La grippe s’en va, paraît-il, c’est le printemps qui revient... sauf pour Marisol Touraine. Vous avez tous lu dans vos quotidiens cette semaine que cette épidémie de grippe a fait plus de 19.000 morts supplémentaires cet hiver. Ces morts sont appelés "supplémentaires" par rapport aux statistiques de décès annuels.
Alors dans la grande communication d’État, relayée par les journalistes installés, on vous a tout dit, ou presque. On a argumenté tout d’abord sur le fait que le vaccin, cette année, « était moins actif ». Même si c’est vrai, il est quand même protecteur. On a aussi expliqué que les Français s’étaient moins fait vacciner. C’est peut-être partiellement vrai, mais pas suffisant. En revanche, les véritables raisons de cette épidémie non contrôlée ne vous ont pas été révélées, uniquement parce qu’elles mettent en cause le ministère.
Jusqu’en 2014 il existait un réseau de surveillance privé des grippes appelé GROG (Groupes régionaux d'observation de la grippe). Ce réseau existait depuis plus de trente ans, il était constitué d’un centre de regroupement et de très nombreux médecins libéraux de ville. La surveillance était très active, les médecins réalisant des tests en laboratoire pour détecter quel type de grippe sévissait. Une fois ces tests réalisés, ils étaient centralisés et le réseau permettait d’anticiper. Parallèlement à ce réseau GROG existait le réseau Sentinelle, qui se bornait à constater les avancées des épidémies, et bien sûr l’INSERM, spécialisé dans la recherche. GROG recevait une subvention de l’État pour faire ce travail essentiel.
Marisol Touraine et les énarques du ministère de la Santé n’ont rien trouvé de mieux, en 2014, que de supprimer ce réseau, pour des raisons d’économie. Décision d’État, il ne reste plus que le réseau Sentinelle et l’INSERM, qui ne coûtent presque rien. Plus de subvention, la direction de GROG a licencié son personnel sans que personne n’en parle, au mois d’octobre 2014. Le résultat ne s’est pas fait attendre : l’épidémie 2014-2015 est une catastrophe. J’ai questionné un médecin libéral qui était correspondant de GROG. Elle m’a répondu que plus personne ne demandait ces tests permettant de définir le type de virus, qu’elle continuait à en prescrire mais que le laboratoire d’analyse lui disait que "cela ne se faisait plus". Elle soupçonne, là aussi, une volonté de faire des économies, ce test étant remboursé par la Sécurité sociale. Personne n’en parle, donc plus personne ne l’utilise. CQFD.
Nous avons tous vu, après coup, les gesticulations du ministre, mettant en place un plan ORSAN (Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) qui n'existe pas encore, pour tenter de laisser croire qu’elle a agi. Sauf que l’épidémie était derrière elle. Alors, si les urgences sont au bord de l’explosion, si les médecins de ville n'en peuvent plus, si les personnes fragiles sont mortes de la grippe, ne cherchez pas : Marisol Touraine et son ministère de la Mauvaise Santé n'y sont pas pour rien. Souvenez-vous, l’été de la canicule, un ministre de la Santé était apparu en polo (et en vacances) alors que les Français mouraient en nombre : il a été limogé en 24 heures. Il serait bon que cette vérité grippale soit connue et que le ministre soit limogé avant que la manifestation pour sauver la santé, dimanche, ne le jette dehors avec fracas.
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