Le rachat de Twitter par Elon Musk : chute d’un mur de Berlin, pour les Américains

elon musk

Outre-Atlantique, les réactions au rachat de Twitter par le libertarien Elon Musk sont autant extrêmes – voire hystériques - à gauche qu’à droite.

Du côté des conservateurs, le nom du professeur Tournesol des temps modernes est sur toutes les lèvres et ouvre une ère d’espérance équivalente à celle initiée lors de l’élection de Donald Trump, en novembre 2016. David Sacks, ancien directeur des opérations de PayPal et figure incontournable du monde des nouvelles technologies, explicitait, ce mercredi, ce sentiment d’euphorie lors d'un entretien sur la chaîne Fox News. « C’est la première fois qu’une personne se lève de la sorte face au règne de la censure exponentiellement croissante. Ceci me rappelle la chasse aux sorcières sous McCarthy. » « La bonne personne, au bon moment, avec le bon discours, peut mettre un terme à tout cela. »

Dans ce sens, le 14 avril, Musk mettait du baume au cœur des conservateurs lorsqu’il déclarait : « Une plate-forme digne de confiance, largement inclusive, est extrêmement importante pour l’avenir de la civilisation. Ce n’est pas l’argent qui m’intéresse ici. »

Par son symbolisme, la situation est équivalente, pour David Sacks, à celle de la chute du mur de Berlin en 1989. Le travail d’assainissement d’Elon Musk au sein de l’oiseau bleu sera titanesque et prendra des mois, voire des années. L’Union soviétique n’a-t-elle pas mis deux années supplémentaires pour tomber définitivement ?

L’espoir suscité n’empêche pas les commentateurs de s’interroger sur les embûches. Les ennemis sont partout. Comment va donc s’y prendre le milliardaire ? Et tout d’abord en interne ? Toutes les strates de l’organisation semblent acquises à la cause woke et à la censure. Aura-t-il des difficultés à recruter ? Car, dans cette industrie, l’idéologie fait rage. Sacks, qui connaît bien Elon Musk, reste positif : « Twitter a actuellement 8.000 employés, et personne ne sait vraiment ce qu’ils font. Même si on assiste à de grosses vagues de départ, Elon pourra toujours faire marcher l’entreprise avec 2.000 employés. Il leur donnera beaucoup plus de flexibilité qu’actuellement. »

L’autre combat sera de contourner la censure externe. Par exemple, que faire s’il est, comme pour le réseau social Parler (prononcé « parleur »), banni par les hébergeurs (Google Play, Apple, Amazon Web Services…) ? Mark Meckler, l’ancien PDG par intérim de Parler, n’est pas inquiet. « Je ne pense pas qu’ils pourront faire la même chose à Twitter, too big to fail. Elon Musk a un réseau suffisamment grand dans cette industrie pour sécuriser sa base technologique. » Et même pour bâtir son propre hébergeur - sur mesure - si besoin !

Vient ensuite la question de la censure gouvernementale. Les PDG de Facebook (Zuckerberg), Twitter (anciennement Dorsey) et Google (Pichai) ayant tous déjà été audités par le Sénat américain. La seule façon d’y échapper est certainement d’assurer une majorité républicaine au Congrès. Les dés seront jetés en novembre avec les élections de mi-mandat.

Enfin, l’avocat en droits civiques Harmeet Dhillon affirme que le siège de Twitter devra inévitablement s’éloigner de San Francisco et de la Californie. Ceci ne devrait pas être un problème, puisqu’en octobre 2021, Elon Musk avait déjà déménagé le siège de Tesla de la Californie vers le Texas (fiscalité plus accommodante). Restera la transparence sur la politique d’interférence de la plate-forme dans les élections ainsi que sur son algorithme de censure.

Concluons sur cette réflexion du Wall Street Journal de lundi dernier : « Observer M. Musk tenter de briser le progressisme idéologique de la Silicon Valley sera véritablement fascinant. »

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Vos commentaires

18 commentaires

  1. La tâche sera difficile, car les ennemis de la liberté d’expressions travaillent en meute comme des loups qui cernent un cerf. Ici c’est la règle du nombre qui règne et qui dit que en matière d’efficacité: deux choses égales en force ne sont pas forcément égales en efficacité; celle qui contient plus d’éléments en a souvent l’avantage.
    Donc, il lui faudra s’entourer de bonnes personnes et disposer d’un cercle de puissants amis qui l’aideraient contre les attaques des wokistes.

  2. Enfin un peu d’oxygène….car la Pensée Unique, la Propagande que nous subissons en France (pour ce que je sais) c’est un peu le Confinement permanent….Je ne sais pas si Poutine est un Tyran mais nous en France ce que je sais c’est que notre Président a dit « vouloir emmerder 5 millions de citoyen(ne)s non injecté(e)s par ARN m non certifié et sans vrai résultat de vaccin et avec effets indésirables…et les français en ont redemandés pour 5 ans au moins…Merci Elon

  3. Aux Etats-Unis d’Amérique le capitalisme supplantera toujours l’idéologie.
    Pour instaurer le conservatisme de manière durable, il suffit de le rendre plus rentable que le progressisme.

  4. Libérer l’internet , c’est bien et c’est en ligne avec le libertarisme de Musk. Mais savez-vous ce qu’est un libertarien ? Un individualiste radical, un anarchiste qui souhaite supprimer toutes les contraintes collectives à commencer par celles provenant des États, mais aussi celles qui sont liées aux loyautés nationales , familiales….Du point de vue libertarien, l’individu-roi doit pouvoir faire ce qu’il juge bon pour lui : s’augmenter en utilisant des techniques trans-humanistes par exemple

    • Vous confondez libertarisme et Franc-Maçonnerie. Le premier nécessite des règles respectées par tous, et donc une structure dédiée avec pouvoir de sanction. Sinon c’est l’anarchie ou loi de la jungle. La seconde ne s’intéresse qu’à soi-même et à la façon d’accomplir, seul, son propre destin en supprimant toutes les contraintes collectives. Fondée sur l’égocentrisme, sa caractéristique principale est son mépris total de la vie humaine. Tout au moins celle des autres.

  5. Les censeurs protestent car la liberté d’expression nuirait à… la liberté d’expression. Pathétique!
    En réalité, nous découvrons peu à peu que notre liberté était bornée depuis des décennies: elle pouvait s’exprimer dans les limites imposées par l’élite apatride. Une Pravda occidentale en quelque sorte.
    Ses contradictions – et internet – la démasquent.

  6. Elon Musk va avoir du mal, aussi auprès de politiciens. Le commissaire européen, Thierry Breton n’ l’a-t-il pas déjà averti ? Pour nous, la disparition de la censure est encore loin, très loin.

  7. Un espoir bien entendu. Mais c’est aussi une drôle d’histoire, le monde finit par être gouverné pas quelques milliardaires qui se dont la guerre entre eux..Cela rappelle l’histoire des dieux qui jouent à la guerre avec les humains..!.

  8. les adversaires et de la democratie et de la liberté d expression sont inquiet, le gouvernemnt est inquiet 80 % de la censure vient d eux a leur demande , si la parole se libere leurs mensonges et parjures risquent d etre dévoilés et c est une tres bonne chose

  9. Les difficultés vont être monumentales, avec l’hostilité politicomédiatique de pratiquement tout le monde occidental, comme pour TRUMP, mais « en Elon MUSK nous croyons. » (sourire). Cordialement.

  10. Enfin un homme qui montre que l’on peut fonctionner différemment, un homme qui tape sur la table et la renverse… mais en France ça ne marche pas, les réalistes sont mis au rebut…

  11. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment un seul individu puisse briser tout un système. Personnellement, j’opterais pour une frappe nucléaire préventive sur la Californie et les sièges des GAFAM en particulier.

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