Voilà que les Insoumis se plaignent d'être diabolisés ! Ils s'y connaissent pourtant, en diabolisation, eux qui, dès le soir du premier tour, criaient avec leur patron Mélenchon : « Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen. » Non seulement ils favorisaient objectivement l'élection de Macron, mais ils présentaient son adversaire comme une diablesse qu'il fallait absolument ostraciser. Chacun son tour, pourrait-on se dire avec quelque amusement, si la diabolisation n'était pas la négation du débat démocratique et de l'intelligence.

Ce dimanche matin, sur CNews et Europe 1, Adrien Quatennens, une figure montante des Insoumis, qui n'est ni le plus sectaire ni le moins sympathique de la bande, a dénoncé « l'acharnement » qui viendrait « de la presse de droite et d'extrême droite » contre la NUPES, la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale. Il a brandi la une du Point qui titre « La vérité sur M. Mélenchon » et le compare à Marine Le Pen, l'affublant de surcroît de sous-titres ravageurs : « Europhobie, nationalisme, charlatanisme économique, goût pour les dictateurs... » Le pauvre Quatennens, qui ajoute avec ironie d'autres qualificatifs comme « satanisme » et « mangeurs d'enfants », s'en tire en déclarant que ce tir de barrage est « le meilleur des sondages ».

Un peu plus tard, sur BFM TV, Clémentine Autain, l'une des pasionarias de La France insoumise, n'apprécie guère que les journalistes, en appuyant là où ça fait mal, l'interrogent sur l'affaire Taha Bouhafs, qui a décidé de jeter l'éponge et de retirer sa candidature à Vénissieux. Jean-Luc Mélenchon avait déjà déclaré qu'« une meute s’est acharnée contre lui », l'élue LFI se défend en soulignant que toutes les autres formations politiques sont confrontées à de telles situations. « J’ai l’impression qu’il y a une volonté de nuire à notre Nouvelle Union populaire, écologique et sociale », déclare-t-elle, ajoutant, pour preuve de bonne foi, que son parti a agi vite, dès qu'il a connu les faits.

Il n'est jamais agréable d'être diabolisé et ces protestations seraient compréhensibles si les Insoumis, Mélenchon en tête, n'étaient pas coutumiers de cette pratique, qu'ils dénoncent quand elle les touche. Celui qui se voit Premier ministre avait d'ailleurs réagi, dans un tweet, en qualifiant Le Point de « tract d'extrême droite. Pas un journal », ce qui montre son sens de la nuance. On se souvient aussi de la façon dont il traita Éric Zemmour, dans l'émission « Face à Baba », lui assenant : « À la niche ! Aaaaah, la paix, le chien ! » Et il n'est pas le dernier, depuis des années, à avoir pris une part active à la diabolisation de Marine Le Pen.

Quelle que soit la cible, la diabolisation, comme l'insulte, est l'argument de ceux qui n'en ont pas. Cette rhétorique permet de rassembler, dans un réflexe grégaire, contre un ennemi commun sans qu'on ait besoin de s'expliquer. On ne déjeune pas avec le diable, fût-ce avec une très longue cuiller. La gauche et l'extrême gauche en sont friandes, vestiges de leur sympathie pour des régimes totalitaires. Même les communistes, qui oublient leur histoire, se prennent pour des enfants de chœur. La bien-pensance, plus généralement, ne s'en prive pas : elle a si bonne conscience et la certitude d'avoir raison !

Il reste que les mélenchonistes n'ont pas tort de dénoncer la diabolisation qu'ils subissent actuellement – d'autant plus qu'il serait facile de leur opposer des arguments véritables, comme la connivence d'une partie d'entre eux avec l'islamo-gauchisme ou les déconstructeurs de l'Histoire, qui n'est pas un fantasme. Mais le plus drôle, dans cette affaire, c'est que, pour une fois, ils subissent, comme l'arroseur arrosé, le contrecoup des coups qu'ils aiment porter.

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15 mai 2022 à 20:40

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28 commentaires

  1. Le pseudo-spartakiste et ses affidés goûtent un peu aux joies du  » lynchage » médiatique, et méchamment, ça me régale.
    Un autre numéro du Point titrait:  » Mélenchon, sors de ce corps ! » , mais il n’a pas provoqué d’ire.
    Son programme économique ferait de la France un nouveau Venezuela, l’islamisme en plus!

  2. Melenchon LFI ce sont les héritiers de Robespierre et de Staline, les admirateurs de Chavez et de Maduro, qui ont viré vers l’islamo gauchisme pour avoir des électeurs. Le diable, je ne sais pas. Mais l’enfer certainement.

  3. Vous retirez les nantis des administrations publics ou territoriales et le Melanchon n’aurait pas grand monde

  4. Plus que le bouffon du système dont il fait parti, Mélenchon n’est là que pour amuser la gallérie, et servir de catalyseur. Une Le Pen de gauche en quelque sorte.
    Les libéraux à la chinoise sont morts de rire à l’entendre…

  5. Comme on disait à Rome: « Hodie mihi, cras tibi » on peut aussi évoquer l’arroseur arrosé, le retour de manivelle, ou citant l’évangile de Mathieu: « qui gladio vivit, gladio peribit »

  6. Suite de mon commentaire : ( ci-après)
    En effet , cette France -là existe encore et ne veut pas mourir . Les gilets jaunes en ont été une expression ( pas toujours heureuse ) . Mais il existe aussi la France rurale invisible de ces théoriciens islamo-gauchistes aveugles ou en tout cas mal-voyant . C’est le défi des prochaines décennies .

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