Ce vendredi 18 janvier, Emmanuel Macron est à Souillac, dans le Lot, pour une nouvelle étape du grand débat national, à la rencontre des maires de la région Occitanie.

Julien Sanchez, maire RN de Beaucaire, 4e ville du Gard, dénonce l'absence de pluralisme dans la sélection des maires et l'exclusion de certains "au bénéfice de l'entre-soi".

Emmanuel Macron poursuit sa tournée des maires dans le Lot, pas très loin de votre commune. Vous êtes étonné de ne pas avoir été convié à cette réunion malgré votre souhait de vouloir y participer. Avez-vous reçu des explications ?

Le président de la République se déplace dans chaque région pour rencontrer les maires dans le cadre, soi-disant, d’un grand débat. Il est arrivé dans le Lot, en région Occitanie.
J’aurais pu être convié à deux titres. D’abord, je suis le président du principal groupe d’opposition au conseil régional. Nous sommes 38 élus du Rassemblement national sur 157 membres du conseil régional. Ensuite, je suis maire de Beaucaire, dans le Gard.
J’ai appris que monsieur Macron avait sélectionné 50 maires de mon département pour le rencontrer. Je me suis demandé comment ces 50 maires avaient été sélectionnés. On m’a dit qu’ils avaient été sélectionnés en vertu du respect du pluralisme.
Dans mon département, Marine Le Pen a fait 45 % à l’élection présidentielle et je suis maire Rassemblement national de la 4e ville du Gard. Je suis donc un peu étonné de ne pas être invité à ce pseudo-grand débat.

Vous semblez dire que l’objectif ne serait pas la représentativité mais plutôt de créer une ambiance sereine avec des maires un peu acquis à la politique du gouvernement...

Ce n’est pas un débat mais une opération de com'. Un tri est fait entre les élus dignes de parler au président de la République et ceux qui en sont indignes.
Trier, c’est pratiquer l’exclusion et la discrimination. Soit on rencontre tous les maires, soit on ne les rencontre pas. On ne peut pas dire "Je vais rencontrer les maires" alors qu’en fait, il rencontre des maires sélectionnés pour lui pour ne pas qu’il ait en face de lui des gens qui pensent différemment de lui.
Le président de la République n’a absolument rien appris des épreuves qu’il traverse face aux Français comme face aux élus. Il poursuit sa façon de faire, c’est-à-dire le mépris, l’injure et l’exclusion au bénéfice de l’entre-soi.

La région Occitanie est empreinte d’une très forte mobilisation des gilets jaunes depuis le début des manifestations. On imagine que vous avez été à leur contact.
Quelles revendications auriez-vous voulu faire remonter à cette réunion ?

Je suis effectivement allé voir des gilets jaunes. J’ai participé aux manifestations, notamment le premier jour, le 17 novembre, dans ma commune. On nous dit que les Français ne font pas assez d’efforts. Ils en font et payent beaucoup d’impôts. Ils ne peuvent pas vivre du fruit de leur travail ou de leur retraite.
Quand le Président nous dit que les Français ne font pas assez d’efforts, j’ai envie de lui dire qu’ils en font. Par exemple, le fait de loger, nourrir, soigner et scolariser à nos frais l’immigration massive encouragée par le gouvernement coûte beaucoup d’argent. Nous pourrions nous en dispenser.
Le fruit du fonctionnement de l’Union européenne. Rappelons que la France est contributeur net à hauteur de huit milliards d’euros par an.
Il y a la fraude sociale et l’évasion fiscale des grands groupes. Le pouvoir en place est incapable de les combattre.
Le coût de la délinquance quotidienne, de la politique de la ville dans les centaines de zones de non-droit aux mains de narcotrafiquants et d’islamistes, selon Gérard Collomb. Il faut payer la délinquance. Ce sont aussi des efforts des Français.
Enfin, on peut citer les frais de fonctionnement de centaines d’observatoires et de comités en tous genres. Tous ces exemples sont des efforts fournis par les Français, qui sont inutiles et dont on pourrait se passer ou les réduire largement.
Voilà ce que j’aurais voulu faire remonter au Président. Je voulais aussi lui dire d’arrêter sa défiance à l’égard des maires. Nous sommes des élus de proximité. Nous portons beaucoup d’investissements pour nos territoires. Or, nous avons de moins en moins de dotations de la part de l’État. On aimerait que l’État nous soutienne encore plus pour nos investissements locaux, qui sont des équipements structurants pour les territoires. S’il y a de l’argent à mettre, c’est aussi dans les communes et dans le pouvoir d’achat des Français plutôt que dans toutes les dépenses que j’ai listées et qui ne sont pas indispensables.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/01/2019 à 17:27.

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18 janvier 2019 à 18:48

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