Les manifestations pour la messe sont nées de la réaction de fidèles catholiques ayant mal supporté les décisions du Conseil d’État concernant le report de la reprise des cultes.

Cette ingérence de l'État dans les questions relatives au culte et à son organisation est vécue comme une agression contre la séparation des pouvoirs temporel et spirituel. Elle est vécue comme une atteinte au droit des fidèles de participer à la messe, bien spirituel essentiel du point de vue de la foi chrétienne.

Certes, ces réactions sont légitimes.

Cependant, il faut pouvoir distinguer ce qui, dans les revendications de ces catholiques, ressort de l’arbitrage de l’État et ce qui ressort de l’arbitrage de l’Église. Or, il y a une confusion entre ces deux revendications, ce qui explique aussi pourquoi elles restent inaudibles et parfois mal perçues.

La revendication pour la messe est une demande adressée aux pasteurs de l’Église qui, comme une mère, se doit d’écouter ses enfants. C’est elle qui est centrée sur l’Eucharistie, source et sommet de la vie de l’Église et de la vie des baptisés.

Mais cette revendication ne peut pas être adressée à l’État. L’État, par principe, ne peut pas établir que la messe est un bien légitime ou essentiel. Par contre, il peut et doit entendre les revendications des croyants sur la liberté du culte, dont il est en principe le garant dans un pays démocratique.

Pour quelle raison des catholiques manifestent-ils aujourd’hui ou devraient manifester ?

Pour le rétablissement de la liberté de culte, et non seulement pour la « restitution » de la messe. Car la liberté de culte va bien au-delà de la seule messe, quand bien même nous pensons qu’il n’y a pas d’idéal plus élevé.

Parce que revendiquer seulement la messe, c’est oublier que ce qui fonde le bien commun, c’est la liberté de culte, et que par là même, elle inclut nécessairement les autres cultes.

La liberté de culte est la matrice de toutes les autres libertés, comme le soulignait très justement Guillaume de Prémare, le délégué général d’Ichtus.

Ainsi, si nous pouvons légitimement adresser une supplique à nos évêques sur notre besoin de messes, nous ne pouvons le faire dans l’espace public qu’à la condition de l’associer explicitement à la défense de la liberté du culte. En demandant seulement « la messe pour quelques-uns », non seulement nous ne serons pas entendus, mais en plus, faisant cela, nous réduisons la défense du bien commun à une affaire de prérogative, nous demandons une faveur dont nous excluons de fait tous les autres.

Là où nous deviendrons audibles, c’est lorsque nous demanderons, au nom de tous les croyants, le respect de la liberté de culte pour tous, principe constitutionnel.

En appelant les croyants de toute confession à se joindre à un mouvement pacifique, silencieux. Pourquoi le silence ? Parce qu’il est le mieux adapté à l’expression de la conscience humaine et qu’il permet la prière individuelle.

Parce que « catholique » signifie « universel », nous ne pouvons pas nous contenter de défendre notre seule chapelle, quand nous sommes appelés, du fait même de notre foi, à être témoins et garants de la liberté de croire pour tous. Et, au-delà, de toute liberté.

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21 novembre 2020 à 16:35

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