La cause sioniste ne manque pas d'avocats, y compris sur Boulevard Voltaire où nos confrères de France 2 et d'Arte sont soupçonnés de complaisance unilatérale envers la cause palestinienne.
Ce procès en sorcellerie n'est pas nouveau, il est même récurrent : ainsi, fin 2011, la diffusion sur France 2 d'une émission sur les Territoires palestiniens avait fait l'objet d'une véritable campagne d'intimidation du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) appelant au boycott de la chaîne, obligeant la direction de France Télévisions à rencontrer l'ambassadeur d'Israël et les représentants de la communauté juive en France. Plus récemment encore, début novembre, l'actuel président du CRIF, Richard Prasquier, faisait grief au président de France Télévisions d’avoir diffusé le clip d’un groupe toulousain sur la bande de Gaza. « Une vie de moins » : les paroles de ce clip de Zebda, composées pourtant par un prof de Science Po Paris, devaient, selon le CRIF, être censurées car elles étaient de nature à « promouvoir la haine d'Israël chez les jeunes ».
Si l'on n'y prend garde, le CRIF tente tout simplement de se substituer au CSA pour juger de ce qu'il faut dire, écrire, filmer ou publier sur Israël... Le correspondant de France 2, mon confrère Charles Enderlin, pourtant de nationalité israélienne, en sait quelque chose. Des proches du CRIF alimenteront la campagne de dénigrement déclenchée contre France 2 après la diffusion d'un reportage d’Enderlin montrant la mort par balles d'un enfant palestinien dans la bande de Gaza.
Le problème pour la censure sioniste est que Charles Enderlin est juif : comment faire pour le décrédibiliser ? Ne pouvant le soupçonner d'antisémitisme, on a donc mis en cause sa probité professionnelle, l’accusant d'avoir couvert un trucage, comme si aucun enfant palestinien n'était jamais tombé sous les balles ou les missiles de l'armée israélienne. Le but recherché, selon Charles Enderlin, était d'envoyer un signal d'intimidation aux journalistes présents sur le terrain pour qu’ils filent droit : « Si vous diffusez des images, écrit-il sur son blog, ou publiez des informations qui portent atteinte à l'image d'Israël, nous lâcherons la meute... »
Mais il n'y a pas que dans le domaine de l'information que le CRIF intervient régulièrement. Il entend également régenter le monde universitaire où il vient d'obtenir l'interdiction d'un meeting de soutien à la Palestine qui devait se tenir, ce samedi, dans un amphi de la faculté du Mirail, à Toulouse. Outre une lettre d'intimidation envoyée, il y a une dizaine de jours, au président de l'université, le CRIF mobilisa également par mail le ban et l'arrière-ban sioniste de Midi-Pyrénées : « Si cette manifestation n’est pas annulée, nous organiserons avec tous les démocrates une action s’opposant sur place à la tenue de discours extrémistes. »
La recette est imparable et ses effets garantis : contrairement à l'avis du président de l'université de Toulouse, qui a fait part de sa désapprobation, le recteur de l'académie, représentant du ministre, a décidé, jeudi 6 décembre, d’interdire le meeting, invoquant « le risque de trouble manifeste à l'ordre public ».
Et tant pis pour la « liberté d'expression » que le président de l'université de Toulouse estime pourtant désavouée, dans le courrier qu'il a adressé au représentant du ministère : « En tant que défenseur de la liberté d'opinion et d'expression, j'ai autorisé la tenue de ce meeting au sein de l'université car je considère que celle-ci doit être un lieu d'échange où toutes les opinions doivent pouvoir s'exprimer librement... »
À condition, pourrait-on ajouter, qu'elles soient du bon côté... Le lobby pro-israélien, on le voit, a encore de beaux jours devant lui. Le « Parti sioniste » veille au grain !
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