Il y a quatre ans, dans la nuit du 4 au 5 avril 2017, Kobili Traoré, délinquant d’origine malienne assassinait Sarah Halimi, française de confession juive. Autrefois directrice de crèche, la sexagénaire retraitée, mère de trois enfants, fut rouée de coups, avant d’être balancée par la fenêtre. « Le rapport de police confirme que ma sœur a subi des actes de torture pendant près d'une heure, il l'a massacrée » dira son frère.

Lors de ce meurtre, l’assassin a récité des sourates du coran, crié Allah Akbar, traité la victime de « Sheitan » (démon en arabe) et invoqué ensuite être « comme possédé, comme oppressé par une force extérieure, une force démoniaque ». La veille, il s’est rendu à la mosquée Omar rue Jean-Pierre Timbaud, réputée salafiste.

Le caractère antisémite pourtant évident n’a pas été retenu de prime abord : il a fallu que les avocats de la famille Halimi bataillent pour obtenir cette requalification. On ne peut évidemment s’empêcher de se demander pourquoi.

Le 14 avril, la Cour de Cassation a confirmé la validité, en droit, du jugement rendu par la Cour d’appel de Paris en décembre 2019 : le meurtrier, déclaré « pénalement irresponsable » ne sera pas jugé. Coupable mais pas responsable car pris, au moment des faits, d’une bouffée délirante aigue qui lui aurait aboli le jugement. Abolition du jugement dû à une forte consommation de cannabis depuis une quinzaine d’années, et particulièrement le jour du meurtre.

Le citoyen lambda, lui, peut se demander pourquoi la consommation d’alcool et de stupéfiants est une circonstance aggravante lors d’accidents de la route, et que, dans ce cas-là, cette consommation lui ayant ôté tout jugement, l’assassin peut bénéficier de l’article 122-1 du code pénal qui définit le régime d’irresponsabilité pénale. Mystère, ou faiblesse du droit….

Cette affaire, depuis quatre ans, suscite des réactions passionnées, jusqu’au plus haut sommet de l’État : Emmanuel Macron n’avait-il pas déclaré, au mépris, il faut bien le dire, de l’étanchéité supposée entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire, que « le besoin de procès est là (…) Il faut que tout ce qu’un procès comporte de réparation puisse se tenir. »

Mercredi, sur les ondes de Sud Radio, Noémie Halioua, auteur d’un livre sur le meurtre de Sarah Halimi s’indignait d’une sentence qu’elle jugeait incohérente : « il a été à de nombreuses reprises en prison, 22 condamnations dans son dossier, on n’avait jamais découvert d’antécédents psychiatriques, et soudain il y a un meurtre et là on découvre qu’il est malade mental au point d’assassiner quelqu’un sans en être responsable. » Et dénonce sut twitter : « Ainsi le droit se dresse contre la justice dans cette affaire : l'irresponsabilité est actée pour cause de prise de cannabis en vertu de l'article 122-1 du code pénal. »

L’avocat Régis de Castelnau, dans une tribune publiée sur Causeur après le jugement de la Cour d’appel en décembre 2019, explique que la justice n’a pas failli. Dans cette affaire, on attendait « de la justice ce qui ne relève pas de sa mission (…) c’est une question politique qui doit être traitée politiquement. S’il faut fermer les mosquées intégristes comme celle que fréquentait Traoré, s’il faut expulser les imams qui professent une vision mortifère de leur religion, s’il faut cesser de tolérer les dérives de délinquants d’habitude qui affichent des casiers judiciaires longs comme des jours sans pain, s’il faut amender, modifier, voire supprimer l’article 122–1 du Code pénal, alors il faut s’adresser à ceux dont c’est la responsabilité. »

Il n’a pas tort, et on comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron voulait, en réclamant un procès, cantonner ce meurtre à une affaire communautaire, et se défausser ainsi de ses responsabilités en matière de lutte contre l’islamisme qui menace non seulement la communauté juive, mais toute la nation française.

 

 

 

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15 avril 2021 à 18:45

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