La jolie façade de la loi Taubira se lézarde. Parmi les candidats à l’UMP, Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire veulent désormais la réécrire pour refermer la boîte de Pandore de la PMA et de la GPA, se rapprochant de la position d’Hervé Mariton en faveur d’une abrogation et d’un contrat d’union civile. Parmi les candidats à la primaire à droite pour la présidentielle, Xavier Bertrand s’est aligné sur Hervé Mariton, et Alain Juppé n’exclut plus une réécriture. À l’UDI, Jean-Christophe Fromentin, qui a mouillé la chemise dans les manifestations, présente également de bonnes chances de prendre le parti.
Au Sénat, Gérard Larcher, qui a battu le pavé parisien l’an dernier, a emporté la présidence en écrasant un Jean-Pierre Raffarin plus timoré sur la question. Bruno Retailleau, en pointe sur le sujet, a été élu président d’un groupe UMP désormais majoritaire, tandis que Jean-Pierre Michel, le très intolérant rapporteur de la loi Taubira, (Frigide Barjot représentant « la pire homophobie », il refusa de l’auditionner), se faisait balayer dans son fief de Haute-Saône.
Cela n’est pas sans rappeler quelques cas emblématiques des municipales. Geneviève Gaillard, qui avait affiché le drapeau gay sur sa mairie pendant les Jeux olympiques de Sotchi, laminée à Niort, ville acquise à la gauche depuis près de 60 ans, pendant que Patrick Mennucci mettait sa déroute marseillaise sur le dos d’une loi peu prisée de l’électorat musulman (mais pas seulement !). À droite, NKM et Fabienne Keller, qui se sont abstenues sur le texte, ont connu les deux plus grands revers de l’UMP, à Paris et Strasbourg.
Bref, la loi Taubira n’a pas fini de faire parler d’elle, tant à droite qu’à gauche, où l’opposition à la PMA (José Bové) et la GPA (Manuels Valls, Marie-Noëlle Lienemann, Marie-George Buffet, etc.) se lève. Pas étonnant, vu que le débat a été jusque là tronqué par un PS obnubilé par la satisfaction d’un lobby petit par la taille mais grand par le pouvoir médiatique, voire financier ― messieurs Bergé et Augier ayant largement abondé à la campagne présidentielle de François Hollande et connaissant ses petits secrets, mieux gardés que ceux de Bygmalion.
Le grand oublié du débat, c’est bien sûr le plus petit : l’enfant. L’enfant, corps et esprit, et son droit à s’inscrire dans une cellule familiale autant biologique que sociale, creuset où se transmettent les gènes autant que les valeurs, où poussent les racines autant que les ailes. Certes, le petit d’homme obtenu par PMA ou GPA pour être adopté pourra rivaliser de risettes pour sa mère biologique et sa mère adoptive, son père biologique et son père adoptif. Mais tout l’amour du monde n’y pourra rien changer : adolescent, il cherchera en vain son père inconnu, sa mère fantôme. Comme nombre d’adoptés, il souffrira de cette impossibilité à savoir d’où il vient, préalable indispensable pour savoir où aller. Sa douleur ne s’étalera pas sur les plateaux-télés, mais dans l’intimité des cabinets de psychologues. La nier empêchera de la soulager.
La grande « loi d’égalité » qu’on nous a vendue ne l’est pas pour tous, loin s’en faut ! Cette vérité, les défenseurs des droits de l’enfant l’ont criée lors de cinq manifestations nationales depuis deux ans, rassemblant toutes entre un demi-million et un million et demi de personnes. Autant de cris à l’image du peuple hébreu claironnant sept tours durant au pied des remparts de Jéricho, sous les rires des assiégés. « À la septième fois, les murailles tombèrent », a écrit Victor Hugo dans un vers d’une sobriété magistrale. Le 5 octobre 2014, c’était le cinquième tour.
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