La nature a horreur du vide. Lorsque l’État est défaillant et renonce à l’une de ses fonctions régaliennes les plus importantes – la sécurité des citoyens –, faut-il s’étonner de voir les gens réagir en organisant, eux-mêmes, leur propre sécurité et celle de leurs proches ?

Mais où avez-vous vu que l’État ne joue pas son rôle ? demanderont les candides. Réponse : le ministre de la Ville, Patrick Kanner, au lendemain des attentats de Bruxelles – 32 morts et 340 blessés -, a avoué que la France comptait "une centaine de villes, qui présentent des similitudes potentielles avec Molenbeek". Tous les jours, ou presque, des voyous encapuchonnés sèment la terreur dans nos villes, brûlent des voitures, attaquent les gens chez eux, agressent les policiers ou les pompiers, sous le nez des forces de l‘ordre à qui l’on interdit de réagir pour ne pas « stigmatiser » ou pour éviter que la situation s’envenime. Les zones de non-droit – entendez des quartiers interdits aux policiers – existent par dizaines, en dépit des ridicules démentis des autorités. Autrement dit, place aux voyous et vous, bonnes gens, rentrez aux abris.

Eh bien ! les braves gens en ont marre. Et, en plus, ils ont peur. Peur que ces sauvages volontairement impunis leur tombent sur le râble, agressent et violent leurs femmes, martyrisent leurs enfants, esquintent leurs maisons, leurs voitures, peur de devoir baisser le nez dans le caniveau pour ne pas croiser le regard haineux des caïds imprévisibles et des loubards à coutelas. Ras-le-bol + peur : le cocktail est explosif.

Alors, on s’arme. Les Américains disent : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. » Ils ont fait du port d’armes un droit fondamental garanti par la Constitution : tel est le deuxième amendement, adopté en 1791 et auquel les Américains tiennent par-dessus tout.

En France aussi, on s’arme. Les inscriptions dans les clubs de tir ont augmenté de 40 % entre 2011 et 2016. Il est impossible de connaître le nombre d’armes en circulation ; des études avancent le chiffre de 10 millions, dont seuls 4 millions sont légalement détenus. On observe également une hausse impressionnante du nombre d’armes saisies dans les opérations autorisées par l’état d’urgence. Une association a vu le jour : l’ARPAC, Association pour le rétablissement du port d’arme citoyen, créée par "des citoyens soucieux de leur sécurité et de leur liberté". Ils ont trouvé une jolie phrase pour justifier leur existence : "Nous ne devons pas rester des moutons depuis que les loups sont dans la bergerie." Pas de bol : le berger s’est absenté.

Au président du tribunal qui lui reprochait son idylle avec un Allemand pendant la guerre, Arletty répliqua : "Il ne fallait pas les laisser entrer !" L’histoire se répète : tant que la puissance publique baissera les bras devant les voyous, les délinquants, les criminels, tant qu’elle laissera le champ libre aux assassins, aux violeurs et aux prédateurs, les honnêtes gens se mettront en mesure de suppléer cette irresponsable carence de l’État.

Qui leur tirera la première balle ?

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4 novembre 2016

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