temps de guerre, le ministre de l’Intérieur a donc du temps à perdre avec une revue pour dames !

Elle est très critiquée, cette pauvre Sibeth. Tenez, jusqu’à notre ami Georges Michel qui déplore, dans ces pages, son bel optimisme. C’est qu’elle ne trouve rien à redire aux émeutes de banlieue, la mignonne : « Nous considérons qu’à ce stade, ces agissements demeurent de faible intensité. Ils sont localisés, limités et, donc, aujourd’hui, il n’y a pas lieu d’avoir des inquiétudes. » C’est la version moderne de « Tout va très bien, Madame la Marquise, On ne déplore qu’un tout petit rien, Un incident… Une bêtise… », pas la peine de s’inquiéter.

Ancienne de la campagne de DSK, devenue secrétaire nationale au PS par la grâce de Martine Aubry, en voilà encore une entrée en politique par la porte de l’UNEF, cette pépinière d’hommes et femmes à tout faire. Les années Hollande lui ont ouvert les allées du pouvoir et c’est, sans conteste, son jovial profil atypique qui lui a valu sa place de porte-parole du gouvernement. Née sénégalaise de parents eux-mêmes très impliqués en politique, Sibeth Ndiaye, qui a conservé sa double nationalité, n’a été naturalisée française qu’en 2016, et si son mari s’appelle Patrice, leurs trois enfants répondent aux prénoms de Youmali et Ingissolyn pour les jumelles, et Djimane, leur petit frère. Voilà, plus encore que la coiffure à la Jackson Five, ce qu’on appelle un « marqueur social ».

Elle parle beaucoup, Sibeth Ndiaye. Normal, c’est son job. Elle le fait et le fait bien, non qu’elle réponde aux questions qu’on lui pose ; c’est plutôt qu’elle est parfaitement rompue à cet art très politique qu’est la langue de bois.

Ainsi, mercredi dernier, dans ce show hebdomadaire que sont les questions de la presse au gouvernement, lorsqu’un journaliste lui a demandé « Est-ce que les ministres français, à l'instar de leurs homologues autrichiens, bulgares ou marocains, vont verser un mois de salaire symbolique ? », ah ça, elle a répondu. Mais à côté !

A énuméré toutes les promesses mirifiques qui s’empilent de jour en jour, tous ces milliards déposés sur nos paillassons comme les cadeaux de Noël devant la cheminée : « Vous le savez, depuis le début de la crise, nous avons été extrêmement attentifs à ce que les personnes les plus vulnérables, en France, puissent bénéficier d'un dispositif d'aides spécifiques », et d’égrener les places offertes aux SDF, le prolongement de la trêve hivernale jusqu’au 31 mai, les chèques-service pour la banque alimentaire… « Nous avons également fait le choix d’accorder une aide exceptionnelle de solidarité aux familles les plus fragiles. Ce sont quatre millions de ménages et près d'un milliard d’euros qui vont être redistribués à ces familles, dans le courant du mois de mai, avec, au fond, cette certitude que le confinement fragilise d’autant plus ceux qui sont déjà fragiles et creuse les inégalités », a dit la porteuse de bonnes paroles.

Et donc, pour vos salaires mirobolants ? Allô, y a quelqu’un ? Biiiip. La ligne est coupée.

Trois petits tours et puis s’en va, Sibeth est déjà repartie. Rendez-vous mercredi prochain, même endroit, même heure.

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23 avril 2020 à 13:12

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