Le péril vert : vers l’écolo-sociétalisme ?

Capture d'écran
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Ce n'est pas la République, mais bien l'écolo-sociétalisme qui est en marche, de surcroît sur fond de désert électoral : près de 60 % d'absentions à l'issue du second tour des élections municipales du 28 juin dernier. La presse s'emballe : « Une vague verte ! », proclame-t-elle, dans la mesure où beaucoup de grandes villes, dont Lyon, Bordeaux, Poitiers et Strasbourg, entre autres, sont tombées dans le giron écologiste.

En effet, la gauche culturelle, pensée par Terra Nova (selon ses directives de l’année 2011), ne pouvait que remporter massivement les suffrages. Et, une fois de plus, comme à l'occasion des élections présidentielle et législatives de 2017 ainsi que des européennes de 2019, un petit syndicat de copropriétaires confisque le pouvoir dans l'Hexagone : la Macronie, ou la crise de la démocratie.

De fait, en dépit des résultats calamiteux du parti présidentiel à ce scrutin local, les macronoïdes se disséminent bel et bien entre les bulletins en faveur du moribond PS et ceux en faveur du sirupeux EELV, voire jusqu’à ceux pour les islamo-gauchistes de LFI. Et, à la différence de LR, LREM conserve sa sociologie préférentielle : des CSP+ prompts à partir au travail à bicyclette dans leur centre-ville, tolérants avec l'immigré, seulement... avec la plus grande distance possible. En bref, des avatars de la gentrification de la cité, faisant de cette dernière un parc d'attractions avec caméras de surveillance et patrouilles de police à outrance. En résumé, une civilisation réduite à l'angoisse (humaine, trop humaine) de perdre sa propriété privée. Quant aux autres – les premiers gilets jaunes –, ceux-là ne comptent pas car ils n'ont pas assez de pouvoir d'achat. Résultat : on sauve sa conscience, mais en aucun cas la France.

Au-delà de la désespérance démocratique que manifestent ces municipales, c'est tout un Trafalgar idéologique qui s'est amorcé, dont la paternité philosophique remonte certainement à la Lumière allemande, Emmanuel Kant, qui avait écrit, dans Vers la paix perpétuelle : « La nature veut que le droit obtienne le pouvoir suprême. » Ce qui veut dire que la loi est autant une règle nécessaire dans le monde physique qu'une règle impérative dans le monde moral. Ou comment le naturalisme et l'humanisme peuvent converger vers une seule voie, au nom d'une envie pressante de sortir de l'Histoire.

Par conséquent, à coups de protestantisation des esprits, la France tend à jeter aux orties le politique, celui-ci dénué de souveraineté et sommé de rendre des comptes : la France du parquet national financier contre celle de François Fillon, ce dernier perçu comme (trop) catho et thatchérien en 2017. In extenso, c'est un phénomène mondial : des États-Unis au Japon, en passant par la Corée du Sud, des scandales sexuels et politico-financiers savamment orchestrés pour écœurer tout électeur bien intentionné.

Définitivement, cette gauche californienne se répand ici et là sans ambages : elle abandonne, ainsi, la question sociale pour ne se consacrer qu'à des questions d'ordre culturel, éthique, voire religieux. Elle flatte toutes les minorités. En somme, la France des bars LGBT, des kebabs et des bars à chicha : celle qui n'est pas de culture judéo-chrétienne, mais plutôt islamo-libertaire.

Henri Feng
Henri Feng
Docteur en histoire de la philosophie

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