[LE GÉNIE FRANÇAIS] La statue de la Liberté. Un cadeau de 250 tonnes

Fruit d’une épopée et d’une construction complètement démesurée qui ont fasciné toute la planète.
STATUE LIBERTE

C’est un colosse, un des monuments les plus admirés au monde.

Il représente La Liberté éclairant le monde. Fruit d’une épopée et d’une construction complètement démesurée qui ont fasciné toute la planète. La France, pays d’avant-garde, d’ingénieurs, d’inventeurs, d’artistes… et de donateurs, nous montre encore une fois un parfait exemple de ses valeurs, de son audace et de son sens de l’amitié, par son cadeau de 254 tonnes qu’elle a fait aux États-Unis.

Un projet fou qui demandera dix ans de travaux…

… et quelques années de retard. Quatre hommes importants s’engagent dans l’aventure : Édouard de Laboulaye, sénateur passionné par la démocratie américaine ; Bartholdi, sculpteur de génie ; Viollet-le-Duc, l’architecte de Notre-Dame, qu’on ne présente plus ; il se fera remplacer avant sa mort par Gustave Eiffel, le spécialiste des constructions métalliques, pour qui c’est une expérience des plus propices, alors qu’il n’a pas encore construit sa tour Eiffel.

C'est sous Napoléon III que le sénateur et écrivain, fondateur du Parti libéral français, Laboulaye suggère à Bartholdi l'idée originale d’une statue qui représenterait la Liberté accueillant les immigrants venus d’Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Le sculpteur Bartholdi

Né à Colmar dans une famille alsacienne, Frédéric Auguste Bartholdi est photographe, peintre et dessinateur. Il a vingt ans quand il répond à un concours organisé par la ville. Sa statue monumentale du général Rapp est retenue et présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1855, où elle est particulièrement remarquée.

Il sculptera aussi le célèbre lion de Belfort pour symboliser la résistance héroïque de la ville à la guerre franco-prussienne. Le fauve deviendra le célèbre logo de la grande marque automobile Peugeot.

L’art colossal

Les voyages en Égypte et en Éthiopie de Bartholdi lui révèlent son désir de se consacrer à l’art colossal. En 1869, il propose sans succès un phare géant qui marquerait l’entrée du nouveau canal de Suez, creusé par un autre génie français : Ferdinand de Lesseps.

Cet échec va quand même inspirer le sculpteur pour un futur projet. C’est pendant un voyage à New York en 1871 que Bartholdi a le déclic en apercevant l'île de Bedloe, à l’entrée du port : fasciné par le lieu, il le trouve idéal pour ériger un monument à la gloire de l'indépendance des États-Unis (1776-1886). Il n’a pas encore le premier sou, il ne parle pas anglais mais son audace est sans limite. Il croit dur comme fer à son projet.

Le beau visage d’une statue grecque

Et si cette liberté était représentée par une femme. Elle brandira de la main droite une torche dont la lumière sera le phare, le guide ; et elle tiendra un livre dans la main gauche avec l’inscription « July IV MDCCLXXVI » (4 juillet 1776). Les sept piques de sa couronne représenteront les sept océans et les sept continents. En trois mots : « La liberté éclairant le monde ».

Les travaux démarrent à Paris. 300 plaques de cuivre de 1 mètre sur trois et de 2,5 mm d’épaisseur ; 4 colonnes de fer à l’intérieur pour les supporter ; 300 sortes de marteaux pour façonner les 31 tonnes de cuivre ; 46 mètres de haut sur un socle de 46 m, soit une hauteur totale de 92 mètres.

On glosera sur les traits de la dame. Bartholdi a-t-il utilisé le portrait de sa mère ou celui d’une petite femme de Pigalle ? Rien de tout ça. Il s’est simplement inspiré des plus beaux visages des statues grecques et l’a drapée d’une toge. Et le résultat demeure aujourd’hui apprécié à l’unanimité par sa beauté autant classique que moderne.

Le nerf de la guerre

Le financement est une vraie question qui demande du temps. Mais Bartholdi a aussi un  talent de publiciste. Il sollicite la presse, utilise la mémoire de héros français réputés en Amérique comme Rochambaud, La Fayette et Toqueville, champions de la Liberté et passionnés de démocratie.

Vœu des fondateurs : les Français, par les dons du peuple, financeront la statue et les Américains le socle : 27 mille tonnes de béton et de pierres. Le problème, pour les Américains, c’est « le cadeau gratuit » On comprend que les dons n’affluent pas tout de suite. Pourquoi paieraient-ils pour « un cadeau » ? Banquets payants, loteries, combats de boxe… Rien n’arrête le sculpteur alsacien qui a créé une fondation franco-américaine.

Janvier 1884. La statue est enfin terminée à Paris. Elle domine les immeubles et les Parisiens émerveillés s’empressent de la visiter. Pour quelques francs, ils peuvent grimper à l’intérieur. Il faut ensuite la démonter. Par camion, train, puis vaisseau de la marine, elle arrive à New York en juin 1885.

La traversée de l’océan Atlantique a duré une semaine de plus que prévu. Le navire transportant la statue aurait failli sombrer au cours d’une tempête.

Des centaines de milliers d’Américains se précipitent

Elle restera dans les caisses près d’un an, car son socle en pierre n’est pas terminé. Avec dix ans de retard, elle est enfin inaugurée par le président des États-Unis, Grover Cleveland. Les discours sont couverts par les cris de la foule.

C’est la statue la plus gigantesque jamais construite. Il faut gravir 377 marches pour atteindre les 25 fenêtres de sa couronne.

Depuis la Première Guerre mondiale, l’accès au Flambeau par le bras a été hélas fermé aux visiteurs après l’explosion gigantesque du dépôt de munitions voisin, provoquée par les Allemands.

La flamme actuelle est encore plus belle, recouverte de feuilles d’or de 24 carats. Lady Liberté serait frappée, chaque année, plus de 600 fois par la foudre. À cause de certains grands vents à 200 km/h qui la font osciller, la statue a dû être sécurisée pour les siècles à venir.

Le monument le plus emblématique des États-Unis devrait accueillir 4 millions de visiteurs, en 2025 !

Picture of Antoine de Quelen
Antoine de Quelen
Ex-publicitaire et rédacteur pour la télévision

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Ce n’est pas pendant la seconde guerre mondiale qu’a eu lieu l’explosion provoquée par des allemands, mais en 1916, donc pendant la première guerre mondiale.

    • Lisez, relisez donc cet excellent article, avant de vous exposer si imprudemment d’un « mais » !
      Allez, sans rancune…

  2. Avez vous vu les américains faire quelque chose de gratuit ? et pourtant ils ont accepté avec difficultés de nous faire don du socle qui supportera la statue .

  3. La France a offert ce cadeau aux américains . Mr Macron lui , a offert la France à la découpe aux Etats-Unis.

  4. Faut reconnaître que la France a fait pas mal de « trucs qui avaient de la gueule ». En parler à nos dé »cons »tructeurs… Par contre est-ce que Rochambeau, La Fayette et Tocqueville étaient encore de ce monde en 1886 ?

  5. c’était le temps de notre gloire internationale mais aujourd’hui c’est la mort de notre civilisation qui se déroule sous nos yeux et macron ne fait rien au contraire il continue d’enfoncer le clou,

  6. fini de constrire avec l aide d un directeur de journal populaire dont le directeur est pulitzer

  7. Heureux temps où la France (et pas uniquement par cette statue !) éclairait le monde. France, mêre des arts, des armes et des lois, qui n’avait pas encore inventé Macron …

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