La vraie droite a le blues. Plus de goût à rien. La comptabilité des scores aux européennes ne laisse place à aucune ambiguïté pour 2022. La seule problématique du RN, grincent les mauvaises langues, est de parvenir à un accord quant au choix des chansons sur lesquelles dansera Marine Le Pen après l’annonce de sa défaite. Un courant « Village People » s’oppose aux partisans d’une ambiance techno. Le climat est tendu.

Dans une tentative désespérée d’alerter sur l’échec annoncé, Marion Maréchal est sortie de son hibernation. Certains lui prêtent une stratégie complexe d’élaboration d’un rassemblement de trucs et de machins. Peine perdue. Son profil, aussi sympathique soit-il, ne lui permettra pas davantage que sa tante d’accéder au pouvoir suprême. L’électeur ne pourra se départir de sa répulsion pour toute personne issue de la sainte famille. Et puis trop jeune, trop douce, trop blonde. Face à Macron, la candidate apparaîtra pertinente mais fragile, réaliste mais débutante. Un débat charmant. Un score plus élevé que sa tante. Mais pas suffisant. Marion Maréchal n’aura été sans doute qu’une distraction, un joker élégant collé à la paroi du plafond de verre.

Le temps est aux personnalités abruptes. À celles qui ne craignent pas d’appeler un chat un chat. À ceux qui se moquent éperdument des anathèmes lancés par les précieux ridicules du politiquement correct. L’élection de Trump, la popularité de Salvini et la victoire de Nigel Farage en sont l’éclatante démonstration. Le retour aux réalités ne peut s’opérer que par le truchement d’un personnage débarrassé des contorsions de séduction, de ménagement de chèvre et de chou et autres demi-teintes qui laissent, quoi qu’il arrive, l’électeur de marbre.

À l’énoncé du profil gagnant et après passage en revue des troupes éparpillées sur le champ de bataille de la droite française, un seul combattant survit aux critères exigés : le dénommé Éric Zemmour. Sa force de conviction, sa culture, son constat sans faux-semblant de la réalité, l’irréfutabilité de ses arguments, ses formules lancées comme des Scud sur l’adversaire le placent très loin devant toute autre personnalité politique de sensibilité identique. Les bottes en caoutchouc de Trump, la percussion de Farage, le franc-parler de Salvini : l’animal coche toutes les cases.

Durant le débat qui l’opposait à Maurice Szafran, le thème du Grand Remplacement est abordé. Dans un court sujet, Marion Maréchal argumente en faveur du constat de Renaud Camus. En retour plateau, Éric Zemmour se livre à la même démonstration, mais nous sommes sur une autre planète. Là où Marion apporte un éclairage tamisé, Zemmour débarque avec une batterie de projecteurs. Silence, on tourne ! La réalité semble apparaître sur la table du débat. En guise de conclusion, le chroniqueur éclairagiste achève son interlocuteur avec la formule coup de poing : « La Seine-Saint-Denis, c’est le Kosovo de la France. »

Giscard d’Estaing avait envoyé Mitterrand au tapis avec une bombe atomique de même nature : « Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du cœur. » Certains ont affirmé que l’élection avait été gagnée sur cette simple phrase. Entre autres atouts, Zemmour maîtrise cette rhétorique qui place son auditoire face à une évidence incontournable.

L’argument irréfutable en faveur de cette candidature finira de convaincre les plus perplexes : Éric Zemmour ne sait pas danser.

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07 juin 2019 à 17:57

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