Pour éviter la tentation qu’il semble considérer comme une seconde nature des élus, Julien Dray, apparatchik du socialisme canal historique, propose de doubler le salaire des députés. Voilà qui va assurément réconcilier le PS avec les sans-dents…
Drôle de bonhomme, ce Julien Dray. Militant trotskiste à la LCR, vice-président de l’UNEF-ID avant de rejoindre le Parti socialiste de Mitterrand et de fonder SOS Racisme avec Harlem Désir, c’est sous ses rondeurs un esthète ; un petit chose accro aux belles choses qui n’a toujours vécu qu’en politique.
Député de 1988 à 2012, conseiller régional d’Île-de-France depuis 1988, viré en 2015 de l’Essonne où les électeurs en avaient marre de sa bobine, il est repêché par Claude Bartolone (actuel président de l’Assemblée nationale en route vers Macron) qui le parachute dans le Val-de-Marne. À ce jour, Julien Dray est le cinquième vice-président de région chargé de la Culture. C’est dire que ce jovial pied-noir natif de l’Oranais n’a pas connu autre chose, depuis le lycée, que les bancs des assemblées parlementaires. Il y a mené une jolie carrière semblable à celle de tous ses amis agitateurs d’extrême gauche, meneurs des manifestations estudiantines avant d’aller pantoufler sous les ors de la République : Harlem Désir, David Assouline, Benoît Hamon, Nasser Ramdane, Bruno Julliard, Delphine Batho, Isabelle Thomas… tous passé par la FIDL, l’UNEF et SOS Racisme.
S’il n’a jamais gagné sa vie ailleurs qu’en politique, Julien Dray n’en est pas moins un homme de passion, et même de chères passions. À tel point qu’en 2009, TRACFIN - le service anti-blanchiment du ministère des Finances - s’est intéressé de très près à la surchauffe de sa carte American Express Centurion (modèle spécial VIP en titane !). Ils y ont découvert un vrai jeu de piste des boutiques de luxe, révélant que l’élu socialiste avait dépensé "au moins 313.180 euros entre décembre 2005 et 2008, en montres, voyages et objets de luxe, dont plus de 130.000 euros pour ses seuls achats d’horlogerie sur le territoire français".
Quand on aime, on ne compte pas, c’est connu. Mais on ne peut, du coup, s’empêcher de faire un lien entre ces penchants onéreux et la dernière proposition de réforme de Julien Dray : moraliser le statut des députés en leur octroyant "9.000 euros nets" par mois, plus "une enveloppe de 3.000 euros mensuels de frais divers". Un minimum, assure-t-il.
À cela, il y aurait heureusement des contreparties et, pour commencer, l’interdiction des "emplois familiaux" qui, bien que payés par le contribuable, coûtent aujourd’hui si cher à François Fillon. C’est un "système généralisé", dit Julien Dray, qui "consiste à rémunérer ou à accorder des compléments de rémunération aux parlementaires à travers le système des collaborateurs".
On découvre, d’ailleurs, en suivant la démonstration de Julien Dray, qu’il existe un système encore plus subtil, et qui avait échappé sans doute à la plupart d’entre nous, pour améliorer l’ordinaires des élus : la permanence. Aujourd’hui, explique Le Point, auquel l’élu s’est confié, "les parlementaires achètent eux-mêmes avec l'argent du contribuable les locaux de leur permanence et, à la fin de leur mandat, ce bien revient dans leur patrimoine immobilier. C'est donc un local professionnel qui, en vérité, devient une source d'enrichissement personnel." Julien Dray propose donc que l’Assemblée achète elle-même les permanences et les mette à disposition des élus le temps de leur mandat. Enfin, c’est également l’Assemblée qui paierait directement les salaires des attachés parlementaires.
Mais alors, si tout est réglé en amont par le contribuable, où est la nécessité d’offrir un total de 12.000 euros à chaque député ? Réponse de Julien Dray : "Soyons sérieux, si on veut régler le problème de la corruption, un député a besoin de 9.000 euros nets par mois."
Les électeurs apprécieront.
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :