
Dans le journal L’Opinion de jeudi, Jean-Dominique Merchet a écrit : « Les quatre chefs d’état-major (armées, terre, air, marine) font savoir qu’en cas de baisse des crédits militaires, ils pourraient déposer leurs képis et leurs casquettes. »
Boulevard Voltaire me demande mon avis, puisque j’ai moi-même été chef de l’état-major de l’armée de terre de 1980 à 1983, et que j’ai démissionné, mutatis mutandis, pour des raisons similaires. Je ne souhaite cependant pas m’étendre sur le sujet.
D’abord, parce que la menace de démission semble avoir déjà été clairement brandie par les intéressés d’aujourd’hui à qui je n’ai pas de leçons à donner.
Ensuite, parce que mon expérience personnelle de 1983 (douloureuse pour moi, oh combien !) m’a prouvé que ce geste – s’il est individuel – ne sert à rien, sauf à se donner personnellement bonne conscience, à montrer aux subordonnés qu’on les soutient et à une infime partie de l’opinion qu’on est capable de sacrifier son sort personnel à l’intérêt de la communauté que l’on a en charge.
Moyennant quoi, le pouvoir nomme le lendemain à votre place quelqu’un qui a une vision différente des choses…
Au contraire, si la démarche était collective et appuyée par une partie notable des responsables de l’institution, elle prendrait un tout autre aspect – inédit – que je saluerais si elle était effective.
La parole est au pouvoir politique, car « cedant arma togae ».
25 mai 2014