Le 8 mars, traditionnelle Journée de la femme, chacun y est allé de son couplet sur « le droit des femmes », comme si on ne pouvait pas célébrer la femme sans faire un arrêt obligé sur l’IVG. Qui dit femme dit IVG : que vous le vouliez ou non, que vous le compreniez ou non, c’est comme ça.

n’a pas dérogé à cet exercice. Avec force pathos sur les femmes qui « luttent » quotidiennement pour conquérir ou préserver ce droit, il a annoncé, en marge de la cérémonie nationale consacrée à Gisèle Halimi, son projet d’inscrire l’IVG dans la Constitution.

Les réactions ont immédiatement fusé pour célébrer cette nouvelle « avancée » qui consiste, en réalité, à figer dans le marbre une loi que nul ne pourra à l’avenir contester. le confirme : « Assurer solennellement que rien ne pourra entraver ou défaire ce qui sera irréversible. » Cette disposition rappelle comme en écho cette phrase de Saint-Just jaillie des tréfonds de l’Histoire : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »

En matière de respect de la liberté, de choix, mais aussi de conscience, on a fait mieux depuis. Quant au respect de la vie de l’enfant conçu depuis la conception, qui figure dans l’article 16 du Code civil (« La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie »), on ne sait pas quel sort lui sera réservé : il n’est en effet pas possible de concilier la « liberté d’avorter » avec le respect de la vie depuis la conception. Mais broutille que tout cela.

Élisabeth Borne a communiqué par ces mots, emphatiques : « Garantir la liberté des femmes. Toujours. » Isabelle Rome, ministre délégué en charge de l’Égalité, a elle aussi salué le « geste très fort de la France au monde entier », ce projet étant digne à ses yeux du « pays des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme ».

Tout ce petit monde bien-pensant se congratulait, comme si la nouvelle Terre promise se profilait enfin à l’horizon.

Sauf que le projet annoncé ne semble pas correspondre aux attentes de certaines féministes. En effet, le chef de l’État a précisé que cela se ferait « dans le cadre d’un projet de loi constitutionnelle » plus globale, et non via un texte spécifique.

Ainsi, la présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a alerté « solennellement » sur Twitter : « Ce serait le meilleur moyen pour le Président de faire échouer cette occasion historique, et il en porterait l’entière responsabilité. » Quant à la sénatrice EELV Mélanie Vogel, elle-même auteur d’un texte sur le sujet en octobre dernier, rejeté par le Sénat, elle a renchéri sur Twitter : « Le fait d’inclure l’inscription du droit à l’IVG dans un projet constitutionnel plus large, comportant des dispositions qui ne feraient pas consensus, est un non-sens démocratique. »

Dès le 8 mars, après ce début de polémique, l’Élysée a confirmé auprès du HuffPost que « ce sera dans le cadre d’un projet de loi constitutionnel d’ensemble élaboré dans une recherche de consensus à l’image de celui existant déjà sur la question de l’IVG » et que le terme « liberté » sera bien présent dans le texte. C'est là le hic, à gauche et chez les féministes, qui préféreraient voir les termes « droit à l'IVG » à celui de « liberté ».

Quoi qu’il arrive, ce projet semble se mordre la queue lui-même puisqu’au fond, il vise à empêcher toute pensée critique sur la question de l’avortement. Par ailleurs, qui dit « liberté » d’avorter dit également « liberté » d’y renoncer. Et là, visiblement, le sujet n'est pas d'actualité.

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12 mars 2023

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33 commentaires

  1. Tu ne tueras pas ton fils par Avortement ni ne tueras celui qui vient de naître ; en réalité, tout être humain formé ayant reçu l’âme de Dieu et fauché à la vie sera vengé, parce que injustement arraché à la vie » (VII : 2.3)

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