[Point de vue] L’art des patriotes de perdre les législatives… Plaidoyer pour l’union à droite

isoloir

Quels que soient les chiffres considérés de l'élection présidentielle, ceux du premier ou du second tour, le camp national, sans néanmoins atteindre la majorité absolue de 50 %, est le plus nombreux : une majorité relative. Au premier tour, le camp national a rassemblé 32,3 % des voix ; et si l'on y ajoute celles de l'incertain Jean Lassalle : 35,4 %. Macron, lui, ne culminait qu'à 28 %, et la « faction de gauche », désormais en cours d'unification, pourrait prétendre à 32,1 % si on lui adjoint les 1,4 % de trotskistes. Quant au second tour, il est, paradoxalement, encore plus favorable à la mouvance nationale, avec ses 42 %. En effet, les 58 % ralliés à Macron regroupent : a) des macroniens du premier tour, b) les gauches partisanes, c) les reliquats de la droite bruxellophile.

Essayons d'en tirer des projections politiques.

Certes, il y a, à chaque élection présidentielle, un mouvement de voix « légitimistes » qui rallient l'élan présidentiel pour conforter la future majorité. Quelle sera, cette fois-ci, l'importance de ce ralliement d'opportunité ? Difficile à dire car les 58 % de voix pour Macron sont plus facilement imputables à un amalgame anti-Le Pen, hétéroclite et irrationnel, qu'à un choix pro-Macron. Ce dernier peut-il capitaliser le bénéfice de ce vote rejet alors que lui-même fait l'objet d'une certaine répulsion ?

Que feront les électeurs de la droite bruxellophile, nivelée par la faute de la nullité de leur porte-drapeau (4,8 %...) ? Retourneront-ils, à l'occasion d'un scrutin aussi localisé et personnalisé que le sont les législatives, vers leur député sortant soutenu par les vieux réseaux des LR ? On peut le penser, si tant est que l'on puisse faire des projections dans ce contexte de turbulences politiques inédites. Mais cela ne suffira sans doute pas à recréer la droite traditionnelle. Au contraire, ces députés pourraient bien suivre les chemins, déjà tracés par d'autres renégats, vers la compromission macronienne. Les LR sont menacés de disparaître à jamais.

Si les électeurs de Mélenchon-Roussel-Hidalgo-Jadot adhèrent au remake allégué de l'union de la gauche (ce coup de génie mitterrandien), telle que prophétisée par le Líder Máximo, ce dernier peut-il atteindre son but et devenir un Premier ministre de cohabitation comme il s'en vante ? Certes, il est probable qu'une démarche d'union boostera le potentiel cumulé du premier tour (31 à 32 %). De là à emménager à Matignon...

Reste le camp national déjà présenté ci-dessus. Vaincu certes, mais désormais incrusté dans le paysage politique français, quand les LR et le PS en sortent peu à peu. Il ne reste que quelques jours aux états-majors des nationaux (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan) pour recracher leur bile et ne plus considérer que ce qui leur est commandé par l'intérêt supérieur de la nation. Car la surprise est à portée de mains si les 42 % du bloc souverainiste et social s'unissent en une fédération de quatre ou cinq partis, créant sa propre dynamique d'union. La mascarade d'un nouveau et grotesque « ¡No pasarán! » serait amoindrie ou même balayée, et de nouvelles alliances pourraient redevenir possibles avec les orphelins sincères du gaullisme.

En effet, si cette union sacrée pour la nation se faisait, les cadres et militants des LR, notamment les électeurs de Ciotti, pourraient, par opportunisme et/ou par patriotisme, à la fois sauver les meubles de leur courant politique, promis à la consomption, et sauver la France en créant in extremis un parti de droite et centre « macron-incompatible », allié pour le temps électoral, puis, au sein de la future Assemblée, contre ce Président. Cela serait cohérent et c'est encore possible, mais le sablier s'écoule. Et qui connaît les vices du camp national (depuis au moins Maastricht) peut malheureusement nourrir les plus vives appréhensions et anticiper un profond ressentiment à l'encontre de ceux qui trahiraient la « France et les Français ». Des mots dont ils ont eu pourtant plein la bouche depuis des mois. Malédiction ? Ou rédemption, avant le 10 mai ?

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

Vos commentaires

67 commentaires

  1. j’ai toujours voté pour MLP mais là , la coupe est pleine , si elle ne veut pas faire d’union des droites je ne voterai plus du tout pour des personnes qui ne sont capables de n’exprimer que leur rancœur en renvoyant le sort des Français à plus tard

  2. Jupiter aura réussi, en ne faisant rien ou pas grand chose, à éliminer le PS, LR et sans doute RN. Quelle prouesse ! Quand à la machine à perdre (MLP) son ego est tellement surdimensionné qu’elle risque fort d’éclater .

    • Il est à souhaiter que cette fois les électeurs de RN comprennent qui est vraiment MLP, plus du tout ce qu’il croyaient.

  3. Il faudrait certes une union nationale.
    Mais pour cela, il faudrait un candidat compétent, honnête, aimant les français, son pays, et qui ne confonde pas parlottes et actions, théâtre, comédie, plateaux télé et terrain réel.

    il n’y en a pas à l’horizon, selon mon avis (qui vaut ce qu’il vaut bien sur).

  4. Mme Le Pen, M. Zemmour, M. Dupont Aignan, vous, qui partagez 95% d’opinions convergentes et qui avez exposé récemment la complémentarité fluide de vos programmes, vous avez le devoir incontournable de vous allier pour sauver de toute urgence pour sauver la France du mondialisme économique malhonnête dominé par les USA et la Chine et de la conquête islamique par leur démographie et leur clanisme.
    Si vous ne le faites pas, bye bye.

    • MME Le Pen M Dupont Aignan ! Pas besoin de supplier Z pour l’Union, c’est lui qui la veut le plus. Les électeurs de la Droite aussi. Ce sont eux qui vont peut être faire la bascule.

  5. Merci M.Temple ! L’alliance à droite est indispensable et urgentissime.
    La vraie France et l’électorat souverainiste de la vraie droite démocratique l’attendent depuis des décennies. En l’absence, les citoyens français conscients du péril qui guette notre pays sous domination américaine quasi-totale et extrêmement dangereuse par UE, ONU, OTAN, G7, OMS, ONG … etc… grossièrement interposés au mépris de la volonté du peuple, feront défaut pour longtemps à leur camp et à la démocratie.

  6. L’opposition dite ou censée être de droite perd pour deux raisons évidentes : elle ne s’oppose pas mais se déchire (Ce qui s’est passé pendant toute la campagne 2022) et elle n’écoute pas les Français.

  7. Le vrai combat qui se joue est la victoire, ou non, de la « culture de mort » comme l’appelait Jean Paul II : IVG sans limite, euthanasie, « mariage homosexuel », immigration sans contrôle, extension de la tolérance sur les drogues, GPA, diagnostic prénatal et élimination à 98% des trisomiques. Macron en est le champion et je ne suis pas sûr que Mélenchon, et même Marine Le Pen n’y prêtent pas la main. Seul le Sénat s’y oppose, mais jusqu’à quand ?

  8. Leur guerre d’ égo les a fait perdre collectivement, enterrant ainsi les plus beaux espoirs de leur électorat. La véritable question est donc de savoir s’ ils souhaitent réellement gouverner ou simplement demeurer à l’ arrière et se contenter d’ hurler ? ? Tels les vils cancres perturbateurs à l’ école, qui s’ effacent fort timidement une fois  » au tableau » ?

  9. MLP pas plus que JMLP n’ont eu envie de gouverner , ils ont servi le système en créant un abcès de fixation du vote populaire , et tous ceux qui ont voulu à l’intérieur du FN par des alliances participer à un gouvernement se sont fait virer comme des malpropres.
    Tout le secret de leur attitude est là .

    • Enfin, je ne suis plus seul. Cela fait 25 ans que je considère que les le pen sont les fusibles électoraux du système pour nous faire accepter dans la soumission, le grand remplacement.

  10. Si les droites ne s’entendent pas pour les législatives, ce sera une trahison vis à vis de tous ceux qui ont voté MLP au second tour de la Présidentielle!

  11. Ce sont les médias qui font l’opinion…
    Même si l’union se faisait, elle ne bénéficierait d’aucune publicité et serait diabolisée

  12. MLP ne veut que le nombre de voix pour toucher les subventions de l’état. C’est son fonds de commerce pour continuer à vivre confortablement grâce aux gogos qui votent RN.

  13. MLP préfère un petit « chez soi » qu’un grand chez les autres. Elle n’ a pas l’envergure de faire la France. C’est peut être ce qu’à pressenti Z lorsque, n’y allant pas par 4 chemins, il l’a sommé de faire alliance. Dire que les français sont eux aussi mesquins comme leur cheffe, c’est, pour le plus grand malheur de la France, un vérité vraie. Peut être n’est-il pas trop tard. mais lorsque je vois la lâcheté de Mr Ménard qui préfère tout (cad Macron) à une révolution, j’en doute.

  14. Les égos encore une fois passent avant la France qui elle agonise. Elle sera morte avant cinq ans soit sous les bombes de Poutine soit par une main mise de l’islam.

  15. Suite : il faut savoir ce que l’on veut: l union à droite, ou l’union des nationaux.

    Ce n’est pas la même chose, car il y a des électeurs de gauche qui ont un sentiment national et des électeurs de droite qui n’ont plus guère ce sentiment ( notamment ceux qui pensent que l a France est dépassée, l’Europe de Bruxelles c’est indispensable, le commerce international avant tout…).

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