Inscription de l’IVG dans la Constitution : Emmanuel Macron donne son feu vert. La grande peur des féministes

Le 8 mars, traditionnelle Journée de la femme, chacun y est allé de son couplet sur « le droit des femmes », comme si on ne pouvait pas célébrer la femme sans faire un arrêt obligé sur l’IVG. Qui dit femme dit IVG : que vous le vouliez ou non, que vous le compreniez ou non, c’est comme ça.

Emmanuel Macron n’a pas dérogé à cet exercice. Avec force pathos sur les femmes qui « luttent » quotidiennement pour conquérir ou préserver ce droit, il a annoncé, en marge de la cérémonie nationale consacrée à Gisèle Halimi, son projet d’inscrire l’IVG dans la Constitution.

Les réactions ont immédiatement fusé pour célébrer cette nouvelle « avancée » qui consiste, en réalité, à figer dans le marbre une loi que nul ne pourra à l’avenir contester. Emmanuel Macron le confirme : « Assurer solennellement que rien ne pourra entraver ou défaire ce qui sera irréversible. » Cette disposition rappelle comme en écho cette phrase de Saint-Just jaillie des tréfonds de l’Histoire : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »

En matière de respect de la liberté, de choix, mais aussi de conscience, on a fait mieux depuis. Quant au respect de la vie de l’enfant conçu depuis la conception, qui figure dans l’article 16 du Code civil (« La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie »), on ne sait pas quel sort lui sera réservé : il n’est en effet pas possible de concilier la « liberté d’avorter » avec le respect de la vie depuis la conception. Mais broutille que tout cela.

Élisabeth Borne a communiqué par ces mots, emphatiques : « Garantir la liberté des femmes. Toujours. » Isabelle Rome, ministre délégué en charge de l’Égalité, a elle aussi salué le « geste très fort de la France au monde entier », ce projet étant digne à ses yeux du « pays des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme ».

Tout ce petit monde bien-pensant se congratulait, comme si la nouvelle Terre promise se profilait enfin à l’horizon.

Sauf que le projet annoncé ne semble pas correspondre aux attentes de certaines féministes. En effet, le chef de l’État a précisé que cela se ferait « dans le cadre d’un projet de loi constitutionnelle » plus globale, et non via un texte spécifique.

Ainsi, la présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a alerté « solennellement » sur Twitter : « Ce serait le meilleur moyen pour le Président de faire échouer cette occasion historique, et il en porterait l’entière responsabilité. » Quant à la sénatrice EELV Mélanie Vogel, elle-même auteur d’un texte sur le sujet en octobre dernier, rejeté par le Sénat, elle a renchéri sur Twitter : « Le fait d’inclure l’inscription du droit à l’IVG dans un projet constitutionnel plus large, comportant des dispositions qui ne feraient pas consensus, est un non-sens démocratique. »

Dès le 8 mars, après ce début de polémique, l’Élysée a confirmé auprès du HuffPost que « ce sera dans le cadre d’un projet de loi constitutionnel d’ensemble élaboré dans une recherche de consensus à l’image de celui existant déjà sur la question de l’IVG » et que le terme « liberté » sera bien présent dans le texte. C'est là le hic, à gauche et chez les féministes, qui préféreraient voir les termes « droit à l'IVG » à celui de « liberté ».

Quoi qu’il arrive, ce projet semble se mordre la queue lui-même puisqu’au fond, il vise à empêcher toute pensée critique sur la question de l’avortement. Par ailleurs, qui dit « liberté » d’avorter dit également « liberté » d’y renoncer. Et là, visiblement, le sujet n'est pas d'actualité.

Sabine Faivre
Sabine Faivre
Auteur, essayiste

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Ce sujet devrait être débattu, c’est une évidence ! Et au moins qu’il reviennes à 12 semaines !
    En revanche, pour une fois, je suis d’accord avec LFI et les néo « féministes » qui réclament que ce sujet soit voté séparément.
    En fait, il faudrait que chaque article de cet amendement de la constitution fasse l’objet d’un référendum où l’on pourrait voter oui ou non pour chacun ! Les lois fourre-tout, surtout en matière constitutionnelle sont des aberrations !

  2. La Constitution n’est pas un fourre-tout dans lequel on met en dur les dernières tendances d’une société, ca devrait être un cadre dans lequel on écrit les lois qui régissent notre société. Je suis complètement favorable à l’IVG avant un certain nombre de semaines (12, 14?), mais ca n’a rien à faire dans une Constitution. Finira-t-on par mettre la limitation de vitesse à 90 km/h, ou l’interdiction du glyphosate dans la Constitution ??

    • vous avez raison, jusqu’à présent la Constitution n’était modifiée (ce qui ne semble pas simple) que très rarement . Là il semble à l’évidence que le « droit à l’IVG » ne soit pas la seule raison et que le président Macron a d’autres sujets (sans doute plus nombreux que ce qu’il annonce) à insérer ou modifier dans la Constitution. Nous risquons d’être surpris, mais pas joyeux de ces nouvelles modifications.

  3. La FEMME creuse sa tombe. Ce qui en faisait un être exceptionnel, ce qui imposait le respect par-dessus tout, ce qui la rendait pratiquement intouchable, c’était ce pouvoir unique qu’elle détenait, celui de donner naissance à un être nouveau, fragile mais merveille de la nature, fruit de l’amour entre conjoints. En assurant, en veillant, en obligeant à l’exercice de l’IVG, elles sabordent leur pouvoir entrainant ainsi la destruction de leur auréole. Elles rentreront dans le rang. Les devoirs de courtoisie, de bienséance, de civilités à leur égard s’estomperont progressivement. Elles s’étonneront que leur féminité aura perdu toute sa valeur. Elle deviendront simplement , comme les hommes, des objets de productions.

    • J’approuve; mais ne nous mettez pas toutes dans le même sac : Il restera des  » femmes » et la « Femme ».
      Quant à l’homme « objet de production », c’est exactement ça : pour compenser son handicap, il fallait qu’il se trouve des motifs à produire autre chose que sauter sur tout ce qui bouge… mais ne remontons pas jusqu’au paléolithique pour refaire l’histoire du monde quand ça a merdé ( figuré par Eve et le serpent, puisqu’il faut toujours rejeter la faute sur l’innocent…)

    • Effectivement c’est un sujet délicat et douloureux pour beaucoup de femmes, mais que la FEMME (actuelle) creuse sa la « femme creuse sa tombe » : il faut relativiser et rester modeste quant à l’être exceptionnel. Il y a bien longtemps que beaucoup de femmes ont pratiqué « l’avortement », quelle que soit leur religion, leur position sociale et grand nombre de nos ancêtres de ne sont pas posé la question du « droit », du respect de la légalité en se faisant aider des « faiseuses d’ange » ou par la suite en partant en Angleterre car c’était interdit en France. Mettre un enfant au monde ne fait pas de la femme un être « exceptionnel » et « intouchable », elle devient une Mère avec le devoir d’aimer et d’éduquer son enfant (en principe avec son partenaire). Que pourrez vous dire de l’idée qui vient de surgir d’un cerveau scientifique de « se servir des ventres des femmes en état de mort cérébral pour la gestation d’un embryon qui leur serait injecté » : et ça vous pouvez penser que c’est respectueux de et pour la FEMME ? nous ne sommes pas au bout de nos surprises : la porte donnant liberté aux horreurs est ouverte.

  4. En effet, cette volonté de priver le peuple de sa souveraineté est choquante (mais, hélas, pas surprenante de la part du régime actuel, à pulsions dictatoriales). – L’avortement au-delà de très peu de semaines après la conception, est une monstruosité, un meurtre. Nier l’existence du fœtus est abominable, contraindre le peuple à le subir m’évoque des pulsions nazies qui méprisent la vie d’autrui On parle souvent de féminicide, mais je considère l’avortement comme étant un infanticide. Ce n’est pas parce que les fœtus ne peuvent pas s’exprimer ni parce qu’on ne peut pas entendre leurs cris de douleur, qu’ils ne seraient que de la matière sans vie. – Donc, globalement, les femmes et les hommes peuvent être parfois tout aussi cruels (et heureusement, tout aussi admirables chez d’autres).

  5. Ce qui différencie la femme de l’homme, c’est ce pouvoir de porter un enfant . Tout le reste est « roupie de sansonnet ». Dans la plupart des pays, la ménopause est du reste la malédiction des femmes, la cessation définitive de leur féminité.

  6. La France qui veut avoir un coup d’avance mais qui n’analyse jamais les conséquences de ces décisions. Comme pour le lobby Trans dont certains transfuges sont traumatisés qu’en sera t’il de ceux qui le seront suite à IVG. Silence sur les ondes féministes.

    • la constitution? Elle n’est plus respectée, nous l’avons constaté notamment durant la crise sanitaire. Alors trouver un cheval de Troie pour la déconstruire, l’IVG tombe à pic.

  7. Voilà ce qui sera l’oeuvre de Macron : les préservatifs et les serviettes hygiéniques gratuits, et l’IVG dans la Constitution. Pour être juste, il faudrait ajouter la dette, la détérioration de l’image du pays à l’extérieur, la montée de la violence, l’affaiblissement de l’autorité, la propagation de cette maladie mentale qu’est le wokisme. Carton plein !

  8. On va introduire le droit de tuer dans la constitution : quel symbole !
    De plus la constitution n’est pas faite pour sacraliser les lubies sociétales du moment.
    La comparaison des 2 situations suivantes laisse songeur :
    – A juste raison, on va utiliser tous les moyens offerts par la médecine pour sauver un bébé prématuré de quelques mois.
    – Par contre, on a le droit de tuer un bébé juste avant sa naissance à 9 mois en cas de soit disant « détresse psychologique de la mère ».
    Cherchez l’erreur.

  9. On semble toujours oublier les nombreuses complications à la fois physiques et morales de l’IVG, on a l’impression à entendre parler les féministes dévoyées que c’est un acte anodin, c’est FAUX.

  10. Le système politique ne choisit pas les meilleurs, il choisit les plus conformes à sont idéologie, c’est dangereux pour notre société. Tant que le peuple en général est passif, apathique, diverti par le consumérisme où la haine des plus vulnérables, les puissants pourront faire ce qu’ils veulent.

  11. Décidément on développe la culture de mort plutôt que de privilégier la vie ! (IVG, euthanasie, suicide assisté ) ! N’en déplaise à certaines, si leur corps leur appartient , l’enfant qu’elle porte ne leur appartient pas !

    • Tout ce qui est fait, pourra un jour etre défait. L’islam que tous ces inconscients laissent prospérer dans ce pays va régler ces problèmes d’une facon radicale dans 30 ou 40 ans. Nous vivons les dernières décennies avant un grand basculement que nos féministes risquent de ne pas apprécier.

  12. Encore une bêtise de Macron. Il est certain qu’il n’y aura pas recours avec sa « dame ». Espérons que nos sénateurs et nos députés seront plus clair-voyant.

    • Détrompez-vous : la majorité sénatoriale de droite a déjà capitulé sur le sujet ; idem (même si cela n’a rien à voir) au sujet des éoliennes.

  13. Les mots ont un sens et le terme liberté prend ici tout son sens. Merci madame Faivre d’avoir souligné ce fait.

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