Le Premier ministre irakien sortant, Nouri a-Maliki, affirme vouloir rester à son poste malgré son bilan désastreux et les appels de sa propre communauté, chiite, pour qu’il cède la place à un gouvernement d’union. Mais depuis, une offensive de l’EEIL sunnite (Etat Islamique d’Irak et du Levant) a balayé l’armée irakienne du nord-est du pays, a pris le contrôle de la deuxième ville du pays, Mossoul, et menace même la capitale Bagdad.
Face à cette situation, Maliki n’a trouvé d’autres solutions que le limogeage d’officiers supérieurs de l’armée ainsi qu’une proposition d’amnistie aux tribus sunnites qui ont pris les armes contre le pouvoir central en rejoignant les djihadistes de l’EEIL.
Or toutes ses gesticulations ne servent à rien car les faits sont têtus. En effet, les échecs de l’armée irakienne ne sont dus qu’à son manque d’expérience et à la corruption de ses dirigeants. Quant aux tribus sunnites, humiliées et maltraitées depuis la chute de Saddam Hussein par le pouvoir chiite, elles attendent depuis leur revanche. Et voilà qu’un groupe de fondamentalistes sunnites vient les “libérer” avec, comme projet, la fondation d’un Califat, autrement dit de concrétiser le rêve de tout musulman voulant appliquer les lois coraniques, ce qui est le cas de la majorité d’entre eux, on ne le rappellera jamais assez.
D’autre part, les troupes rebelles ne s’appuient pas que sur les tribus sunnites, elles bénéficient aussi et surtout du soutien technique d’anciens officiers de Saddam Hussein, qui ont eux une expérience solide de la guerre.
Il n’en demeure pas moins qu’une question cruciale se pose : D’où viennent les armes lourdes de l’EEIL ? Car s’il est aisé de se procurer des armes légères dans ses régions et même des financements par l’intermédiaire d’organisations islamiques camouflées sous l’étiquette humanitaire, s’équiper de canons de gros calibres, de chars et de roquettes n’est pas à la portée de n’importe qui. Nous pouvons affirmer aujourd’hui sans risque de nous tromper que l’EEIL est soutenu militairement par l’Arabie saoudite et dans une moindre mesure par d’autres pays du Golfe et la Turquie, ne serait-ce que pour l’acheminement du matériel même si cette dernière le nie et fait mine d’en être une des victimes.
Finalement, rien de surprenant, l’EEIL défend et veut appliquer des principes qui sont ceux du royaume wahhabite d’Arabie, ni plus ni moins. De plus, Abou Bakr Al-Baghdadi, le nouveau Calife auto-proclamé de l’État islamique à cheval sur la Syrie et l’Irak prend soin de ne pas mentionner le royaume comme faisant partie du califat islamique, se contentant de parler des émirats du Golfe, de la Syrie, de la Jordanie et du Liban, en plus de l'Irak bien sûr.
L’avenir demeure toutefois très incertain même s’il semble s’acheminer vers un redécoupage de la région en trois entités chiite (sud de l’Irak), sunnite (à cheval sur la Syrie et le nord de l’Irak) et Kurde (nord de la Syrie et nord de l’Irak). La politique américaine et ses virages à 180° passant brutalement d’une vielle alliance avec les pays du Golfe à une nouvelle avec l’Iran (pour des raison longues à expliquer ici) peut tout faire basculer ou pas, c’est selon le degré de bêtises et d’incompétence des dirigeants yankee.