José Maria Ballester : « Le Maroc doit tenir ses engagements et l’Espagne de Pedro Sánchez avoir une politique extérieure moins maladroite »

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Lundi, des milliers de migrants ont envahi l'enclave espagnole de Ceuta. L'Espagne a déployé l'armée. Mise en perspective historique et diplomatique d'un événement sans précédent par ses proportions.

 

 

Plusieurs milliers de migrants affluent sur Ceuta, l’enclave espagnole sur le continent africain. Cette situation est-elle inédite ?

 

La pression migratoire sur Ceuta et Melilla, qui sont deux enclaves espagnoles au Maroc depuis le XVIe siècle, est constante. Là, il y a eu une nouvelle maladresse diplomatique du gouvernement de Pedro Sánchez qui a accueilli dans un hôpital espagnol un haut responsable responsable du Front Polisario du Sahara, l’ennemi numéro un du Maroc. Les Marocains ont rétorqué en « lâchant les vannes », pour ainsi dire.

 

 

L’armée espagnole est déployée pour contenir le flot des migrants. Cela peut-il entraîner des tensions entre le Maroc et l’Espagne ?

 

Le Maroc est l’un des principaux alliés de l’Espagne, mais un allié difficile. Le Maroc revendique depuis longtemps Ceuta et Melilla. Mais le Maroc ne se rend pas vraiment compte que ces deux enclaves sont aussi des frontières extérieures de l’Union européenne. Donc, si le Maroc permet un flux migratoire massif de son territoire vers l’Espagne, l’Espagne mais aussi toute l’Union européenne seront dans une situation délicate puisque ce sont des frontières de l’Union européenne. Peut-être que le Maroc a commis une erreur de calcul, mais la pression migratoire sur ces deux enclaves est constante depuis 25 ans.

 

Y a-t-il une solution ?

 

Une solution stable à long terme est difficile à envisager en ce moment. Il faut respecter le statut quo et que chaque pays tienne ses engagements : le Maroc doit tenir ses engagements en matière de contrôle de l’immigration et l’Espagne doit avoir une politique extérieure moins maladroite. Le problème du Sahara est très complexe. Le Maroc est en position de force mais le Front Polisario a comme allié l’Algérie et joue de cette alliance. Le 29 mars dernier, le ministre des Affaires étrangères algérien en visite à Madrid a rencontré son homologue espagnol et lui a demandé d’accueillir dans un hôpital espagnol ce responsable du Front Polisario pour des raisons humanitaires. Le ministre a accepté. L’homme est arrivé en Espagne le 18 avril dans un avion médicalisé. Or, le ministre n’avait pas prévenu ses collègues de l’Intérieur et de la Défense. Dès qu’il ont appris cela, ils ont prévenu que le Maroc le prendrait très mal.

José Maria Ballester
José Maria Ballester
Journaliste espagnol

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