L’ Académie française sous le feu de l’Oncle Sam, maintenant…

Académie française

Peu de choses suffiraient à honorer une dame : la couronner « auteure « et « écrivaine ». La femme viendrait donc de remporter, à la suite d’un rapport de l’Académie, « la manche et la belle », selon cette image, galamment sportive, venue du XIIe siècle. Dans un entretien à Libé, le 20 février dernier, une immortelle, madame Bona, a fait part de "sa joie que le féminin puisse se dire dans le domaine si sensible du travail". Et moi donc, Madame : c’est peu de l’écrire ici.

Sauf que l’octroi gracieux d’un e final, "à condition qu’il ne soit pas prononcé", n’est pas un pas décisif vers « la féminisation » des noms de métier qu’a toujours pratiquée l’Académie. Rien ne fera changer d’avis nos femmes, éternelles victimes, concernant « la nuisance » de l’Académie française : pour elles n’existe que la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France). Le loup est entré, depuis des lustres, dans la bergerie avec le briscard de la langue qu’est Bernard Cerquiglini, que l’on retrouve partout, dans les « instances » des « langues de France ». Et que ça saute, sous la Coupole ! Gilettes et gilets arc-en-ciel, en nombre égal, occuperaient les sièges libérés. Enfin, une prise de pouvoir, avec un Political Office for French Language : une chance pour feu la gauche.

La vérité est que l’Académie se soumet au politically correct, avec l’idéologie du genre, venu des Amériques. « La langue évolue » est devenu un mantra. Comment a-t-on pu, après Dumézil et Lévi-Strauss, en arriver à la féminité de la lettre e ? Le Québec et la Suisse nous feraient la leçon ? Au secours, Desproges ! Et toi aussi, camarade Chomsky ! qui avais dit qu’il n’y a pas de « langue mère » sans « une langue instituée » ! La francophonie se joue en France, non en Belgique ou en Afrique.

Et Oncle Sam de s’en mêler. Selon le New York Times, cité par Le Point, le 5 mars, Adam Nossiter dénonce, dans l’Académie, un Ku Klux Klan de vieux mâles blancs, racistes, sexistes, immobiles, incapables de se générer. La Coupole est dans un cul-de-sac à l’image de la France : immobilisme, fracture entre peuple et élites ; pas d’échos des gilets jaunes ; Ferry humilié. De quoi je me mêle ? Certes. Mais il y a une part de vérité dans ce pamphlet ! Si l’Académie ne recrute pas, serait-ce qu’un immortel, trop affairé à son immortalité, ne regarde pas les mortels ? Enfin, des écrivains courtisés ont refusé d’entrer dans ce club fermé de grands bourgeois.

Les femmes commencent à fatiguer grave. Quand on voit la richesse de la culture française, on se demande jusqu’à quand nous perdrons du temps à panser leur féminité blessée. Au lieu de flasher sur les stéréotypes sexuels des romans en vogue, il faudrait retrouver la puissance créatrice de mâles dominants qui eurent le génie de se « mettre dans la peau » d’une jeune fille, de deux jeunes mariés, d’homosexuels, dans des roman restés… immortels.

« Madame se meurt, Madame est morte ? » Et si Madame avait moins de vapeurs et retrouvait sa mission : défendre « notre langue française » sans céder au politically correct ?

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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