"L’enfer est pavé de bonnes intentions" : cela est particulièrement vrai en politique. Ainsi, le candidat François Mitterrand dénonçait, en 1980, avec virulence, les inégalités et injustices sociales sous la présidence de son concurrent, Giscard d’Estaing, et promettait qu’avec un président socialiste, tout cela changerait. Après un septennat et demi de Mitterrand, le CREDOC nous apprenait que les inégalités sociales, particulièrement entre les plus riches et les plus pauvres, avaient augmenté sous sa présidence après s’être réduites durant les Trente Glorieuses et jusqu’à la présidence de Giscard.
L’Éducation nationale a en France comme cheval de bataille affiché, selon ses syndicats, la lutte contre la discrimination sociale et la sélection à l’école. Les slogans contre la sélection et pour l’égalité de tous ont été amplement employés dans les tracts et manifestations d’enseignants au cours des dernières décennies. Le résultat de tant de bonne volonté est aussi paradoxal. La France se retrouve avec l’un des systèmes éducatifs les plus inégalitaires de tous les pays de l’OCDE selon les études PISA des dernières années.
Le chômage a été un cheval de bataille de tous nos gouvernements depuis Giscard d’Estaing. Alfred Sauvy, économiste distingué, me disait déjà au début des années 80 que chaque plan de chômage gouvernemental se traduisait dans les six mois qui suivaient par une augmentation du chômage car les mesures prises étaient coûteuses mais ne s’attaquaient pas à la racine du problème.
Si l’on faisait un bilan de tous les combats menés par la CGT « pour sauver l’emploi » au cours des dernières années, des grèves de dockers à Air France, le résultat serait très loin du "globalement positif" » cher à Georges Marchais.
On pourrait en dire autant pour des sujets sociétaux comme le racisme. Peu de pays, en dehors des États-Unis, ont autant lutté ou prétendu lutter contre le racisme que la France au cours des trois dernières décennies, et particulièrement depuis la création de SOS Racisme avec l’aide de quelques « intellectuels » comme Bernard-Henri Lévy. Cette lutte antiraciste s’est caractérisée par l’amalgame fait entre l’opposition à l’immigration de masse, le vote FN et le racisme. Un des résultats de cette évolution a été l’apparition d’un « racisme anti-blanc » dénoncé par la démographe et experte en immigration Michèle Tribalat, très largement sous-estimé avec des agressions anti-blanc qui représenteraient autour de la moitié des agressions racistes en France. Il s’agit souvent d’actes dont on a honte de parler, ce qui est un signe assez sûr de véritable racisme.
En conclusion, il ne suffit pas d’avoir ou d'afficher de bonnes intentions pour s’attaquer à un problème politique ou social complexe, mais il faut évaluer avec justesse l’impact des mesures prises en ne négligeant pas les effets pervers induits.
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/07/2023 à 4:56.