La machine à excuses tourne à plein régime et les éternelles litanies sonnent la charge contre l’État ayant oublié des zones entières laissées à l'abandon, contre les policiers accusés d'abus de pouvoir et de harcèlement à la déclinaison d'identité, contre les services publics, ayant « déserté les lieux », contre les entreprises, racistes et peu compréhensives qui n'embauchent pas.

Finalement, ces jeunes, même meurtriers, sont des victimes, selon une partition trop connue. Mais personne n'a parlé de l'école. Alors que les services publics sont partis - pardon : qu'ils ont été déplacés - suite à l'impossibilité d'exercer leurs missions en toute sécurité, que les entreprises ont quitté les lieux faute de rentabilité suffisante, il reste l'école, ou du moins ce qu'elle est devenue. Il reste ce système scolaire qui vaut certes ce qu'il vaut, mais qui est présent contre vents et marées, au minimum de la maternelle au collège.

Souvenez-vous, cette école qui a intégré les vagues d'immigration portugaise, polonaise, espagnole, italienne, asiatique. Cette école dont le grand tort est sans doute de dispenser la langue des kouffars, les lois des kouffars, l'histoire de ce pays dont les ancêtres sont les Gaulois, même à Viry-Châtillon. Cette école où il faut arriver à l'heure, habillé à l'européenne, se mettre au travail, sous les ordres d'une femme le plus souvent, faire preuve d'assiduité et de rigueur, accepter un système républicain où garçons et filles sont à égalité et où l'on ne peut pas faire valoir sa religion ou son nombrilisme.

Nous voulons bien croire qu'elle reçoit l'assentiment d'une majorité de la population locale, soyons positifs. Pour les autres, on pourra toujours arguer du fait qu'il ne sert à rien d'y travailler pour se retrouver au chômage à la sortie. En Lozère, aussi, l'école produit des chômeurs et ils ne commettent pas de tentatives de meurtres sur les policiers locaux ; ça se saurait.

On peut retourner le problème dans tous les sens, mettre des caméras partout, renforcer les effectifs de police, rénover les bâtiments et installer des portiques de sécurité. Le respect de la loi suppose un minimum d'adhésion individuelle, donc de responsabilité, même si une presse qui marche sur la tête et un personnel politique tétanisé par la peur de stigmatiser persistent à déresponsabiliser une catégorie parfaitement identifiée de citoyens en culpabilisant les autres. On ne peut pas forcer un individu à respecter la loi contre son gré, ni le forcer à apprendre la langue de Molière alors qu'il s'y refuse.

Les ministres de l'Éducation qui se sont succédé depuis trente ans ont préféré contorsionner l'école aux désirs des arrivants, mais pas de tous les arrivants. Il fallait faire le contraire. C'est bien le cadre scolaire et sa rigueur (perdue) qui ont permis à la fois l'intégration et le fonctionnement démocratique, et quand il est en panne, c'est bien le fonctionnement démocratique qui l'est aussi. Le subjonctif, la division et Clovis sont bel et bien une partie de la solution.

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12 octobre 2016

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