Depuis lundi, et la « divine surprise » de M. Fillon au premier tour de la primaire, une dynamique positive s'est enclenchée à droite, non seulement pour le second tour, mais aussi pour la présidentielle. M. Fillon a réussi à créer un choc psychologique dans l'électorat de droite, au sens le plus large possible, du centre au Front national. Comme on dirait : « de l'Atlantique à l'Oural » !
Choc d'autant plus fort qu'il fut inattendu, et que le chiffre de 44 % permet tous les espoirs. Cet électorat en avait besoin : lassé des rivalités des chefs et de leurs confusions idéologiques avec la gauche, il était aussi tétanisé par la menace représentée par Marine Le Pen.
Choc d'autant plus fort qu'il ne concerne pas seulement la confiance économique, mais aussi l'identité de la France. Une phrase du débat d'hier soir résonnera longtemps dans l'esprit des Français. Terminant sa tirade nette contre la France multiculturelle, M. Fillon a ajouté : "Quand on vient dans la maison d'un autre, par courtoisie, on ne prend pas le pouvoir."
Tout est dit, et pas dans un langage technocratique. Quelle transgression, lors d'un grand débat télévisuel policé, et non dans un meeting, et surtout prononcée avec le phrasé clair et rassurant de M. Fillon !
Depuis le 20 novembre, les cartes sont donc rebattues : la gauche est renvoyée à son bilan ; la droite hors les murs a été de facto réintégrée par les deux millions d'électeurs de M. Fillon qui ont eux-mêmes poussé les murs ; et le Front national est désorienté par ce nouveau chef et sa ligne claire.
Longtemps perçue comme une nouvelle manipulation des partis, la primaire s'est transformée, avec M. Fillon et ses deux millions d'électeurs, en un formidable levier pour la présidentielle.
Logiquement, un sondage IFOP-Fiducial pour i>Télé, Paris Match et Sud Radio publié ce mercredi donne M. Fillon vainqueur de M. Juppé à 65 %.
On peut, en effet, s'attendre à ce que M. Fillon bénéficie pleinement des reports de voix de M. Sarkozy, qui a été d'une remarquable clarté dimanche soir. Mais aussi d'une mobilisation encore plus forte de l'électorat de la France provinciale et rurale, pour laquelle il n'était pas toujours facile ou commode d'aller participer à ce scrutin d'un nouveau type. Et "du plus profond de l'âme française", pour reprendre l'expression de M. Fillon. Car le désir d'une alternance franche à droite traverse tout le pays après ce quinquennat de tous les désastres, et M. Fillon, par sa ligne politique claire, à la fois libérale et conservatrice, et sa personnalité, a su toucher cette France-là. Lui parler aussi droit dans les yeux, à chacune de ses interventions télévisées.
Mais allons plus loin : le positionnement de M. Fillon à la primaire, flanqué d'un démagogue gauchiste et d'un populiste assumé, préfigure la configuration de la présidentielle. Et, curieusement, les chiffres réalisés dimanche par MM. Juppé et Sarkozy correspondent à ce que représenteront approximativement et la gauche et le Front national. S'il occupe, comme il l'a fait à la primaire, tout le terrain qui va du centre jusqu'à la droite des valeurs, avec la même détermination, il ne fera certainement pas 44 % mais il peut aussi créer la surprise.
Surtout s'il parvient, dès la semaine prochaine, à expliquer à tous les Français, notamment ceux des classes moyennes et populaires, en quoi son libéralisme, qu'il lui faudra certainement tempérer, et son conservatisme peuvent être les meilleurs remparts de l'identité française.
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