Il fallait à tout prix dépasser le conflit identitaire qui menaçait : "Comment ? Cette religion venue d'ailleurs se permet de sacrifier un de “nos” prêtres, chez nous, et dans un sanctuaire ? Inacceptable !" L’Église voulait éviter ce danger, rappeler que la charité, l'amour du prochain, même et surtout lointain, est l'une des trois vertus principales exigées d'un chrétien. Le pape évacua immédiatement l'idée qu'il pût y avoir des guerres de religion puisque c'est connu et l'Histoire le prouve, les religions sont fraternelles... "Toutes les religions veulent la paix." Il ne s'agirait que d'intérêts et de domination économiques...

Le Conseil français du culte musulman s'est empressé de saisir la main tendue. Jusqu'ici, il était bien discret. Le voilà qui convie les musulmans à aller à la messe, non pour demander pardon pour les crimes de leurs "frères", mais pour offrir "solidarité et compassion". Certains s'en extasient. "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", comme aurait dit Jean Yanne, qui manque singulièrement pour dénoncer l'hypocrisie de notre époque. Des musulmans vont donc à l'église, et soit bonne volonté naïve, soit calcul, diffusent des messages apaisants que les fidèles chrétiens accueillent avec ravissement... et ignorance.

Ainsi la phrase la plus entendue est-elle : le coran dit "que quiconque tuerait une personne , c'est comme s'il avait tué tous les hommes". Le texte des versets 32 et 33 de la sourate 5 Al-Mâ'idah (la table servie) est quelque peu différent : "quiconque qui tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre... La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et son messager, et qui s'efforcent de semer la corruption sur la terre, c'est qu'ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés du pays." La totalité du texte met plus de cohérence entre son contenu, l'histoire de l'islam, son droit pénal et le monde islamique actuel. La peine capitale, la guerre, l'inégalité systématique entre croyants et incroyants correspondent à l'esprit d'un texte qui n'a rien de pacifique. La seule question est celle de l'interprétation : où commencent la corruption ou la guerre à Allah qui justifient de tuer ? La lecture du cinquième verset de la sourate 9 At-Tawbah (le repentir) peut justifier la punition des chrétiens trinitaires qui associent deux dieux à Dieu : "Après les mois sacrés, tuez les associateurs où que vous les trouviez..."

Sans doute beaucoup de musulmans souhaitent-ils vivre tranquillement et pouvoir respecter les obligations et les rites compatibles avec nos règles. Mais le zèle dans la fraternité déployé ces jours-ci, accompagné d'une déformation systématique du message, devrait nous inquiéter plus que nous rassurer. La complicité enthousiaste de l'Église, si favorable à l'immigration, à cette tromperie édulcorante devrait nous alarmer. Le résultat est qu'au lieu d'exiger des musulmans qui vivent en France qu'ils dénoncent immédiatement tout propos ou comportement salafiste, on en arrive à vouloir institutionnaliser l'islam, au sein d'une égalité laïque avec la religion indissociable de notre histoire et de notre culture.

Le crime paierait-il ? Comme l'égalité réelle est inséparable, aujourd'hui, de la discrimination positive, la dernière arrivée devrait même bénéficier d'un financement grâce à une taxe sur les produits halal et d'une formation des imams. C'est là vouloir ignorer le second versant du problème : beaucoup de musulmans, y compris les double nationaux, restent liés à leur pays d'origine ou se sentent davantage musulmans que français. La solution doit donc d'abord consister à réformer nos politiques d'immigration et d'accès à la nationalité. Le reste est bavardage, ce bavardage qui empêche toute réflexion.

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3 août 2016

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