L’art de se tirer une balle dans le pied !
La liaison ferroviaire entre Perpignan et le marché d’intérêt national de Rungis est menacée. En cas de fermeture, il faudrait la remplacer par 250 poids lourds par jour pour acheminer, à Rungis, quelque 400.000 tonnes de fruits et légumes par an. Le dernier train des primeurs de Rungis, mis en place en 2007, se trouve aujourd’hui menacé.
La raison en serait la vétusté des 82 wagons de ce train vieux de quarante ans. Le contrat actuel entre les transporteurs et la SNCF, qui expire le 30 juin, pourrait donc ne pas être renouvelé. L’imbroglio économico-financier pourrait aboutir, en plus de la pollution et de l’encombrement, à la suppression d’une centaine d’emplois. Un beau sujet pour un gouvernement qui se flatte de tout mettre en œuvre pour « sauver la planète » et se rallier les voix bobos-écolos. Mais c’est une affaire plus difficile que de recevoir à l’Élysée une gamine suédoise illuminée et médiatisée… Il faut travailler le sujet et ne pas se contenter de faire des phrases.
Il s’en passe, pourtant, de belles, sur nos routes de France. Faites une centaine de kilomètres sur un grand axe routier. Vous ne tarderez pas à les apercevoir, ces petits camions bâchés blancs sans aucune identification, anonymes. Regardez leur plaque de près, vous y lirez un discret « PL » d’immatriculation en Pologne. Ils pullulent sur nos routes. Pourquoi ?
Prenons un exemple. Vous dirigez une plate-forme qui approvisionne une dizaine ou une vingtaine de grandes surfaces de bricolage dans le Midi. Vous achetez clous et vis chez un fabricant (ou, plus vraisemblablement, hélas, un importateur) du côté du Mans. Vos magasins ont besoins de réapprovisionnements, 500 kg environ. Vous avez trois solutions : avec un gros porteur, il vous faudra attendre que le transporteur trouve 37 autres tonnes pour la même direction. Ce sera long ! Un transporteur léger, à qui vous passez commande le jeudi, chargera le vendredi et ne sera à Nîmes que le mardi matin, week-end oblige. Ou alors vous connaissez une boîte polonaise qui chargera le vendredi et dont le conducteur roulera, lui, tout le samedi, couchera dans son camion et sera à votre porte le dimanche, et ce, pour un prix inférieur.
C’est ainsi que la France perd ses emplois au profit de la Pologne. Si vous regardez longtemps, vous aurez la chance de voir des petits camions du même genre, mais bleus. Ceux-là sont immatriculés « RO », Roumanie, ils arrivent, ce sont les petits nouveaux.
Pendant que vous y êtes, regardez les poids lourds que vous croisez. Naguère, il y avait des Mercedes, Volvo, DAF, IVECO. Et des Renault ! Aujourd’hui, que voyez-vous ? De moins en moins de Renault, même si quelques transporteurs français y restent fidèles. Tous les autres ont achetés de gros MAN allemands.
C’est beau, l’Europe, l’emploi en France en profite, sûr !
Certains me rétorqueront que des transporteurs français travaillent dans le reste de l’Europe. Cette blague, ça se saurait ! Et c’est bien mal connaître le patriotisme italien ou l’immanente préférence nationale allemande.
Il n’y a qu’en France que l’on gouverne contre soi et que l’on croit de telles sornettes.
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