Donc, en 2035, comme nous l’expliquait hier Marie Delarue, il ne sera plus possible de vendre des voitures neuves essence, diesel et hybrides. On en déduit, en toute logique, qu’il ne sera pas possible, non plus, d’en acheter. Quoique, des fois… On imagine qu’entre-temps, on aura résolu le problème du rechargement des batteries : infrastructures, temps de recharge, etc. Bref, quelques petits détails qui n’ont sans doute pas échappé à Karima Delli, la présidente de la commission du transport et du tourisme du Parlement européen.

On imagine, aussi, que notre industrie automobile européenne, et plus particulièrement française, sera au rendez-vous de l’Histoire. En tout cas, il semblerait qu’à l’autre bout du monde, on y soit. En effet, le site MotorsActu, spécialisé dans l’actualité automobile, nous apprend que le fabriquant chinois BYD va lancer un nouveau modèle de citadine, 100 % électrique, la Seagull, qui sera bientôt proposée au marché européen. Premier prix : 8.200 euros. Cette petite bagnole ne mesure que 3,78 mètres de long, son moteur électrique compte 75 chevaux et son autonomie est d’environ 250 kilomètres. Ce qu’il faut pour les trajets dans les villes de grande solitude. Passons, rapidement, sur la batterie lithium-fer-phosphate, on vous a dit que c’est une voiture tout électrique, ce qui est l’essentiel. 8.200 euros, autant dire 8.000 euros, autant dire que c’est donné par les temps qui courent.

Ce 16 février, L’Argus nous apprend que le marché des voitures électriques se porte « bien, très bien même » en France : 202.934 exemplaires vendus en 2022, soit une hausse de 25 % par rapport à 2021. L’Argus ajoute cependant que « cet engouement reste artificiellement entretenu par le bonus écologique et autres aides à l’achat »… Précisons que le montant de cette aide de l’État (c’est nous, c’est vous), au 1er janvier 2023, est fixée à 27 % du coût d’acquisition, toutes taxes comprises. Un bonus plafonné à 5.000 euros pour les particuliers, auquel peut s’ajouter une prime à la conversion : une aide accordée, sous conditions de revenus, lors de l'achat d'un véhicule peu polluant en échange de la mise à la casse d'un ancien véhicule diesel ou essence.

Donc - vous ferez le calcul vous-même, car je n’ai pas le temps -, on devrait pouvoir s’acheter finalement cette Seagull pour pas grand-chose. Ce qui fait dire à Nicolas Meilhan, ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie : « Et voici la voiture qui pourrait envoyer au tapis une bonne partie de l'industrie automobile européenne alors que la Commission européenne vient de lui dérouler le tapis rouge : la Chinoise pas cher. » À quoi servent les chars d’assaut quand on peut envahir un pays (que dis-je, un continent) avec des corps d’armée de bagnoles pas chères ! Des bagnoles qui arriveront dans tout plein de containers transportés sur d’immenses bateaux qui, comme chacun sait, se meuvent à la voile. Et en plus, avec l’aide de l’État français (donc de nous, de vous), nous allons pouvoir subventionner l’industrie automobile chinoise. Mais, heureusement, c’est pour la bonne cause, la planète et tout ça.

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17 février 2023 à 0:30

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