La chute de Kaboul : la fin d’un ordre

TALIBANS

Kaboul depuis dimanche, saisie sans coup férir par les talibans sûrs de leur victoire et de leur ascendant sur la population d’un pays qui ne fut jamais une nation et dont l’État était incapable de prendre en compte les aspirations de ses ethnies. Sanaa et sa région déchirées depuis des mois avec des Yéménites qui ne cessent de se battre sur fond de rivalités internes alimentées et exploitées par l’Arabie saoudite et l’Iran. Beyrouth sans État où les politiques préfèrent le naufrage collectif plutôt que de perdre la face. Un Sahel tenu bout de bras par la France. Al-Qaïda par là poursuivant sa gangrène et ses conquêtes idéologiques. Daech entre Syrie et Irak, subsistant tel un scorpion dans le désert. Le nord du Mozambique fragilisé par des « franchises » se réclamant d’Al-Qaïda. Des États empires aux nouvelles ambitions comme la Chine ou la Turquie, conscientes désormais que le modèle occidental qui prévalait depuis le 18e siècle est désormais obsolète, que la démocratie ne sert à rien et que seuls les pouvoirs forts comme les « démocratures » sont capables de diriger un pays, que ce soit via la charia ou un autre mode de gouvernance avec un parti omniprésent et/ou une répression immédiate de toute opposition grâce à l'outil numérique...

Triste bilan avec des États-Unis qui ont perdu depuis longtemps leur capacité d'attraction, où les excès du « wokisme » et de la revendication identitaire et genrée ont détruit l'espace de réflexion intellectuelle que constituaient les universités, avec une Europe juste capable de produire des normes contraignantes et improductives au final, sans aucun projet fédérateur, avec des opinions publiques en France qui crient à la « dictature sanitaire » sans se rendre compte que la pandémie du Covid-19 est une réalité avec ses cortèges de deuils et de souffrance. Qu'ils aillent à Kaboul ou à Téhéran, ou Pyongyang ! Avec des écolos qui pensent sauver le monde en imposant la trottinette et le régime vegan et qui ne voient pas que le monde brûle, certes du réchauffement climatique qui est une réalité avérée, mais surtout de la violence et des haines alimentées par une idéologie totalitaire et combattante.

Avec des responsables européens ne voyant pas que le monde a basculé vers l’Indopacifique et que les règles du jeu ont désormais changé en privilégiant désormais la loi du rapport de force et de la puissance brute. On se dirige vers une néo-féodalisation où les États les moins construits et les plus dépendants vont chercher la protection d’un État suzerain, quitte à se voiler la face sur certaines contraintes et accepter une souveraineté limitée comme lorsque l’URSS contrôlait l’espace est-européen, laissant des miettes aux « démocraties populaires ». Et à y regarder de plus près, on retrouve le grand mécanisme de l’Histoire avec ses conquêtes, ses frontières défaites et ses peuples asservis. L’illusion de l’égalité des nations est désormais bien morte. Ce mouvement est désormais irréversible, ne serait-ce que par les déséquilibres démographiques et économiques entre des territoires désormais en concurrence.

L’Europe, dont la France, doivent se rendre compte que l’espace de liberté et de prospérité qui a été créé depuis 1945 et étendu à partir de 1989 est plus que jamais menacé. Il doit être protégé, non pas par un repli sur soi. Aucune citadelle n’est imprenable, disait Vauban, mais en acceptant de payer le prix pour sa défense et pour cesser de rester aveugle face aux fracas du monde.

La rentrée va être difficile.

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