L’accent sur une majuscule, c’est capital

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Une idée reçue perdure : les majuscules n’auraient pas besoin d’accent. Cette faute capitale de notre langue française se serait installée dans les esprits depuis l’invention américaine de la machine à écrire et son importation en France. Aux États-Unis, comme dans tout pays anglophone, on ne connaît pas les accents. Il est vrai que nos ordinateurs et courriers électroniques ne nous facilitent pas la tâche. En France, les pédagogistes de ces dernières décennies ont cru sans doute en profiter pour simplifier utilement notre écriture.

Résultat : les maîtres et maîtresses d’école enseignent encore aujourd’hui à nos enfants qu’on ne met pas d’accent sur une majuscule. Ainsi, ma fille de 10 ans s’est vue réprimandée dans son centre de loisirs pour avoir pénétré dans un local « réservé » alors qu’on lui demandait d’aller à la « réserve ». Il était pourtant bien écrit RESERVE sur la porte. Le responsable de cette méprise est celui qui a orthographié ce mot en omettant les deux accents sur RÉSERVÉ, ce qui en change radicalement le sens.

La règle de typographie nous est rappelée par Annick Valade, responsable de la correction aux éditions Larousse puis aux dictionnaires Le Robert : « En français, l’accent (aigu, grave, circonflexe ou tréma) est indispensable pour indiquer la prononciation ou pour différencier un mot d’un autre mot. Dans un texte imprimé ou saisi, il est donc important d’accentuer les capitales afin d’éviter toute ambiguïté de lecture ou de compréhension. »

Imaginons que vous donniez un rendez-vous à un ami au PALAIS DES CONGRES, il risque de chercher longtemps l’aquarium qui abrite ces anguilles de mer ! Et ce serait grave de confondre un assassin et une victime en écrivant UN POLICIER TUE au lieu d’UN POLICIER TUÉ.

Soyons humbles, nous faisons tous des fautes. Mais notre belle langue est malmenée tous les jours, à tout bout de champ, et souvent par ceux qui sont censés la maîtriser : médias et autres métiers de la communication. Ne parlons pas de « celles et ceux » – ou plutôt c.eux.elles – qui voudraient nous imposer leur « illisible » écriture inclusive ! Ce sont les mêmes qui aimeraient aussi simplifier l’orthographe. Si, si ! Heureusement, les grandes maisons d’édition ont leurs relecteurs/correcteurs, qui suivent toujours les linguistes et respectent les recommandations, très fondées, de l’Académie française.

Règles qui, malgré l’autorité de l’Institut reconnue depuis quatre siècles, sont bafouées par ceux qui nous gouvernent depuis Mitterrand. Pour la féminisation des fonctions et métiers, les gouvernements ont préféré céder devant la « Terreur » des idéologues et des féministes.

En tout cas, vive les accents qui font le charme et la personnalité de notre langue française ! Par pitié, n’y touchons pas ! Quoi ? N’est-elle pas drôle avec ses chapeaux sur la tête ? Et ses cédilles en hameçon ? Ses e dans l’o qui s’enlacent : œillades ou accroche-cœur ? Et ses trémas, regardez-les dans les yeux, vous laissent-ils stoïques ? Enfin, pour vous saluer, un signe qui ne manque pas de caractère, &, l’esperluette : ne dirait-on pas que ses deux lettres, « e » et « t », exécutent une pirouette ?

Il faut que les majuscules ne les omettent pas ! Un accent, c’est capital.

Isidore
Isidore
Chroniqueur

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